Je m'attarde - Mot-clé - Nazisme le temps d'un souffle<br />2024-03-29T14:52:11+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearEn Angleterre occupée (It Happened Here), de Kevin Brownlow et Andrew Mollo (1966)urn:md5:4fed26d604461fc8a656fac1df4058e22023-10-18T14:57:00+02:002023-10-18T14:57:00+02:00RenaudCinémaAllemagneAngleterreGuerreInfirmièreIrlandeLondresNazismeOccupationRoyaume-UniSeconde Guerre mondialeStanley KubrickTony RichardsonUchronie <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/en_angleterre_occupee/en_angleterre_occupee.jpg" title="en_angleterre_occupee.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/en_angleterre_occupee/.en_angleterre_occupee_m.jpg" alt="en_angleterre_occupee.jpg, oct. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"The appalling thing about fascism is that you've got to use fascist methods to get rid of it."</strong></ins></span>
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<p>L'originalité d'un film comme <ins>It Happened Here</ins>, s'intéressant à l'uchronie d'une Allemagne nazie qui aurait réussi à envahir l'Angleterre en juin 1940, est redoublée par son contexte de production. Un projet qui s'étala sur huit années avec un budget rachitique, qui reposa sur des acteurs non-professionnels, qui bénéficia de l'aide de cinéastes professionnels comme <strong>Stanley Kubrick </strong>(pour des bouts de pellicules) ou <strong>Tony Richardson </strong>(pour un soutien financier), et qui à l'origine fut initié par un duo de réalisateurs alors âgés de... 18 et 16 ans. Et franchement, il y a de quoi être bluffé bien au-delà des approximations techniques et de la forme pas toujours gracieuse, dans la maturité du regard qui accompagne une infirmière irlandaise, arrivée à Londres après avoir fui son village, et dans son évolution en tant qu'infirmière dans un pays sous le joug d'une armée d'occupation.</p>
<p>Je crois qu'on peut qualifier l'absence de manichéisme pour ce film qui débuta à la fin des années 1950 d'assez extraordinaire. Le personnage principal de l'infirmière, Pauline, interprétée par une femme qui n'était pas actrice, se définit dans un premier temps au travers de sa navigation à vue, sans anticipation, avec d'un côté ceux qui pensent que la collaboration est la meilleure option et de l'autre ceux qui s'impliquent dans la résistance. C'est ainsi dans un premier temps un personnage qui s'intègre dans la structure d'une institution nazie, au sein d'une unité mobile de soin, sans idéologie particulièrement revendiquée, avant tout prise dans le tumulte de son temps et occupée par les vies à sauver, quelles qu'elles soient. Graduellement, une conscience émerge.</p>
<p>Il y a deux événements marquants dans <ins>En Angleterre occupée</ins>. Le premier, c'est une scène de débat entre plusieurs personnages, certains relativement apolitiques et d'autres frontalement nazis, ces derniers expliquant la supériorité de la race aryenne, les relations entre judaïsme et communisme, et tout ce à quoi on peut s'attendre de la part de personnalités aussi cramées du cerveau. Le problème, ou plutôt l'originalité, c'est que le rôle du nazi de service est confié à un véritable néo-nazi. Une scène glaçante évidemment, montrant un hitlérisme ordinaire, au malaise amplifié, qui fut d'ailleurs coupée au montage pendant très longtemps avant d'être réintégrée. Le second se situe dans un hôpital dans un coin de campagne anglaise, au calme, où Pauline a été réaffectée après avoir été accusée de tendances non-collaborationnistes. Un jour, un groupe d'ouvriers polonais est accueilli pour les soigner, tous étant atteints de tuberculose et nécessitant une vaccination. Pauline est chargée d'administrer le vaccin, mais sans qu'elle ne le sache, il y avait une autre substance dans les seringues... Une séquence tragique et effrayante.</p>
<p>On peut regretter que le film expédie aussi abruptement sa conclusion, les cinq dernières minutes étant aussi denses que précipitées et brouillonnes. Mais <ins>It Happened Here</ins> reste un film marquant, en décalage complet avec le reste des productions de l'époque (et au-delà) sur des thématiques similaires.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/en_angleterre_occupee/img1.jpg" title="img1.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/en_angleterre_occupee/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/en_angleterre_occupee/img2.jpg" title="img2.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/en_angleterre_occupee/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/en_angleterre_occupee/img3.jpg" title="img3.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/en_angleterre_occupee/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/en_angleterre_occupee/img4.jpg" title="img4.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/en_angleterre_occupee/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/En-Angleterre-occupee-de-Kevin-Brownlow-et-Andrew-Mollo-1966#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1258L'enfer est pour les héros (Hell is for Heroes), de Don Siegel (1962)urn:md5:2635dad62650346761b8bae4a96fe2482023-09-08T15:06:00+02:002023-09-08T14:08:34+02:00RenaudCinémaAllemagneArdennesDon SiegelEtats-UnisFranceGuerreJames CoburnMortNazismeObéissanceSacrificeSeconde Guerre mondialeSteve McQueen <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/enfer_est_pour_les_heros/.enfer_est_pour_les_heros_m.jpg" alt="enfer_est_pour_les_heros.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"You're a private, you don't give orders, you take them!"</strong></ins></span>
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<p>Le début des années 60 sonne l'heure pour <strong>Don Siegel </strong>de reprendre ce que le cinéma américain à petit budget a pu produire dans les années 50 sur le terrain de la Seconde Guerre mondiale vue de la perspective états-unienne et de le faire légèrement évoluer, dans une direction un peu moins conventionnelle et patriotique. Le cadre précis de <ins>Hell is for Heroes</ins>, situé en 1944, avec un groupe de GIs dans les Ardennes sur la ligne Siegfried qui se heurte à la résistance d'un blockhaus allemand, évoque par capillarité un chapelet de films du même genre. <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/J-ai-vecu-l-enfer-de-Coree-de-Samuel-Fuller-1951"><ins>J'ai vécu l'enfer de Corée</ins></a> (The Steel Helmet, 1951) de <strong>Samuel Fuller</strong>, <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Cote-465-de-Anthony-Mann-1957">Côte 465</a></ins> (Men in War, 1957) de <strong>Anthony Mann</strong>, <ins>Attack!</ins> (1956) de <strong>Robert Aldrich </strong>figurent parmi ceux-ci, avec grosso modo les mêmes contraintes budgétaires et les mêmes qualités de série B.</p>
<p>On est donc très loin du grand spectacle et des batailles spectaculaires, ainsi que du défilé interminable de célébrités comme dans <ins>Le Jour le plus long</ins> sorti la même année. Ici c'est manifestement le quotidien d'un groupe de soldats — les officiers sont quasiment absents — qui occupe le cœur des enjeux, d'abord à l'arrière dans une zone d'attente entre deux affectations, puis au front, sur une position qui se révèlera très dangereuse. L'argument principal du film porte sur le comportement de <strong>Steve McQueen</strong>, barbu et assez réticent aux ordres de la hiérarchie, un ancien commandant déclassé suite à une faute alcoolisée qui se retrouve au rang le plus bas à patauger dans la boue aux côtés de ses camarades (parmi lesquels on reconnaît entre autres <strong>James Coburn</strong>).</p>
<p><strong>McQueen </strong>est à la fois conforme à son image classique de discret et taiseux, avec son magnétisme habituel et sa désinvolture un peu convenue, et en même temps agrémenté d'une composante glaciale de machine à tuer qui n'attend qu'une chose, buter des méchants (nazis en l'occurrence). <strong>Don Siegel </strong>insiste un peu lourdement sur sa désobéissance, qui lui vaudra des menaces de cour martiale, mais qui sera également à l'origine d'un geste sacrificiel héroïque comme le genre nous en gratifie régulièrement. Malgré tous les défauts inhérents à la modestie du projet, avec les stéréotypes, le balisage de la narration et les oppositions attendues entre humour léger et horreur de guerre, il avance avec une concision et une sobriété souvent appréciables. Quelques séquences rehaussent l'ensemble, comme les trucs trouvés pour faire croire à l'ennemi que le petit groupe est plus conséquent (trafiquer une jeep pour en faire un tank, disposer des casiers à munitions et les remuer pour attirer l'attention des mitrailleuses) ou quelques moments de tension (la traversée d'un champ de mine de nuit).</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/enfer_est_pour_les_heros/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/enfer_est_pour_les_heros/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/enfer_est_pour_les_heros/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/enfer_est_pour_les_heros/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, août 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-enfer-est-pour-les-heros-de-Don-Siegel-962#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1222The Laughing Man, de Walter Heynowski et Gerhard Scheumann (1966)urn:md5:2fd3e3db053854f0d5278037029776402023-08-13T00:15:00+02:002023-08-13T00:15:00+02:00RenaudCinémaAllemagneCongoDocumentaireJournalismeMilitaireNazismeSeconde Guerre mondiale <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/laughing_man/.laughing_man_m.jpg" alt="laughing_man.jpg, juil. 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Müller au Congo : "for liberté, fraternité and all that, you know these sayings..."</strong></ins></span>
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<p>Le format du docu est on ne peut plus simple : <strong>Walter Heynowski </strong>et <strong>Gerhard Scheumann</strong>, deux journalistes en RDA, se font passer pour une chaîne télé ouest-allemande et interviewent à cette occupation <strong>Siegfried Müller</strong>, également connu sous le nom Kongo Müller — un officier allemand, ancien nazi ayant combattu dans la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale, puis comme chef d'un groupe de mercenaires engagé dans la guerre civile du Congo dans les années 60.</p>
<p>Le résultat est tout aussi clair : une heure durant, l'alcool aidant, l'homme raconte sans trop de retenue son parcours militaire et sa conception de la géopolitique du milieu du XXe siècle. Et c'est glaçant, car cet homme qui rit est un de ces personnages illustrant à merveille ces fois où la fiction dépasse allègrement la réalité, un militaire parfaitement à l'aise, suscitant presque une certaine sympathie si on n'écoute pas ce qu'il raconte et tous ses mensonges qui cachent péniblement des horreurs atroces — des inserts photos et des témoignages externes rajoutés au montage sont là pour établir cette triste vérité.</p>
<p>On est dans la droite lignée de ces films documentaires qui regardent en face ceux qui ont donné la mort, dans un style certes beaucoup moins élaboré (il s'agit d'un entretien très classique) : <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Act-of-Killing-de-Joshua-Oppenheimer-2013"><ins>The Act of Killing</ins></a> de <strong>Joshua Oppenheimer </strong>en 2013 sur un massacre indonésien et <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-armee-de-l-empereur-s-avance-de-Kazuo-Hara-1987">L'armée de l'empereur s'avance</a></ins> de <ins>Kazuo Hara </ins>en 1988 sur un incident macabre en Nouvelle-Guinée y sont étroitement liés. Fringant, posé, en toute décontraction, mis à l'aise par le procédé utilisé par <strong>Heynowski </strong>et <strong>Scheumann </strong>(dont la finalité m'échappe un peu je dois l'avouer), <strong>Müller </strong>nous narre tranquillement et jovialement ses faits d'armes. De manière non-chronologique, il évoque ses pérégrinations (comprendre : exactions) au Congo, son aspiration à un impérialisme occidental qu'il exprime comme la défense d'un système de valeurs (raciste, en l'occurrence, sur fond d'anti-communisme) partagé via l'OTAN, son soutien au régime d'apartheid sud-africain ("for liberté, fraternité and all that, you know these sayings...") et bien sûr sa carrière à travers les âges dans l'Allemagne nazie. À ce titre <ins>The Laughing Man</ins> offre une vision assez troublante de la continuité, jamais nommée ici, entre le nazisme déclinant et l'impérialisme occidental en expansion en Afrique au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.</p>
<p>Le visage de cet homme en tenue de l'armée congolaise, arborant la croix de fer qu'il a obtenue en 1945, parlant avec beaucoup d'affection de son camarade qu'on peut voir fièrement poser pour la photo avec des crânes, est vraiment terrible. D'autant que loin de se vanter des atrocités commises, il avance dissimulé derrière le voile mensonger d'actions prétendument pacifiques. Comme une excroissance émanant de l'échec de la dénazification, on n'est pas étonné qu'il fasse le lapsus Troisième Reich / RFA.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/laughing_man/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/laughing_man/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/laughing_man/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/laughing_man/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, juil. 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Laughing-Man-de-Walter-Heynowski-et-Gerhard-Scheumann-1966#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1211Le Bal des maudits, de Edward Dmytryk (1958)urn:md5:d7b790d7e6fc610667321f4a25fe17ae2023-06-26T20:00:00+02:002023-06-26T19:01:02+02:00RenaudCinémaAllemagneDean MartinEdward DmytrykEtats-UnisGuerreLee Van CleefMarlon BrandoMaximilian SchellMilitaireMontgomery CliftNazismeRacismeSeconde Guerre mondiale <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bal_des_maudits/.bal_des_maudits_m.jpg" alt="bal_des_maudits.jpg, juin 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Look, I've read all the books. I know that in 10 years we'll be bosom friends with the Germans and the Japanese. Then I'll be pretty annoyed that I was killed."</strong></ins></span>
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<p><ins>The Young Lions</ins> se meut dans l'espace cinématographique avec une pesanteur pas loin d'être pachydermique, le genre de film de guerre qui avance dans un jus particulièrement académique, orné d'une mise en scène très consensuelle. Mais cela étant dit, cela ne l'empêche pas d'exhiber certaines qualités. Dans son registre, on peut assez clairement affirmer qu'il s'agit du haut du panier et que tous les différents intervenants, scénaristes, acteurs, chefs opérateur, ont fait du mieux qu'ils ont pu dans l'espace qui leur a été laissé par les conditions de production.</p>
<p>Ce qui structure le plus cet académisme, sans connotation nécessairement péjorative, c'est cette narration parallèle suivant les parcours respectifs de trois personnalités très (trop) bien délimités : <strong>Marlon Brando </strong>en officier allemand vaguement apolitique de la Wehrmacht ayant beaucoup de considération pour l'honneur dans la guerre et à la fois désintéressé par les fous du nazisme et opportuniste dans ce que les nazis pourraient provoquer comme changement en Allemagne mais qui ne comprend pas grand-chose au conflit, <strong>Dean Martin </strong>envoyé de force au charbon qui n'était pas très volontaire pour risquer sa peau au combat, et <strong>Montgomery Clift </strong>en juif qui subit l'antisémitisme jusque dans les rangs de l'armée. Tout ça est extrêmement codifié, très scolaire et didactique par moments (notamment tout ce qui se passe du côté américain, avec une grosse séquence rédemption autour d'une rivière, très gros sabots), et tout le classicisme de la mise en scène ne peut rien y changer. Tout juste peut-on apprécier les apparitions de <strong>Maximilian Schell </strong>et <strong>Lee Van Cleef </strong>— pas instantanément reconnaissable sans sa moustache-spaghetti.</p>
<p>La structure en portraits croisés pousse le vice de la tragédie académique jusque dans le dénouement et dans la façon qu'ont les trois fils de se rejoindre, à la fin de la guerre, avec l'un des trois protagonistes tués par les deux autres, qui finira la tête dans le caniveau en bordure de forêt. Mais bon, les prestations de <strong>Brando</strong>, ça reste un péché mignon à titre personnel... Il arrive à donner corps à cette idée d'obéissance aux ordres qui ressemble à une foi, de plus en plus vacillante, même si sa progression psychologique reste très balisée. Comme autre bon point on peut relever la séquence dans un camp de concentration tout juste libéré, qui parvient à gérer avec sobriété ce traquenard poussif et délicat.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bal_des_maudits/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, juin 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bal_des_maudits/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, juin 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bal_des_maudits/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, juin 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bal_des_maudits/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, juin 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Bal-des-maudits-de-Edward-Dmytryk-1958#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1178La Dernière Étape, de Wanda Jakubowska (1948)urn:md5:54e1e1fcc469045346826f8bd6e15dee2022-02-22T14:59:00+01:002022-02-22T14:59:00+01:00RenaudCinémaCamp de concentrationCommunismeFemmeMikhaïl KalatozovNazismePologneRésistanceSeconde Guerre mondiale <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/derniere_etape/.derniere_etape_m.jpg" alt="derniere_etape.jpg, janv. 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Des femmes déportées<br /></strong></ins></span>
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<p>Difficile de rester insensible devant ce film-témoignage de <strong>Wanda Jakubowska</strong>, réalisatrice et résistante polonaise, adhérente du Parti communiste, qui finira internée dans le camp d'Auschwitz-Birkenau après avoir passé 6 mois dans la prison de Pawiak suite à son arrestation par la gestapo. La volonté de <strong>Jakubowska </strong>de réaliser un tel film remonte à ses premiers moments d'emprisonnement, et c'est en tant que rescapée d'Auschwitz qu'elle se lancera dans la réalisation de ce film, sur les lieux mêmes de l'horreur, seulement 2 ans après son évasion du camp de concentration. Cette force-là fait de <ins>La Dernière Étape</ins> une œuvre dont la portée est nécessairement unique, au-delà du fait qu'il s'agisse du premier film entièrement situé dans Auschwitz-Birkenau.</p>
<p>Si le film ne témoigne pas d'un talent de mise en scène hors du commun, et si son scénario n'est pas exempt d'écueils, il reste toutefois un témoignage intéressant sur la vie des femmes déportées dans sa première partie. Sans vraiment s'approcher du documentaire, le quotidien de ces femmes aux origines très différentes (et aux traitements tout aussi différents, en fonction de leurs origines et de leurs capacités linguistiques) est raconté avec un calme vraiment étonnant, sans excès, comme si <strong>Jakubowska </strong>bénéficiait d'un recul impensable en 1947 au moment du tournage. Les détails pragmatiques sont tous présents : l'arrivée des trains, l'appel dans les champs de boue, l'orchestre de camp contraint de jouer dans les pires moments, les sélections pour emmener des femmes aux chambres à gaz dont on perçoit les cheminées, etc.</p>
<p>La seconde partie est beaucoup plus orientée vers une tranche fictionnelle, gouvernée par une tonalité de propagande communiste avec ses personnages un peu stéréotypés. Autant dans la première partie on ressent sa volonté de ne pas montrer les aspects les plus morbides d'un camp de concentration (pas de tas de corps pour le dire crûment), autant la fiction de la seconde partie montre ses limitations en matière de dramaturgie — et ce malgré l'aval de <strong>Mikhaïl Kalatozov </strong>à l'encontre du gouvernement polonais. <ins>La Dernière Étape</ins> restera quoi qu'il en soit important pour son témoignage dans l'immédiateté, avec un casting entièrement polonais pour interpréter les différents rôles, prisonniers, kapos et SS.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/derniere_etape/.accueil_m.jpg" alt="accueil.jpg, janv. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/derniere_etape/.ruines_m.jpg" alt="ruines.jpg, janv. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/derniere_etape/.femmes_m.jpg" alt="femmes.jpg, janv. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/derniere_etape/.fin_m.jpg" alt="fin.jpg, janv. 2022" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Derniere-Etape-de-Wanda-Jakubowska-1948#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1031Went the Day Well?, de Alberto Cavalcanti (1942)urn:md5:dbfcf3339f280245cb8e2bd682f8d8b02021-04-17T11:53:00+02:002021-04-17T10:56:55+02:00RenaudCinémaAllemagneGuerreNazismePropagandeRoyaume-UniSeconde Guerre mondiale <p><img style="margin: 0 auto; display: block;" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/went_the_day_well/.went_the_day_well_m.jpg" alt="went_the_day_well.jpg, mar. 2021" title="went_the_day_well.jpg, mar. 2021" /></p>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Chronique de résistance imaginaire<br /></strong></ins></span></div>
<p>Film de propagande anglaise sorti en pleine Seconde Guerre mondiale, <ins>Went the Day Well?</ins> prend le parti original de raconter son histoire en flashback depuis un futur incertain mais proche, rassurant du point de vue d'une future victoire alliée, dans lequel l'Allemagne nazie aurait perdu la guerre. "<em>Old Hitler got what was coming to him</em>", dira le narrateur. Un personnage britannique rustique introduit le cadre de cette pure fiction (aucun fait réel n'y est associé, à la différence de beaucoup d'autres productions similaires) depuis un cimetière exhibant une stèle avec des noms à consonance germanique, et le flashback à suivre en expliquera la raison. Et la raison sera abordée très rapidement : 35 ans avant le film de <strong>John Sturges </strong><ins>L'aigle s'est envolé</ins>, le réalisateur brésilien <strong>Alberto Cavalcanti </strong>présentait pour la première fois le récit de ce détachement de parachutistes allemands déguisés en soldats britanniques qui envahissent un village fictif isolé de la campagne.</p>
<p>Pas de trace de <strong>Michael Caine </strong>ici, très peu de têtes connues d'ailleurs (<strong>Leslie Banks </strong>principalement), mais une faune dense de personnages pittoresques pour incarner les habitants du coin qui se retrouveront prisonniers. Le film est très étonnant dans le ton qu'il adopte, une forme de radicalité que l'on voit rarement à l'époque. Toute la première partie décrit la vie dans ce coin anglais avec une légèreté affichée, avec des personnages hauts en couleur, des enfants aux vieillards, des opératrices aux employés de la poste. On se croirait dans une comédie insouciante, qui évoluerait en dehors du cadre de la guerre, et ce même après que la révélation de l'identité des parachutistes allemands est révélée, tandis que les habitants accueillent avec joie ceux qu'ils prennent pour leurs protecteurs. Dans un second temps, les doutes apparaissent chez certains et on commence à questionner les motivations des nouveaux venus, à la faveur d'un score écrit au dos d'un télégramme avec des chiffres surprenants ou d'une tablette de chocolat viennois. Et quand le plan d'invasion du territoire sera clairement établi, avec tous les habitants constitués prisonniers, le film enclenchera encore une nouvelle ambiance : une violence frontale, sobre, presque silencieuse, qui éclaboussera brutalement la tranquillité des lieux.</p>
<p>"<em>Careless talk costs lives</em>", c'était l'objectif pédagogique et propagandiste du film à l'époque. Le sujet était déjà dans l'imaginaire collectif depuis un moment, et ce depuis la fin des années 30 avec la thématique de la cinquième colonne bien ancrée dans le cinéma — <ins>Saboteur</ins>, un film américain de <strong>Hitchcock</strong>, sort la même année et sera renommé Cinquième Colonne en France. <ins>Went the Day Well?</ins> est d'ailleurs marqué par une gestion intense du suspense, avec de nombreuses tentatives infructueuses pour s'échapper ou alerter l'extérieur, des morts froides et sèches parmi la population (la femme qui sauve des gosses en emportant une grenade vers la fin est d'une brutalité folle), et des actes de violence de la part de ces mêmes habitants tout aussi fous (on gardera bien en mémoire un certain coup de hache de la part de la responsable de la poste). Pas de place pour le mythe du résistant ou pour l'héroïsme triomphant ici.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/went_the_day_well/.espions_m.jpg" alt="espions.jpg, mar. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/went_the_day_well/.poste_m.jpg" alt="poste.jpg, mar. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/went_the_day_well/.pluie_m.jpg" alt="pluie.jpg, mar. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/went_the_day_well/.assaut_m.jpg" alt="assaut.jpg, mar. 2021" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Went-the-Day-Well-de-Alberto-Cavalcanti-1942#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/936La Chatte, de Henri Decoin (1958)urn:md5:9e8f931fa3afb1a37600f2c5209ecf692020-11-17T13:00:00+01:002020-11-17T13:00:00+01:00RenaudCinémaBernard BlierGuerreHenri DecoinNazismeOccupationRoger HaninRésistanceSeconde Guerre mondiale <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/chatte/.chatte_m.jpg" alt="chatte.jpg, oct. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Tension de résistance<br /></strong></ins></span></div>
<p>Il est assez tentant de comparer ce film signé <strong>Henri Decoin </strong>avec le plus réputé <ins>L'Armée des ombres</ins> que <strong>Jean-Pierre Melville </strong>réalisera dix ans plus tard, le rapprochement découlant de la proximité des thématiques de la France occupée, de la résistance, de la trahison et de la persécution. Si <ins>La Chatte</ins> est beaucoup moins connu et moins ambitieux, il n'en demeure pas moins intéressant dans le tableau très noir qu'il dresse de l'Occupation, des sacrifices consentis et de la tension permanente qui règne dans les rangs des résistants. Une tension qui se déplace par moments, de manière très surprenante dans ce contexte, sur le terrain de la sexualité.</p>
<p>Ces deux branches comportent pas mal de manifestations d'une certaine originalité. La noirceur de l'époque, si elle est en un certain sens évidente et acquise, est dépeinte dans toute sa sécheresse, sans emphase : on est vraiment dans le concret, le brut, la dureté des opérations clandestine nocturnes qui se découpent dans le clair de lune. En 1958, l'heure n'était vraisemblablement pas à l'esbroufe, à la virtuosité ou à l'hyperbole. Les morts sont brutales et rendues comme telles, sans excès ni dans un sens ni dans l'autre. Le film est à ce titre inspiré de l'histoire réelle de Mathilde Carré, qui opèrera activement au sein d'un réseau de résistance suite à la mort de son mari — elle a travaillé pour plusieurs services de renseignements, jouant un triple jeu, et a été condamnée après la libération de la France.</p>
<p><strong>Françoise Arnoul </strong>incarnerait presque une femme fatale dans un film noir, dont on retrouve étonnamment ici quelques codes. À commencer par la tension sexuelle qui règne dans quelques-unes de ses rencontres avec des officiers allemands ou des espions suisses : les nombreuses allusions en ce sens détonnent fortement avec la norme de l'époque. Dans les rangs de la résistance, on trouve <strong>Bernard Blier </strong>et <strong>Roger Hanin</strong>, et c'est le développement de la dynamique du groupe qui prime plutôt que les interactions avec le Suisse qui se tissent sur une romance et une trahison pas toujours très inspirées. Le final montrant les Allemands impuissants face à son intégrité et auteurs d'un coup bas particulièrement tragique achève d'envelopper le récit de son ambiance noire.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/chatte/.confrontation_m.jpg" alt="confrontation.jpg, oct. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Chatte-de-Henri-Decoin-1958#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/861