Je m'attarde - Mot-clé - Russie le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearPamir (Pamir, krisha mira / Roof of the world), de Vladimir Erofeyev (1928)urn:md5:c356ef1a5dc34b996b936abb17cf61622024-02-28T10:22:00+01:002024-02-28T10:25:01+01:00RenaudCinémaAllemagneCartographieDocumentaireEthnologieExplorationMontagneNeigeRussieScienceTadjikistan <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/pamir/pamir.jpg" title="pamir.jpg, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/pamir/.pamir_m.jpg" alt="pamir.jpg, févr. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Exploration précoce au Tadjikistan</strong></ins></span>
</div>
<p>De vieilles bobines abîmées par le temps agrémentées d'une piste sonore dissonante et anachronique qui vaut le détour pour la rareté du matériau autant que pour le sujet : une expédition russe et allemande montée pour aller explorer le massif alors inexploré du Pamir, point culminant de l'Union soviétique situé à l'est de l'actuel Tadjikistan ayant des ramifications jusqu'en Afghanistan, en Chine et au Kirghizistan. Le but de cette mission scientifique était de cartographier la région mais aussi de tenter l'ascension des sommets locaux (des cols à près de 6000 mètres d'altitude et des pics au-delà de 7000 mètres). Une très belle vieillerie à réserver toutefois aux amateurs de pépites antiques récemment déterrées.</p>
<p>Comme de nombreux documentaires de l'époque, au hasard <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Epopee-de-l-Everest-de-J-B-L-Noel-1924">L'Épopée de l'Everest</a></ins> de <ins>J. B. L. Noel</ins> (1924), une bonne partie est consacrée à une sorte d'étude ethnographique des populations locales croisées en chemin, tandis que l'expédition traverse rivières, montagnes et glaciers. De longs moments sont ainsi dédiés aux coutumes et à l'artisanat des groupes d'agriculteurs et d'éleveurs observés en toute sérénité, de la pratique de religions à la consommation d'opium. On devine ainsi la diversité de la mission qui comptait dans ses rangs des géologues, des ethnographes, des cinéastes, des alpinistes et divers chercheurs issus d'autres disciplines variées. Dans le style des documentaires d'exploration aux pôles comme <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/South-de-Frank-Hurley-1919">South</a></ins> de <strong>Frank Hurley</strong> (1919), le projet de l'exploration est présenté à l'aide d'une carte animée montrant les lieux traversés ainsi que la trajectoire prévue (et souvent adaptée aux imprévus), de Moscou jusqu'en Asie centrale, avec pour objectif l'établissement d'un camp de base à Och, au Kirghizistan actuel.</p>
<p>Une partie essentielle de ces voyages antédiluviens porte sur les préparatifs et les moyens de locomotion des vivres (à l'image de la très bonne série documentaire récente <ins>L'incroyable périple de Magellan</ins>), c'est-à-dire ici les centaines de chevaux et de chameaux réquisitionnés pour l'occasion. La partie ethnographique la plus saisissante est probablement celle qui s'intéresse à une tribu kirghize nomade et ses moyens de subsistance — essentiellement de la fabrication de produits laitiers à base de lait de chèvre et de jument, mais aussi la confection de vêtements ou la construction de yourtes, une communauté vivant en parfaite autonomie. À cette époque où la terre n'était pas cartographiée par satellite, ces gens partaient pendant des mois pour découvrir de nouveaux glaciers, s'improvisaient orpailleurs à 5000 mètres d'altitude, et partaient à la rencontre de populations sur lesquelles ils n'avaient aucune information a priori. </p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/pamir/img1.png" title="img1.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/pamir/.img1_m.png" alt="img1.png, févr. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/pamir/img2.png" title="img2.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/pamir/.img2_m.png" alt="img2.png, févr. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/pamir/img3.png" title="img3.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/pamir/.img3_m.png" alt="img3.png, févr. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/pamir/img4.png" title="img4.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/pamir/.img4_m.png" alt="img4.png, févr. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/pamir/img5.png" title="img5.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/pamir/.img5_m.png" alt="img5.png, févr. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Pamir-de-Vladimir-Erofeyev-1928#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1359Slava, de Pierre-Henry Gomont (2023)urn:md5:197e2ae69d5a0e4f471b3850a35008e92023-10-25T20:15:00+01:002023-10-26T14:34:26+01:00GillesLectureArtBande-dessinéeChuteIndustriePieds nickeléspost-soviétiqueRussieTragicomédieURSS <p><img class="media-center" src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/LIVRES/.Slava-Pierre-Henry-Gomont_m.jpg" alt="" /></p>
<p><strong>Pierre-Henry Gomont</strong> est au<span> scénario, au dessin et aux couleurs de</span><span> <ins>Slava</ins> qui se déroule dans la Russie des années 1990. Les deux premiers tomes de cette série qui en comptera trois - <ins>Après la chute</ins> (2022) et <ins>Les nouveaux russes</ins> (2023) - sont exquis. Le dessin m'évoque celui de<strong> Christophe Blain</strong> dans le diptyque <ins>Quai d'Orsay</ins> que j'ai souvent relu pour me marrer, cependant le coup de crayon est un cran au-dessus à mes yeux de néophyte en bande dessinée.</span></p>
<p>Slava Segalov et son ami Dimitri Lavrine profitent de toutes les opportunités qu'offre la chute de l'URSS pour tenter de s'enrichir, en pillant par exemple les
anciens sites industriels et autres bâtiments soviétiques. Slava, jeune artiste peintre, montre des scrupules à agir de la sorte tandis que son acolyte Lavrine ne fait aucun cas de conscience, voire même redouble d'imagination pour escroquer son prochain sans distinction de classe, que ce soient des petits gens ou de dangereux oligarques.</p>
<p><img class="media-center" src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/LIVRES/.Slava-Pierre-Henry-Gomont-T2_m.jpg" alt="" /></p>
<p>Le comique côtoie le tragique et la violence précède la douceur. L'auteur use d'une panoplie de procédés comiques qu'il manie avec brio pour nous offrir une tragicomédie savoureuse. Il croque ses personnages comme les situations, cela se voit dans les dessins et cela point dans les dialogues aux accents parfois politiques comme cet extrait d'une interview de l'auteur en fait écho.</p>
<blockquote><p>Je ne suis pas nostalgique de ces régimes (période du communisme), car j’ai eu conscience
immédiatement que cette idéologie a été dévoyée. Néanmoins, que de
telles forces, qui ont échoué politiquement, puissent structurer une
société socialement était passionnant. L’organisation de la vie
quotidienne était guidée par cette idée d’égalitarisme et de
communautarisme. Les citoyens se sont accaparés ces principes et on ne
comprend rien si on ne sait pas comment la chute du régime soviétique a
été à ce point mal vécue là-bas.
</p>
<p>Pendant ce voyage, j’ai vu quotidiennement ce sentiment de
déclassement, y compris chez les jeunes qui n’avaient pas connu le
régime de l’URSS. Il y a un hiatus très fort entre ce que nous avons
perçu de cette fin et leur perception à eux. Nous rapportons leur
histoire à notre propre modèle en imaginant la liberté retrouvée, la
démocratie, sauf que les Russes ont le sentiment qu’on a retiré la
puissance d’un État fort et reconnu pour ne la remplacer par rien du
tout. Le livre <em>La fin de l’homme rouge</em>, de Svletana Alexievitch [<em>2013, publié chez Actes sud en 2016, ndlr</em>] montre cette complexité. Le désir de s’enrichir ne suffit pas pour organiser une société.</p>
<p><a href="https://www.unidivers.fr/pierre-henry-gomont-bande-dessinee/" title="Extrait d'un interview lors du festival Quai des bulles, à Saint-Malo">Extrait d'une interview intéressante lors du festival Quai des bulles, à Saint-Malo</a>. </p>
</blockquote>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Slava-Pierre-Henry-Gomont#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1277Guerre et Paix (Война и мир, Voïna i mir), de Sergueï Bondartchouk (1967)urn:md5:41309557633c8174cb1a53b1e5a74f202023-10-17T18:12:00+02:002023-10-17T18:12:00+02:00RenaudCinémaAristocratieFranceFresqueFroidGuerreLéon TolstoïMortMoscouNapoléonNeigeRomanceRussieTrahison <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/guerre_et_paix/guerre_et_paix.jpg" title="guerre_et_paix.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/guerre_et_paix/.guerre_et_paix_m.jpg" alt="guerre_et_paix.jpg, oct. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Querelles sentimentales feutrées et boucherie des champs de bataille</strong></ins></span></div>
<p><ins>Guerre et Paix</ins> de <strong>Sergueï Bondartchouk</strong>, c'est en quelque sorte la version soviétique, en couleur et parlant du pharaonique <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Napoleon-de-Abel-Gance-1927">Napoléon</a></ins> d'<strong>Abel Gance</strong>, une fresque historique aussi épique qu'immense, et dans le même temps une sorte de revanche pour l'URSS en pleine Guerre froide (il reçut l'Oscar du film étranger) sur l'adaptation américaine un peu falote de <strong>King Vidor </strong>sortie une dizaine d'année plus tôt. On le présente souvent comme une orgie technique en avançant des arguments-massues, des centaines de milliers de figurants directement prélevés dans les rangs de l'armée rouge, des scènes de batailles dantesques qui durent près d'une heure, des costumes réalisés par milliers par des musées, une durée de tournage / montage de quatre ans, ou encore un budget démentiel qui s'élèverait à 100 millions de dollars de l'époque (soit 700 millions d'aujourd'hui), même si ces chiffres sont contestés et pourraient être en réalité 10 fois moindre. Mais cela pourrait très bien relever, il faut oser l'écrire, du détail : ce qui frappe en premier lieu dans ce film, à mes yeux, c'est cette vision typiquement russe de l'histoire, multipliant les personnages sans jamais quitter un point de vue très distant et extérieur aux drames qui se nouent devant la caméra, qu'ils surviennent dans les intérieurs dorés de l'aristocratie moscovite ou sur les champs de bataille ensanglantés jonchés de cadavres.</p>
<p>Près de sept heures de film, agréablement découpées en 4 parties, cela a de quoi intimider — à titre personnel, il m'aura fallu 6 ans pour oser m'y lancer et deux jours pour en venir à bout. L'ampleur de la fresque historique est monumentale, étalée sur deux décennies au début du XIXe siècle, et centrée sur la campagne napoléonienne de Russie, sur l'invasion française de l'empire russe, des succès de la France qui se soldent par la prise de Moscou jusqu'au harcèlement de la Grande Armée pendant la retraite française. Au-delà des parties qui le composent, on peut segmenter <ins>Guerre et Paix</ins> en deux grands mouvements : les séquences en intérieur, avec les mondanités aristocratiques, ses grands bals dégageant un faste et une opulence sans comparaison, ses petits scandales récurrents, et le destin de plusieurs familles fortunées déchirées par la guerre ; puis les séquences en extérieur, en grande partie dévolues à des reconstitutions de batailles renversantes, impressionnantes par l'immensité de leurs décors autant que par leur caractère immersif et chaotique — c'est là qu'il faut reconnaître que oui, en effet, les centaines de milliers de figurants font la différence, l'horizon est saturé de bataillons, avec des mouvements de foule à perte de vue, l'artillerie s'en donne à cœur joie, les combats font rage sur des kilomètres carrés, les charges des régiments de cavalerie sont incroyables, il y a seulement quelques duels à la baïonnette qui manquent un peu de vigueur.</p>
<p>Si presque toutes les séquences ayant trait aux combats armés sont convaincantes, il n'en est pas de même pour les épisodes plus intimes, entre amours, amitiés, déceptions, trahisons. Sans pouvoir juger personnellement la qualité de l'adaptation du roman de <strong>Tolstoï</strong>, on peut avoir le sentiment d'un abus de gros plans sur le magnifique visage de <strong>Lioudmila Savelieva </strong>en pleurs, la comtesse Natalia, avec ses yeux d'un bleu abyssal, de même qu'il y a tout de même une certaine obstination dans le jeu très (très) affecté de <strong>Sergueï Bondartchouk </strong>lui-même dans le rôle de Pierre Bezoukhov. Malgré tout il reste une finesse dans les descriptions psychologiques et une diversité dans les thématiques abordées on ne peut plus appréciables, quand bien même la démesure du lyrisme sur sept heures pourrait éreinter. La voix off permet de distiller agréablement le texte de <strong>Tolstoï</strong>, mais peut aussi se transformer par endroits en d'ennuyeux monologues, contrepoids parfois un peu maladroits aux tourments existentiels des personnages principaux.</p>
<p>Le film regorge en outre de tableaux apocalyptiques, dans le froid mortel des plaines sibériennes comme dans les flammes de Moscou dévasté après le passage des troupes françaises. Le formalisme russe conserve une part d'émerveillement conséquente, même passé à travers la machine académique d'une production de cette envergure. En matière de combats phénoménaux qui confinent au surréaliste, je crois bien que cette reconstitution de la bataille de la Moskova (ou Borodino) est la chose la plus sidérante que j'aie vue, avec des envolées lyriques qui pourraient être reliées qu'un <strong>Sokourov </strong>n'aurait pas renié (avec notamment de nombreuses séquences en grand angle multipliant les distorsions optiques sur les bords, accentuant ci et là l'horreur sur les visages). Difficile par ailleurs de ne pas voir quelques allusions directes à <strong>Gance</strong>, avec par exemple quelques plans composés sous la forme de triptyques horizontaux. Au-delà des références, cette adaptation de <ins>Guerre et Paix</ins> est aussi exigeante, de par l'implication qu'elle demande, qu'elle est gratifiante dans son impétuosité pour raconter un morceau de l'histoire russe.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/guerre_et_paix/img1.jpg" title="img1.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/guerre_et_paix/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/guerre_et_paix/img2.jpg" title="img2.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/guerre_et_paix/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/guerre_et_paix/img3.jpg" title="img3.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/guerre_et_paix/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/guerre_et_paix/img4.jpg" title="img4.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/guerre_et_paix/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/guerre_et_paix/img5.jpg" title="img5.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/guerre_et_paix/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/guerre_et_paix/img6.jpg" title="img6.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/guerre_et_paix/.img6_m.jpg" alt="img6.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/guerre_et_paix/img7.jpg" title="img7.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/guerre_et_paix/.img7_m.jpg" alt="img7.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/guerre_et_paix/img8.jpg" title="img8.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/guerre_et_paix/.img8_m.jpg" alt="img8.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/guerre_et_paix/img9.jpg" title="img9.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/guerre_et_paix/.img9_m.jpg" alt="img9.jpg, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Guerre-et-Paix-de-Serguei-Bondartchouk-1967#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1257Le capitaine Volkonogov s'est échappé (Kapitan Volkonogov bezhal), de Natalia Merkoulova et Alexeï Tchoupov (2022)urn:md5:4a86d73a745b681294769724a028c3b22023-10-09T11:22:00+02:002023-10-09T10:26:20+02:00RenaudCinémaChasse à l hommeFuitePardonPersécutionPolicePolitiquePurgesRussieRédemptionRépressionStalineTortureTotalitarisme <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/capitaine_volkonogov_s-est_echappe/.capitaine_volkonogov_s-est_echappe_m.jpg" alt="capitaine_volkonogov_s-est_echappe.jpg, sept. 2023" class="media-center" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>S'évader du NKVD <br /></strong></ins></span>
</div>
<p><ins>Le capitaine Volkonogov s'est échappé</ins> est un film de coulisses portant sur une thématique bien connue, et c'est cette dimension-là de captation à la marge qui en constitue l'argument principal à mes yeux. Les coulisses des grandes purges staliniennes de la fin des années 1930, juste avant le début de la Seconde Guerre mondiale, vues à travers les yeux d'un membre de la police politique (le NKVD) précisément en charge de la mise en œuvre de cette répression — arrestations, interrogatoires, torture, exécution. <strong>Natalia Merkoulova </strong>et <strong>Alexeï Tchoupov </strong>ont eu l'excellente idée de ne pas se lancer dans un réquisitoire trop évident sur l'horreur frontale mais plutôt de suivre le point de vue très subjectif de Volkonogov, hier tortionnaire et aujourd'hui victime du régime, dans sa fuite. Il en résulte un film original, dans l'environnement décrit, au plus près des hommes en rouge du Service de sécurité nationale, et un film haletant, dans l'échappée immersive d'un capitaine se sachant condamné, au creux d'un microcosme façonné par les persécutions politiques et leurs conséquences.</p>
<p>C'est annoncé assez tôt dans l'intrigue : la fuite prendra la forme d'une quête de rédemption pour le protagoniste, frappé d'une vision lui révélant que pour l'absoudre de ses crimes, il devra affronter le regard des familles des personnes qu'il a torturées et obtenir leur pardon. Le trait est un peu épais mais il a le mérite d'être annoncé clairement plutôt que de se cacher dans un coin, et cette configuration permet de se confronter nous aussi, aux côtés de Volkonogov, aux séquences répétées au cours desquelles il va présenter ses excuses. L'effet d'annonce, au sens où on sait qu'il va parcourir les fiches de renseignement du dossier qu'il a volé et se confronter à différentes situations difficiles, fonctionne vraiment très bien et nourrit une tension parallèle à celle de sa propre fuite.</p>
<p>Une fois la chasse à l'homme lancée, le film se structure ainsi autour de ces rencontres qui se succèdent entre un ancien bourreau (devenu proie) et des proches de personnes exécutées par le régime policier totalitaire. Il faut reconnaître à <strong>Youri Borissov </strong>un talent manifeste dans la composition du rôle-titre, partagé entre la peur, le traumatisme, la ténacité et la révélation quasi-mystique, et aux auteurs un talent formel incroyable dans la confection d'une ambiance graphique crédible et prenante. Les confrontations se déroulent dans des lieux à chaque fois très différents, et la première d'entre elles fait partie des plus marquantes — une séquence dans une morgue, au fond d'une cave, en compagnie d'une ancienne médecin. Il y a quelque chose d'indélébile dans ces séquences qui recherchent des petits bouts d'humanité au sein d'une déshumanisation par définition, doublé d'un sentiment tragique de pardon impossible.</p>
<p>Il y a aussi un équilibre persistant dans les rues de Léningrad transformée en ville-fantôme, avec d'un côté une inclination réaliste qui ne nous épargne pas quelques moments de violence crue et de l'autre côté cette dimension symbolique, allégorique, dans la recherche du pardon de la part d'un Sisyphe errant machinalement d'un parent de victime à un autre. La structure narrative est émaillée de flashbacks relativement brefs, alimentant souvent un climat froid et angoissant, qui portent sur des épisodes de la vie de Volkonogov, un épisode de torture (sans esbroufe, en appuyant juste comme il faut) par-ci, une démonstration de mise à mort (un peu trop appuyée dans sa tonalité glaciale à mon goût, avec les victimes qui défilent froidement comme du bétail, en miroir de la séquence finale) par-là.</p>
<p>Il ne faut donc pas rechercher dans <ins>Le capitaine Volkonogov s'est échappé</ins> une reconstitution précise, historique et exhaustive d'un système totalitaire, mais plutôt une sorte de tableau expressionniste partagé entre des visions d'horreur et des répétitions presque comiques, le film n'étant pas avare en humour noir — il faut voir Volkonogov réitérer ces "votre proche a été exécuté, il lui a été appliqué des méthodes spécifiques", comme une déformation professionnelle, suivi d'un laconique "pouvez-vous s'il vous plaît me pardonner ?", dans un état de faiblesse et d'apathie maximales. En résulte un voyage temporel et sensoriel, poisseux et étouffant, insistant sous certains aspects (qui se révèleront plus ou moins comme des entraves à l'appréciation) mais qui en tous cas m'a vigoureusement saisi.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/capitaine_volkonogov_s-est_echappe/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/capitaine_volkonogov_s-est_echappe/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/capitaine_volkonogov_s-est_echappe/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, sept. 2023" />
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/capitaine_volkonogov_s-est_echappe/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/capitaine_volkonogov_s-est_echappe/.img6_m.jpg" alt="img6.jpg, sept. 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-capitaine-Volkonogov-s-est-echappe-de-Natalia-Merkoulova-et-Alexei-Tchoupov-2022#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1249Le Quarante et unième, de Grigori Tchoukhraï (1956)urn:md5:b4c41612257de925b0e532a3a2e7fe772023-08-03T09:46:00+02:002023-08-04T05:38:21+02:00RenaudCinémaDésertGrigori TchoukhraïGuerreGuerre civileIleKazakhstanOuzbékistanPoésiePrisonnierRomanceRussieTempête <div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quarante_et_unieme_1956/.quarante_et_unieme_m.jpg" alt="quarante_et_unieme.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quarante_et_unieme_1956/.quarante_et_uniemeB_m.jpg" alt="quarante_et_uniemeB.jpg, juil. 2023" />
</div>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>La rouge et le blanc, en couleurs</strong></ins></span></div>
<p>Il y a très peu de surprise, du point de vue du schéma narratif, pour qui a déjà vu <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Quarante-et-unieme-de-Yakov-Protazanov-1927">la première adaptation</a> de la nouvelle de <strong>Boris Lavrenev</strong> en 1927 par <strong>Yakov Protazanov</strong>. Même si ce remake de <strong>Grigori Tchoukhraï </strong>fut réalisé quelques années après la mort de Staline, toutes les composantes qui unissent les bolchéviques et les tsaristes (et qui de ce fait éloignent le film des idéaux propagandistes traditionnels) étaient déjà présentes dans les années 20 du côté de la littérature et du cinéma soviétiques. Tout juste peut-on éventuellement observer que les affrontements entre les deux camps au sein de la guerre civile russe sont moins prononcés ici, en 1956, puisque le film démarre avec une troupe de soldats de l'armée rouge errant dans le désert de Karakorum, une introduction présentée comme une mission de reconnaissance et non comme une fuite suite à un combat perdu.</p>
<p>L'histoire reste inchangée : une seule femme appartient au groupe, elle est tireuse d'élite et cumule quarante morts du côté adverse, et au cours du dernier assaut un prisonnier est capturé. Un lieutenant de la garde blanche d'une importance toute particulière puisqu'il était censé convoyer des informations secrètes. Le blanc et la rouge se retrouveront, au terme d'un périple à travers le désert puis d'un naufrage au large de la mer d'Aral, isolés sur une île paradisiaque.</p>
<p>La grande évolution se situe en revanche du côté de la mise en scène, puisqu'on abandonne le muet en noir et blanc pour voir défiler des images d'une beauté frappante, en tons pastel typiques du procédé Sovcolor (un brevet soviétique fut déposé en 1946). Le rendu confère au récit une dimension totalement surréaliste, en altérant certaines couleurs et en exacerbant certaines autres, avec des pigments ressortant de manière très vives (le rouge, au hasard). Il en résulte une esthétique somptueuse qui met en valeur les différents éléments, le sable du désert, le bleu du ciel, de la mer et des yeux du prisonnier, ou encore les teintes rougeoyantes d'un feu de camp. L'occasion également pour le chef opérateur de <strong>Mikhaïl Kalatozov</strong>, <strong>Sergueï Ouroussevski</strong>, de s'adonner à de nombreux plans d'une rare beauté, avec des surimpressions renversantes (le visage de l'héroïne par-dessus lequel s'imprime des flammes et des étoiles, comme un hommage au cinéma muet) et des compositions qui brûlent la rétine autant qu'elles installent une ambiance unique, presque lunaire.</p>
<p>Le récit n'est sans doute pas à la hauteur de celui de l'autre film célèbre de <strong>Grigori Tchoukhraï</strong>, le magnifique <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Ballade-du-soldat-de-Grigori-Tchoukhrai-1959">La Ballade du soldat</a></ins> : si la naïveté de l'ensemble peut être accepté dans le cadre d'un mélodrame romantique, il y a tout de même quelques segments manquants dans la continuité psychologique qui font naître quelque chose d'étrange dans l'évolution des rapports entre les deux ennemis, avec quelques facilités d'écriture (comme le coup de fusil final) qui ne sont plus aussi facilement acceptables que dans l'écrin du muet. Mais bon sang, ne serait-ce que pour cette vision du paradis perdu dans la dernière partie du film, dans cette enveloppe graphique irréelle, <ins>Le Quarante et unième</ins> version 1956 est un somptueux coup d'éclat.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quarante_et_unieme_1956/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, juil. 2023" />
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Quarante-et-unieme-de-Grigori-Tchoukhrai-1956#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1203Le Quarante-et-unième, de Yakov Protazanov (1927)urn:md5:dd292c77edb3c52802c40d21ecb682012023-06-28T17:38:00+02:002023-06-28T16:42:30+02:00RenaudCinémaCinéma muetDésertGuerreGuerre civileIleKazakhstanOuzbékistanPoésiePrisonnierRomanceRussieTempête <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quarante-et-unieme/.quarante-et-unieme_m.jpg" alt="quarante-et-unieme.jpg, juin 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>La rouge et le blanc</strong></ins></span></div>
<p>Avant de s'attaquer au remake plus connu de <strong>Grigori Tchoukhrai</strong>, petite plongée dans la version muette originale de cette romance soviétique placée sous le sceau de l'amour impossible en temps de guerre. Le cadre est posé très rapidement, sans fioriture : l'ancien Empire russe est en plein déchirement, la guerre civile bat son plein, et un petit groupe de soldats bolchéviques se retrouve encerclé par l'armée fidèle au régime tsariste. Seule solution : fuir à travers le désert du Karakorum, une option qui semble a priori n'offrir qu'une mort alternative (en l'absence de stock d'eau et de nourriture) et seulement repoussée d'un certain temps, étant données les conditions drastiques de survie dans ces contrées hostiles.</p>
<p>C'est dans cette région d'Asie centrale, quelque part entre les actuels Kazakhstan et Ouzbékistan, que se noue une relation bien singulière entre une tireuse d'élite de l'armée rouge et un officier blanc — ce dernier aurait dû être la 41ème victime de la snipeuse, au moment où elle le rate et où il est fait prisonnier, c'est comme si le titre constituait un immense spoiler vis-à-vis de la suite, mais peu importe. Tout le film se tourne alors vers les sentiments contradictoires qui animent les deux personnages, qui se retrouveront isolés sur une île déserte à la Robinson Crusoé suite à une tempête en pleine mer d'Aral — à l'époque, une des plus grandes étendues lacustres du monde, mais dont la superficie a été annihilée au XXIe siècle.</p>
<p><ins>Le Quarante-et-unième</ins> joue essentiellement sur toutes les divergences qui peuvent émerger d'une telle association, un homme prisonnier contraint de cohabiter avec une femme héroïne de guerre, un blanc contre une rouge, un officier issu de l'aristocratie tsariste et une soldate bolchévique n'ayant que peu de capital culturel (elle se fera bien chambrer sur ses capacités limitées en matière de poésie). Il va même jusqu'au bout de son portrait de femme sûre de ses idéaux, puisqu'au dernier moment elle ne faiblira pas dans la mission qui lui avait été confiée. Seul vrai regret, dommage qu'il n'existe pas encore de restauration de ce film pour rendre hommage aux qualités esthétiques qu'on pressent derrière ces paysages désertiques et ces compositions typiquement soviétiques.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quarante-et-unieme/.img1_m.png" alt="img1.png, juin 2023" />
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Quarante-et-unieme-de-Yakov-Protazanov-1927#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1174La Bête de guerre, de Kevin Reynolds (1988)urn:md5:8a11ae7cea39c4a6e0c33bf08d436eb32023-03-13T09:48:00+01:002023-03-13T09:50:46+01:00RenaudCinémaAfghanistanDésertEtats-UnisGuerreGuerre d AfghanistanMoyen-OrientRussieTank <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bete_de_guerre/.bete_de_guerre_m.jpg" alt="bete_de_guerre.jpg, mars 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"What if I kill your brother and you came for Badal, revenge? And I ask for Nanawateh? — Then I would be obligated to feed, clothe and protect you. — That's incredibly civilized."</strong></ins></span>
</div>
<p>La (première) guerre d'Afghanistan vue par une caméra américaine au travers de l'équipage d'un char soviétique à la fin des années 80, voilà qui constitue les prémices d'un film assez fou, bizarre, original, non dénué de gros défauts mais doté d'une consistance toute particulière a posteriori. Un film rare à plus d'un titre, à commencer par ce regard depuis une puissance impérialiste (les États-Unis) sur une autre puissance impérialiste (la Russie), critiquant ouvertement l'oppression d'une population afghane par des ennemis étrangers littéralement 15 ans avant qu'elle se lance dans le même schéma guerrier. C'est sidérant, d'un point de vue historico-cinématographique, et tout à tour drôle et tragique selon la perspective adoptée.</p>
<p>Bon personnellement je passe sur la dimension de film d'action, même si l'idée de faire le point focal sur un char russe perdu dans les plaines d'Afghanistan est séduisante en théorie. <ins>The Beast</ins> tombe dans le travers classique de ces films qui pensent qu'on peut estomper une caricature en produisant dans le même espace une caricature du camp opposé : non, ça n'en fait pas quelque chose de moins manichéen, mais plus simplement quelque chose de doublement manichéen (et ici en l'occurrence, les occurrences sont très abondantes). On pourra apprécier cela étant dit la volonté de montrer qu'il y a des "fous" et des "gentils" des deux côtés, chose sans doute surhumaine et impensable pour ce cinéma — songeons un instant à <ins>Rambo III</ins> sorti la même année... Mais tout de même : le cliché du commandant du tank dégénéré et sanguinaire, ça va 5 minutes.</p>
<p>Ce qui est très drôle, en revanche, c'est que la première séquence montre la destruction d'un village par une armée de chars, en explicitant toute l'horreur de la chose au moyen des dispositifs classiques du cinéma états-unien (explosions, meurtres, actes barbares, femmes en pleurs) : l'espace d'un instant, si l'on ne sait pas de quoi il s'agit, on pourrait croire que c'est un pamphlet du XXIe siècle contre l'invasion américaine... À la différence près qu'on montre ici des gens plus proches du commandant Massoud que du mollah Omar bien évidemment. Tout cela étant dit, les grossièretés du type "regarde mon gros canon phallique" et la débilité de la plupart des personnages ont globalement raison des qualités du film, à commencer par sa description sans concession de la violence de la guerre (avec par exemple écrasement d'homme sous les chenilles d'un char, ça ne laisse pas indifférent). La rébellion de l'intellectuel russe contre son char aurait pu aussi être un peu plus étoffée, et la scène finale à forte consonance christique (le héros hélitreuillé avec son long fusil-cadeau en croix) en fait un peu trop, au-delà de la photogénicité de la séquence.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bete_de_guerre/.img1_m.png" alt="img1.png, mars 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bete_de_guerre/.img2_m.png" alt="img2.png, mars 2023" />
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Bete-de-guerre-de-Kevin-Reynolds-1988#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1132