Je m'attarde - Mot-clé - Strip-tease le temps d'un souffle<br />2024-03-29T08:45:23+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearLenny, de Bob Fosse (1974)urn:md5:7027f2fff557ccae310c2f210273d7642023-11-29T14:44:00+01:002023-11-29T14:44:00+01:00RenaudCinémaBiopicBob FosseComédieContre-cultureDrogueDustin HoffmanEtats-UnisHypocrisieJalousieLenny BrucePolitiqueProcèsSatireStrip-teaseSubversionValerie Perrine <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/lenny.jpg" title="lenny.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/.lenny_m.jpg" alt="lenny.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Good thing we nailed him."</strong></ins></span>
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<p>Impossible de ne pas penser à l'autre célèbre film américain racontant les pérégrinations d'un comique subversif largement incompris en son temps qui acquit une notoriété conséquente à la fin de sa vie : <ins>Man on the Moon</ins>, de <strong>Miloš Forman</strong>, consacrée à la vie d'<strong>Andy Kaufman</strong>. J'avais jugé sans doute un peu trop vite <strong>Bob Fosse </strong>sur la base d'un <ins>Cabaret</ins> englué dans la fadeur d'une comédie dramatique arborant un académisme ronflant (avis extrêmement minoritaire, les tomates pourries sont juste-là), car il montre une facette radicalement différente avec ce biopic sur <strong>Lenny Bruce</strong>, un comique très controversé des années 60. Du bienfait du surpassement des préjugés...</p>
<p>En réalité, même si les thèmes des deux films cités sont très proches, la structure et le contenu diffèrent sensiblement. Là où <strong>Forman </strong>narrait tout le contexte, la vie en marge des numéros de <strong>Kaufman </strong>pour illustrer à quel point les deux se nourrissaient mutuellement, <strong>Fosse </strong>adopte une narration en flashbacks post-mortem, avec une mise en scène sous la forme d'un faux documentaire interviewant une poignée de proches (sa femme, sa mère, et son manager) pour tisser des passerelles avec des épisodes passés montés de manière pas toujours chronologiques, <ins>Lenny</ins> s'autorisant quelques allers-retours entre plusieurs époques.</p>
<p>Le contexte est même sans doute un peu plus fertile ici : le cadre posé est celui de l'Amérique puritaine du début des années 1960, c'est-à-dire les 50s encore mal dégrossies qui pèsent de tout leur poids sur la norme morale d'alors — qui n'a pas fondamentalement changé depuis, en ce qui concerne les mécanismes de l'hypocrisie en matière d'obscénités admissibles à la télévision en direct— et qui interdisent l'utilisation de mots comme "cocksucking" sous peine de poursuites pénales. L'occasion de scènes très drôles d'ailleurs, lorsque d'une part Lenny essaie de faire dire le mot interdit au président du tribunal en première instance, et d'autre part lorsque les témoins se trouvent obligés de les prononcer pour faire leur récit des événements (avec en prime une répétition par le greffier). En creux, le film de <strong>Bob Fosse </strong>entend montrer à quel point l'attention se sera portée sur la forme, le recours à des termes grossiers, tout en oubliant largement le fond des critiques portées par les discours très satiriques de Lenny.</p>
<p><ins>Lenny</ins> est rythmé par les punchlines, sans doute un peu trop même si on peut allègrement puiser dans les dialogues pour trouver son bonheur (une facile mais efficace, au sujet de la religion chrétienne et de la responsabilité de la mort de Jésus "Good thing we nailed him when we did, because if we had done it within the last 50 years, we'd have to contend with generations of parochial schoolkids with little electric chairs hanging around their necks"). Y figurent le <strong>Dustin Hoffman </strong>des grands jours, c'est-à-dire plutôt celui de <ins>The Graduate</ins> que celui de <ins>Tootsie</ins>, ainsi que la très convaincante <strong>Valerie Perrine </strong>dans le rôle de sa femme strip-teaseuse, à l'origine d'un matériau conséquent en matière d'analyse du couple, de la jalousie, et de l'émancipation à deux. C'est un film intéressant aussi parce qu'il n'hésite pas un instant à montrer les contradictions à l'œuvre qui sous-tendent tous ses numéros, et qui ose mettre en scène un long show raté de Lenny en intégralité, vers la fin de sa carrière, avant sa mort par overdose de morphine. Évocation d'une figure de la contre-culture qui pourrait être à l'origine du stand-up, qui se fait parfois un peu trop poussive dans ses logorrhées acides répétées, mais qui évite soigneusement les écueils classiques de l'hagiographie pour esquisser un portrait partiel, pluriel, féroce et stimulant.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/img1.jpg" title="img1.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/img2.jpg" title="img2.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, nov. 2023" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Lenny-de-Bob-Fosse-1974#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1293Meurtre d’un bookmaker chinois, de John Cassavetes (1976)urn:md5:0c7136e0d624dfe6c1d6945c62d12ace2020-04-16T19:10:00+02:002020-04-16T18:14:47+02:00RenaudCinémaBen GazzaraFilm noirJohn CassavetesSolitudeStrip-tease <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_d-un_bookmaker_chinois/.meurtre_d-un_bookmaker_chinois_m.jpg" alt="meurtre_d-un_bookmaker_chinois.jpg, avr. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Go Go Tale</strong></ins></span>
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<p>Si on reconnaît très vite le style de <strong>Cassavetes</strong>, dans les mouvements de caméra ou dans la fameuse non-action pseudo-documentaire des acteurs en grande partie en improvisation, il y a de quoi rester surpris devant le niveau d'intelligibilité de cette histoire. Je dis ça sans mauvaise arrière pensée, car d'autres films comme <ins>Un enfant attend</ins> ou <ins>Gloria</ins> adoptaient le même niveau de lecture sans être du tout aussi efficaces, et d'autres comme <ins>Opening Night</ins>, <ins>Faces</ins>, et compagnie étaient bien plus diffus et obscurs dans leur sens instantané sans pour autant être inaudibles sur le long terme. La chose qui apparaît comme une évidence, quoi qu'il en soit, c'est la présence et la prestance de <strong>Ben Gazzara</strong>, vraiment remarquable dans le portrait qu'il offre de ce patron d’une boîte de strip-tease criblé de dettes.</p>
<p>L'entrée dans l'univers n'est pas des plus aisées. L'étirement de ces scènes où rien ne semble se passer, le travail de déchiffrage quasiment constant auquel il faut s'adonner... Autant d'obstacles pour qui s'attend à une narration traditionnelle — mais après tout, on est chez <strong>Cassavetes</strong>, on est censé être prévenu a priori. On pénètre dans une sorte de microcosme envoûtant, en baignant constamment dans une forme d'expectative agréable, à la faveur d'une ambiance nocturne très 70s. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'on a là une captation documentaire des lieux, mais il se dégage une identité très forte des personnages et de leurs interactions. Et soudain, le film s'embarque dans la veine du film noir revisité, contre toute attente, toujours dans ce style visuel hésitant en apparence, à la fois rempli de détails mais dépouillé sous certains autres aspects plus classiques. <strong>Ben Gazzara </strong>parvient à retranscrire un mal-être difficilement descriptible, tiraillé entre son tempérament de papa poule, ses ambitions, et son spleen.</p>
<p>Si on peut instinctivement penser au film de <strong>Ferrara </strong><ins>Go Go Tales</ins> (sorti en 2008 : au-delà de cet anachronisme de parcours de visionnage, il y a fort à parier que <strong>Ferrara </strong>se soit inspiré de <strong>Cassavetes </strong>pour écrire l'histoire autour du personnage de <strong>Willem Dafoe</strong>), pour la connexité des thèmes, l'atmosphère occupe ici une place beaucoup plus importante, bien plus mise en avant, comme emprisonnée dans une fausse continuité (l'action se déroule sur 3 ou 4 jours) de la nuit. Un écrin très beau, captivant, pour enfermer la fuite à demi suicidaire de son protagoniste, embarqué dans une impasse qu'il est le seul à ne pas voir.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_d-un_bookmaker_chinois/.ben_m.jpg" alt="ben.jpg, avr. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Meurtre-d-un-bookmaker-chinois-de-John-Cassavetes-1976#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/759