Je m'attarde - Mot-clé - The Doors le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearHommage à Ray Manzarekurn:md5:dadb997d006541d322757ccb2dc95add2013-05-23T11:52:00+02:002023-05-05T09:47:13+02:00RenaudMusiqueNécrologieRockThe Doors <p><strong>Ray Manzarek</strong>, génie musical des <strong>Doors</strong> dont les solos d'orgue hanteront encore longtemps les mémoires, aura mis 42 ans pour rejoindre <strong>Jim Morrison</strong>. Il a pris à son tour « l’autoroute qui mène au bout de la nuit » telle qu'elle est décrite dans le morceau <em>End Of The Night</em> : un coup extrêmement dur au moral...</p>
<p> Ci-dessous, une version endiablée de <em>Light My Fire</em> extraite d'un concert en Europe en 1968.</p>
<div id="centrage"> <iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/E_Y2HFU4D7o" frameborder="0" allowfullscreen></iframe> </div>
<blockquote><p>Riders on the storm<br />
Riders on the storm
<br />Into this house we're born
<br />Into this world we're thrown
<br />Like a dog without a bone
<br />An actor out alone
<br />Riders on the storm<br /><br />Extrait de <em>Riders on the storm</em> (<a title="http://www.youtube.com/watch?v=6PJdFkNRRwY" href="http://www.youtube.com/watch?v=6PJdFkNRRwY">écouter ce chef-d'œuvre ici</a>), sur l'album <ins>L.A. Woman</ins> (1971).</p>
</blockquote>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/hommage_a_ray_manzarek/manzarek.jpg" title="manzarek.jpg"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/hommage_a_ray_manzarek/.manzarek_m.jpg" alt="manzarek.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="manzarek.jpg, mai 2013" /></a>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Hommage-a-Ray-Manzarek#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/215The Hitcher, de Robert Harmon (1986)urn:md5:7ac3133515658a2a7d818c22c195169b2013-01-01T19:53:00+01:002013-01-13T21:29:06+01:00RenaudCinémaDésertEtats-UnisPsychopatheRoad-tripRutger HauerSolitudeSérie BThe DoorsThriller <p><img title="the_hitcher.jpg, déc. 2012" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="the_hitcher.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/hitcher/.the_hitcher_m.jpg" /></p>
<p><ins>The Hitcher</ins> est un film américain réalisé par <strong>Robert Harmon</strong> en 1986. Il a fait l'objet d'un — mauvais — remake en 2007, sous la houlette de <strong>Dave Meyers</strong>.<br />
Jim Halsey, un jeune américain originaire de Chicago, traverse les États-Unis en voiture jusqu'à San Diego, en Californie. Fatigué par cette longue route monotone (mais par ailleurs très évocatrice, en référence à <ins>Sur la Route</ins>, de <strong>Jack Kerouac</strong>, chroniqué <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Sur-la-Route-de-Jack-Kerouac">ici</a> par <strong>Clément</strong>), évitant de justesse un accident en plein désert, il décide de prendre quelqu'un en stop. Ce personnage sombre et mystérieux, un certain John Ryder, s'avèrera être un redoutable psychopathe...</p>
<div id="centrage"><img title="auto_stoppeur.jpg, déc. 2012" alt="auto_stoppeur.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/hitcher/.auto_stoppeur_m.jpg" /><em><br />Un pauvre auto-stoppeur sous la pluie...</em></div>
<p>Il s'agit du deuxième film dans lequel jouent <strong>Jennifer Jason Leigh</strong> (Nash, une fille rencontrée en cours de route par Jim, aka <strong>C. Thomas Howell</strong>) et <strong>Rutger Hauer</strong> (John Ryder, l'auto-stoppeur psychopathe) après le désormais culte dans son genre <ins>La Chair et le Sang</ins>, réalisé par <strong>Paul Verhoeven</strong> en 1985. <strong>Rutger Hauer</strong> avait déjà tenu des rôles inquiétants (le cardinal Roark dans <ins>Sin City</ins>, de <strong>Frank Miller</strong> et <strong>Robert Rodriguez</strong>, et surtout le célèbre <em>réplicant</em> « Roy Batty » dans <ins>Blade Runner</ins>, de <strong>Ridley Scott</strong>), des rôles envoûtants (comme celui du sculpteur bohème de <ins>Turkish Délices</ins>, ou <em>Turks fruit </em>en V.O., de <strong>Verhoeven</strong>), ou même des rôles insignifiants (une apparition dans le <ins>Batman Begins</ins> de <strong>Christopher Nolan</strong>, et dans pas mal d'autres films de <strong>Verhoeven</strong>). Mais ici, il pousse le concept de la terreur encore un peu plus loin, le psychopathe qu'il incarne faisant preuve d'un parfait sadisme et d'un jusqu'au-boutisme effrayant. Sa relation pour le moins ambiguë avec Jim participe de cette atmosphère pesante, et chacune de ses nombreuses apparitions glace le sang.</p>
<p><img title="rutger_hauer.jpg, déc. 2012" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="rutger_hauer.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/hitcher/.rutger_hauer_m.jpg" /></p>
<div id="centrage"><em>Un duel épique entre <strong>Rutger Hauer</strong> (ci-dessus) et <strong>C. Thomas Howell</strong> (ci-dessous).</em></div>
<p><img title="jim.jpg, déc. 2012" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="jim.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/hitcher/.jim_m.jpg" /></p>
<p>Le scénario est signé <strong>Eric Red</strong> ; il déclara que l'histoire lui fut inspirée par la chanson des <strong>Doors</strong> <em>Riders on the Storm</em>. Quand on songe au film réalisé par <strong>Morrison</strong>, <ins>An American Pastoral</ins> (en filigrane du documentaire de <strong>Tom DiCillo</strong>, cf. <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/When-You-re-Strange-de-Tom-DiCillo-2010">le billet correspondant</a>), la filiation devient évidente. Le désert américain y tient une place de choix, symbolique, tour à tour magnificence et oppression de la nature, théâtre du duel opposant John Ryder à Jim Halsey. Malgré l'immensité de ses étendues, le désert semble être une prison pour le protagoniste qui subit les assauts répétés du psychopathe. On notera le parallèle avec le premier (et seul vraiment bon) <ins>Mad Max</ins>, de <strong>George Miller</strong>, autre film exaltant l'hystérie frénétique d'une lutte gratuite sur des routes ensanglantées — et sorti 7 ans plus tôt. Cette gratuité vient renforcer l'identité mystérieuse de Ryder (dont on ne saura absolument rien), consacrant la terrifiante omnipotence de ce personnage magnétique et destructeur.<br />En définitive, <ins>The Hitcher</ins> a beau traîner son lot de casseroles (des incohérences et des absurdités éparses), il n'en reste pas moins un très bon thriller de série B, sobre, efficace, rigoureux, et qui semble se bonifier avec le temps.</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Hitcher-de-Robert-Harmon-1986#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/188When You're Strange, de Tom DiCillo (2010)urn:md5:99047f4be42b12090e63ed25c54a01fe2012-09-10T07:38:00+02:002012-09-15T17:44:05+02:00RenaudCinémaBiopicDocumentaireGuerre du VietnamJim MorrisonJohnny DeppRockThe DoorsWilliam Blake <p><img title="when_youre_strange.jpg, juil. 2012" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="when_youre_strange.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/when_youre_strange/.when_youre_strange_m.jpg" /></p>
<blockquote><p>« If the doors of perception were cleansed, everything would appear to man as it is, infinite. »<br />
(« Si les portes de la perception étaient purifiées, chaque chose apparaîtrait à l'homme comme elle est, infinie. »)</p>
<p><ins>Le Mariage du Ciel et de l'Enfer</ins>, <strong>William Blake</strong>, 1793.</p>
</blockquote>
<p><ins>When You're Strange</ins> est un film documentaire américain réalisé en 2010 par <strong>Tom DiCillo</strong>. À la différence du biopic <ins>The Doors</ins> d'<strong>Oliver Stone</strong> de 1991, très correct mais qui avait la fâcheuse tendance de faire de <strong>Jim Morrison</strong> (sous les traits du remarquable <strong>Val Kilmer</strong>) un demi-dieu sur Terre imperméable au monde qui l'entoure <a name="stone_back" href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/When-You-re-Strange-de-Tom-DiCillo-2010#stone">(1)</a>, le film de <strong>DiCillo</strong> semble prendre de la hauteur. Grâce à la nature même de l'œuvre — documentaire et non fictionnelle —, il prend le recul suffisant pour replacer l'histoire incandescente du personnage dans le contexte du groupe dans son ensemble. Bien sûr, les <strong>Doors</strong> n'auraient <em>jamais</em> existé sans <strong>Jim Morrison</strong>, a.k.a <em>Mr Mojo Risin'</em> (superbe anagramme issue de l'album <ins>L.A. Woman</ins> et de la chanson éponyme) ; mais ils n'auraient pas fini la moitié de leurs concerts si <strong>John Densmore</strong>, <strong>Robby Krieger</strong> et <strong>Ray Manzarek </strong>n'étaient pas là pour assurer, en soutien, quand leur leader disparaissait dans les délires qui construisirent sa réputation sulfureuse. <strong>Morrison </strong>se rêvait poète et artiste total ; il se trouva, pour beaucoup, rock star et sex-symbol.</p>
<div id="centrage"> <img title="morrison1b.jpg, sept. 2012" alt="morrison1b.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/when_youre_strange/.morrison1b_s.jpg" /> <img title="morrison2.jpg, sept. 2012" alt="morrison2.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/when_youre_strange/.morrison2_s.jpg" /> <span style="font-size: 9pt;"><img title="morrison3.jpg, sept. 2012" alt="morrison3.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/when_youre_strange/.morrison3_s.jpg" /><br />Jim Morrison, timoré puis sulfureux puis... bouffi. </span></div>
<p>Le film déroule des images d'archive (interviews, extraits de concerts, enregistrement en studio), inédites pour beaucoup d'entre elles, lui conférant un intérêt certain même pour les plus fins connaisseurs du groupe (dont je pense faire partie, sans prétention aucune), tant sur leur musique que sur leur histoire. La narration est assurée par <strong>Johnny Depp</strong>, fan incontesté du groupe qui avait déjà témoigné une certaine inclination dans <ins>Dead Man</ins>, (film de <strong>Jim Jarmusch</strong> <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Dead-Man%2C-de-Jim-Jarmusch-%281995%29">chroniqué ici</a>), où la poésie des <strong>Doors</strong> côtoyait celle du poète britannique <strong>William Blake</strong> <a name="blake_back" href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/When-You-re-Strange-de-Tom-DiCillo-2010#blake">(2)</a>. Il nous conte ainsi la carrière des Doors, de la genèse du groupe jusqu'à la fin prématurée du mythe <strong>Morrison</strong>, mort à Paris le 3 juillet 1971 <a name="mort_back" href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/When-You-re-Strange-de-Tom-DiCillo-2010#mort">(3)</a>, et il la restitue dans le contexte important des années 1960 (puritanisme américain, guerre du Vietnam, mouvement hippie, lutte pour les droits civiques, etc.). En fil rouge, le film réalisé par <strong>Jim Morrison</strong> <em>himself </em>en 1970 apporte une dimension et une consistance toute particulière au film. Certains sont toutefois restés sceptiques, arguant que <strong>Tom DiCillo</strong> voulait à tout prix s'échapper de la forme documentaire en imitant par ce biais la « liberté » de son fameux sujet.</p>
<blockquote><p>« Some are born to sweet delight /Some are born to the endless night »<br />(« Certains naissent pour le délice exquis / Certains naissent pour la nuit infinie »)<br /><br /><strong>William Blake</strong>, extrait du poème <ins>Auguries of Innocence</ins>, magnifié par les <strong>Doors </strong>sur leur premier album dans la chanson <ins>End Of The Night</ins>.</p>
</blockquote>
<p>Au final, <ins>When You're Strange</ins> est un très bon documentaire qui évite les écueils du film d'<strong>Olivier Stone</strong>. <strong>Morrison </strong>n’apparaît pas seulement comme un prince séduisant le jour et un ange déchu la nuit, ambivalence assez réductrice qui ne retranscrivait absolument pas la complexité du personnage. On apprécie aussi l'importance accordé à l'histoire de <strong>Paul A. Rothchild</strong>, producteur et stabilisateur des <strong>Doors</strong> jusqu'à <ins>L.A. Woman</ins>, où il céda sa place à <strong>Bruce Botnick</strong> (par ailleurs ingénieur du son) suite à un désaccord avec le groupe. Le détail des crédits des chansons permet aussi de bien comprendre l'évolution des rapports au sein du groupe, tour à tour fusionnel et déchiré, et montre bien la contribution de chacun des membres à la réussite brillante de la formation.<br />Si l'on devait reprocher une seule chose au film, ce serait le manque global de perspicacité de ses commentaires. On les aurait aimés plus percutants, peut-être moins chronologiques et anecdotiques, car il se pourrait bien qu'un non-initié puisse passer un peu à côté de la puissance créatrice du groupe et de <strong>Morrison</strong>.</p>
<blockquote><p>« To some, Jim was a poet, his soul trapped between heaven and hell. To others, he was just another rock star who crashed and burned. But this much is true - you can't burn out if you're not on fire. »<br />(« Pour certains, Jim fut un poète, l'âme prise au piège entre le ciel et l'enfer. Pour d'autres, il ne fut qu'une star du rock de plus qui finit par tomber et brûler. Mais une chose est certaine : vous ne pouvez vous consumer que si vous brûlez. »)<br /><br /><strong>Johnny Depp</strong>, dans <ins>When You're Strange</ins>, de <strong>Tom DiCillo</strong>.</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/when_youre_strange/.doors_m.jpg" alt="Film Review When Youre Strange" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Film Review When Youre Strange, sept. 2012" /></p>
<span style="font-size: 9pt;"><a name="stone">(1)</a> À ce sujet, voilà ce que déclara <strong>Robby Krieger</strong> à propos du film d'<strong>Olivier Stone</strong> : « I think when you see the Oliver Stone movie – I'm amazed how good Val Kilmer did – but, you know, the problem with that movie is that the script was kind of stupid. It doesn't really capture how Jim was at all. This [en parlant du film de <strong>Tom DiCillo</strong>] gives you a much better insight into how his mind worked, I think. » Patch, Nick. "Krieger Interview". The Canadian Press. June 30, 2010.<a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/When-You-re-Strange-de-Tom-DiCillo-2010#stone_back"> (retour)</a><br />
<a name="blake">(2)</a> <strong>Jim Morrison</strong> était d'ailleurs passionné par la poésie de <strong>William Blake</strong>, dont l'un des recueils est à l'origine (probable) du nom du groupe. <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/When-You-re-Strange-de-Tom-DiCillo-2010#blake_back">(retour)</a><br />
<a name="mort">(3)</a> La sobriété avec laquelle est traitée la mort de Jim Morrison dans ce film est tellement appréciable... <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/When-You-re-Strange-de-Tom-DiCillo-2010#mort_back">(retour)</a><br /></span>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/When-You-re-Strange-de-Tom-DiCillo-2010#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/143Dead Man, de Jim Jarmusch (1995)urn:md5:0c0695c52f4de0ebbe46a10d3da227302011-09-13T20:45:00+02:002011-12-03T17:05:07+01:00RenaudCinémaAmérindiensJim JarmuschJim MorrisonJohnny DeppNeil YoungPoésieThe DoorsWesternWilliam Blake <p><img title="dead_man.jpg, sept. 2011" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="dead_man.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dead_man/.dead_man_m.jpg" /></p>
<p><ins>Dead Man</ins>, c'est l'histoire de l'ingénu <strong>William Blake</strong>, un drôle de comptable qui traverse les États-Unis pour rejoindre la ville de Machine, et où il espère occuper un poste au sein de l'entreprise de métallurgie d'un certain John Dickinson. Manque de bol, la place est déjà prise, et le cauchemar commence. « Bill », qui a investi toutes ses économies dans le voyage après la mort de ses parents, enchaîne les rencontres loufoques et les situations improbables en compagnie d'un Indien amateur de poésie qui se fait appeler « Nobody ».</p>
<p>Qu'on se le dise, le synopsis de ce film qu'on pourrait qualifier de <a href="https://www.je-mattarde.com/?post/Des-westerns-plut%C3%B4t-atypiques">western</a> n'a aucun intérêt. Couchés sur cette page (électronique, de surcroît), cet enchaînement de mots n'a guère plus de sens que la critique VSD d'un album des <strong>Clash</strong>. La beauté du texte, de l'image et du son est telle qu'il serait vain — voire criminel — de prétendre retranscrire chacune d'entre elles fidèlement ici. J'essaierai donc simplement de vous faire partager mon exaltation...</p>
<p>Tout d'abord, le texte. De la poésie à l'état pur.<img title="nobody.jpg, sept. 2011" style="float: right; margin: 0 0 0.1em 1em;" alt="nobody.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/public/RENAUD/CINEMA/dead_man/.nobody_s.jpg" /> Fort des références à <strong>William Blake</strong> (le personnage interprété par <strong>Johnny Depp</strong> porte le même nom), poète britannique « halluciné » du XVIII-XIXème siècle et au groupe mythique <strong>The Doors</strong>, porté par la puissance poétique des textes de <strong>Jim Morrison</strong>, <ins>Dead Man</ins> acquiert une dimension onirique inégalée, véritable invitation au voyage. Nobody (<strong>Gary Farmer</strong>), aussi appelé « He Who Talks Loud, Saying Nothing », fût rejeté par ses pairs (un peu comme Bill) alors qu'il était adolescent et tomba amoureux des écrits de <strong>William Blake</strong> lors de son exil en Angleterre. Ce comptable est, de manière évidente pour lui, la réincarnation du poète de son enfance ; et comme il semble avoir perdu la mémoire (peut être une séquelle liée au passage d'une vie à l'autre, qui sait), il lui rappelle sa propre prose, entre deux « <em>Stupid fucking white man!</em> » : </p>
<blockquote><p>Some are born to sweet delight / Some are born to the endless night <br />(Certains naissent pour le délice exquis / Certains pour la nuit infinie)<br /><br />William Blake, extrait du poème « Auguries of Innocence », magnifié par les Doors sur leur premier album dans la chanson « End Of The Night »</p>
</blockquote>
<p>Puis l'image. Un noir & blanc parfait, aiguisé comme une lame de rasoir. « Chaque image de ce film est une photo magnifique » me disait un ami (photographe à ses heures perdues). Plus je regarde ce film, plus j'approuve, la photo se bonifiant avec le temps et les visionnages de plus en plus attentifs. Le piqué est vraiment impressionnant, avec une netteté et un contraste savamment dosés, c'est un vrai régal pour les yeux.</p>
<p>Et le son. Les quelques riffs de <strong>Neil Young</strong> parsemés ça et là électrisent le film. Leur puissance est proportionnelle à leur sporadicité. Ils marquent les temps forts en brisant le calme apparent de scènes qui semblaient interminables — ce dernier point constituant à coup sûr le principal obstacle pour les personnes incapables de s'adonner à la dégustation. Les silences qui suivent font le reste du travail...</p>
<p>Enfin,<img title="iggy_pop.jpg, sept. 2011" style="float: right; margin: 0 0 0.1em 1em;" alt="iggy_pop.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dead_man/.iggy_pop_s.jpg" /> on peut signaler la présence remarquée de pas mal d'étranges seconds rôles. <strong>Steve Buscemi</strong>, qui fait vraiment de la figuration en barman au début du film. <strong>John Hurt</strong> et <strong>Robert Mitchum</strong> (son dernier film), deux personnages patibulaires particulièrement affreux, avec une mention spéciale au second, toujours prêt à sortir son fusil avant de discuter. <strong>Billy Bob Thorton</strong> (assez convainquant dans <ins>The Barber, The Man Who Wasn't There</ins> (2001) des frères <strong>Coen</strong>) et <strong>Iggy Pop</strong> (qu'on retrouvera dans une séquence de <ins>Coffee and Cigarettes</ins> en 2003), mémorable en vagabond travesti soucieux de sa bible et de ses haricots.</p>
<p><strong>Jim Jarmusch</strong> (<ins>Down By Law</ins> (1986), <ins>Coffe and Cigarettes</ins> (2003), <ins>Broken Flowers</ins> (2005), <ins>The Limits of Control</ins> (2009)) nous plonge dans un récit cauchemardesque, incongru, et in fine métaphysique. On voyage avec <strong>William Blake</strong> entre la vie et la mort, dans un humour noir omniprésent (cf. la scène finale), bercé par des images splendides. On en sort totalement apaisé, à l'image du héros dans la barque à la fin de son périple, guidé par les courants tranquilles vers de nouveaux horizons.</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Dead-Man%2C-de-Jim-Jarmusch-%281995%29#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/32