Je m'attarde - Mot-clé - Thriller le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearRequiem pour un massacre (みな殺しの霊歌, Minagoroshi no reika), de Tai Katō (1968)urn:md5:ce719360f7ba38e0a21d9e96b0a6b7592024-02-15T09:59:00+01:002024-02-15T10:01:09+01:00RenaudCinémaAssassinatEnquête policièreJaponMakoto SatôSuicideTai KatōThrillerTueur en sérieViolence <div id="centrage"><a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/requiem_pour_un_massacre_A.png" title="requiem_pour_un_massacre_A.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/.requiem_pour_un_massacre_A_m.png" alt="requiem_pour_un_massacre_A.png, févr. 2024" /></a> <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/requiem_pour_un_massacre_B.jpg" title="requiem_pour_un_massacre_B.jpg, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/.requiem_pour_un_massacre_B_m.jpg" alt="requiem_pour_un_massacre_B.jpg, févr. 2024" /></a> </div>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"The cycle of divine punishment must be fulfilled."</strong></ins></span>
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<p><ins>Requiem pour un massacre</ins> (rien à voir avec <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Requiem-pour-un-massacre-de-Elem-Klimov-1985">le célèbre film de <strong>Elem Klimov</strong></a> ), aussi connu sous son titre international "I, the Executioner", est un excellent représentant — bien que très méconnu — de ce que le cinéma japonais des années 60 pouvait produire de conséquent en matière de film âpre, violent, extrêmement stylisé avec des contrastes tranchants en noir et blanc, et d'une noirceur presque tétanisante. <strong>Tai Katō </strong>s'embarque dans un thriller à la croisée des genres suivant un tueur en série dont l'identité ne sera à aucun moment cachée, et dont les intentions autant que les déséquilibres constitueront à la fois les enjeux, le mystère et l'intérêt principal de l'intrigue.</p>
<p>La première séquence est un concentré de fureur brutale, montrant l'assassinat sauvage d'une femme par un inconnu qui la force à inscrire le nom de quatre autres femmes sur un bout de papier. L'inconnu, c'est <strong>Makoto Satô</strong>, une gueule rare vue chez <strong>Kurosawa </strong>ou <strong>Teruo Ishii</strong>, et si rien ne nous est dissimulé du meurtre et des personnages, on ignore totalement le contexte et l'origine de la frénésie morbide qui anime le tueur. Une séquence d'introduction servie dans toute sa crudité, sans précaution, avant le générique, forcément marquante (une violence qui limite le visionnage à un public averti) et qui instaurera directement un climat austère et angoissant, en écho avec les autres à venir... Car le meurtrier en veut à cinq femmes pour une raison précise qui sera révélée tardivement, en lien avec le suicide d'un adolescent de 16 ans.</p>
<p>Si l'on est initialement aussi dérouté que semblent l'être les policiers en charge de l'enquête, à la différence près que l'on suit en presque totale omniscience les agissements du tueur, c'est en premier lieu la nature hybride du film qui frappe. Un thriller qui fera peser la révélation le moment venu, on le sent assez rapidement, mais surtout une variation un peu étrange de film noir qui s'approcherait d'un proto-giallo en version japonaise tout en mettant en scène un anti-héros se prenant pour un agent de la justice divine à l'œuvre dans un Japon dépravé d'après-guerre — il le dira explicitement lui-même : "The cycle of divine punishment must be fulfilled".</p>
<p>Au final le lien qui existe entre le suicide de l'adolescent et la folie meurtrière qui sème des corps mutilés de femmes sur son chemin, s'il constitue le centre de la trame scénaristique, se révèle beaucoup moins intéressant et prenant que le renversement sous-jacent opéré sur des valeurs traditionnelles. Les policiers l'avoueront à demi-mot : s'il était question du viol d'une jeune fille, ils ne se poseraient de question et condamneraient promptement la chose en la prenant très au sérieux. Mais comme il s'agit d'un garçon, leur lecture instinctive tend dangereusement vers la partie de plaisir inopinée, vers la réalisation d'un fantasme, et au final quelque chose qui ne mériterait presque pas d'investiguer. On ne mesure sans doute pas l'ampleur du discours à l'échelle de la société en question (le Japon des années 1960), mais il conserve une très large part d'universalité, en s'appuyant sur les statistiques en matière de violences sexuelles qui rendent difficiles pour certains, a minima peu naturel pour tous, l'appréciation d'une victime masculine. Cela n'empêche pas <strong>Tai Katō </strong>de faire le portrait d'un tueur misogyne (visions en ce sens plus classique au cinéma), investi d'une mission presque surnaturelle, concernant des faits et des personnes qui ne le concernaient pas, et se transformant en un mélange de juge, jury et bourreau dont le point d'orgue se matérialisera à l'écran à la faveur d'une incandescence aveuglante et très marquante.</p>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Requiem-pour-un-massacre-de-Tai-Kato-1968#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1350The Killer, de David Fincher (2023)urn:md5:feafa3c7728e74b6914be24d32bf046b2023-11-30T12:08:00+01:002023-11-30T12:09:02+01:00RenaudCinémaAssassinatDavid FincherDésillusionHumour noirMichael FassbenderSala BakerThe SmithsThrillerTilda SwintonTueur à gagesVengeance <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/killer.jpg" title="killer.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/.killer_m.jpg" alt="killer.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Fate is a placebo. The only life path, the one behind you."</strong></ins></span>
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<p>Un <strong>Fincher </strong>majeur, ce n'est pas pour demain, il faudra s'y faire. Mais des films comme <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Gone-Girl-de-David-Fincher-2014">Gone Girl</a></ins> (2014) laissent malgré tout un peu d'espoir, on guette le coup d'éclat, encore. <ins>The Killer</ins> ne donne pas l'impression d'avoir des ambitions débordantes, malgré quelques dispositions qui finissent par être un peu encombrantes — l'influence de <strong>Melville </strong>avec <ins>Le Samouraï</ins> paraît indissociable, les quatre phrases que <strong><span><span>Michael Fassbender </span></span></strong>répètent comme un mantra ("Stick to your plan / Anticipate, don’t improvise / Trust no one / Fight only the battle you’re paid to fight"), la répétition de certains motifs comme les trajets en avion, les changements d'identité, le réseau capitaliste de marques qui bordent son chemin, et in fine cette voix off très envahissante qui ne compense pas toujours élégamment le mutisme du personnage suivi. Même le recours à la musique des <strong>Smiths </strong>se fait un peu obsessionnelle et peu constructive.</p>
<p>Mais la série B reste pourtant de qualité, <strong>Fincher </strong>n'est pas un tâcheron, il a abandonné sa lubie d'auteur qui irriguait <ins>Mank</ins> et se concentre sur un thriller sec en cherchant à explorer quelques zones originales. Ce qui est drôle, c'est que <strong>Fincher </strong>nous fait croire à un portrait de professionnel du métier, un tueur expert qui nous bassine pendant 20 minutes sur les détails de son mode de fonctionnement en introduction (à grand renfort de citations qui claquent un peu trop ostensiblement, comme "<em>Of the many lies told by the U.S. military-industrial complex, my favorite is still their claim that sleep deprivation didn't qualify as torture</em>", ou "<em>Of those who like to put their faith in the inherent goodness of mankind, I have to ask, based on what, exactly?</em>" ou encore "<em>My process is purely logistical, narrowly focused by design. I'm not here to take sides. It's not my place to formulate any opinion. No one who can afford me, needs to waste time winning me to some cause. I serve no god, or country. I fly no flag. If I'm effective, it's because of one simple fact: I. Don't. Give. A. Fuck</em>" — on pourrait continuer encore longtemps) pour finalement rater sa cible en guise de hors d'œuvre — un échec qui met direct la puce à l'oreille, le scénario prenant un tout autre chemin que celui escompté. En fait <strong>Fincher</strong> met en scène davantage un ouvrier qualifié qui se plante régulièrement et qui cherche à se convaincre pendant toute la durée du film, en alternant des séquences extrêmement froides, sérieuses et tendues avec d'autres brèves irruptions d'un humour noir (le plus parlant étant probablement l'épisode de la râpe à fromage). Il y a quelques tentatives de verser dans un classicisme sans doute marqué par un excès de confiance, à l'image de l'échange avec <strong>Tilda Swinton </strong>(parfaite au demeurant, comme très souvent) sur leur métier commun, mais ne débouchant sur rien de follement pertinent.</p>
<p>Finalement, <ins>The Killer</ins> peut se percevoir exclusivement comme l'observation d'une perturbation, l'erreur initiale qui s'immisce tel un grain de sable dans les rouages bien huilés par ailleurs, à l'origine d'une vengeance à travers le monde prenant une ampleur de plus en plus importante. <strong>Fincher </strong>oblige, on peut y lire un essai sur notre contemporanéité au travers du contrôle de nos vies pas un système ultra-connecté (des checkpoints réguliers, des badges incessants, des caméras de surveillance omniprésentes) qui aurait mérité d'être plus développé et un peu moins focalisé sur ses effets souvent tape-à-l'œil. Quelques séquences bien foutues rythment l'ensemble, on se rappellera l'utilisation du cloueur et la grosse baston avec <strong>Sala Baker</strong>, et dans l'ensemble une histoire portée par <strong>Fassbender </strong>souvent captivant, même s'il file vers un épilogue un peu mou, cliché et facile sur une désillusion un peu amère ainsi qu'une déchéance consentie.</p>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Killer-de-David-Fincher-2023#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1295Les Poupées du diable (The Devil-Doll), de Tod Browning (1936)urn:md5:c34e0a880c008e585756567db48702f82023-11-27T09:41:00+01:002023-11-27T09:41:00+01:00RenaudCinémaComplotDavid CronenbergDifformitéDéguisementEmpoisonnementErich von StroheimEtats-UnisEvasionHonneurHorreurLionel BarrymoreMensongeMeurtreMiniaturisationMortParisScience-fictionThrillerTod BrowningTour EiffelVengeance <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/poupees_du_diable.jpg" title="poupees_du_diable.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.poupees_du_diable_m.jpg" alt="poupees_du_diable.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"If most men were reduced to the dimensions of their mentality, Marcel's plan wouldn't be necessary."</strong></ins></span>
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<p>C'est vraiment de l'ordre de la réaction chimique me concernant : il y a dans les films de <strong>Tod Browning </strong>un mélange d'ingrédients, de thématiques et d'atmosphères qui produit un précipité horrifique vraiment fascinant, détonnant fortement dans le paysage cinématographique des années 1920 et 1930 aux États-Unis. Une originalité d'écriture et un fil rouge en lien avec la transformation des corps qui structurent toute sa filmographie, dont la meilleure illustration est probablement son chef-d'œuvre <ins>Freaks</ins>, et qui restent encore parfaitement valables et intelligibles aujourd'hui.</p>
<p>Le niveau d'enchâssement des récits est assez remarquable dans <ins>The Devil-Doll</ins>, son avant-dernier film, produisant une stratification très intéressante des enjeux au fil du déroulement de l'intrigue. Tout commence avec une histoire d'évasion dont on ne maîtrise aucun élément contextuel, ça embraye sur un récit de savant fou qui nous fait part de son invention digne d'un roman de science-fiction portant sur la miniaturisation des êtres vivants (dans le but de résoudre le problème de la faim dans le monde s'il-vous-plaît, avec un petit tacle au passage : "<em>If most men were reduced to the dimensions of their mentality, Marcel's plan wouldn't be necessary</em>"), puis une histoire de vengeance particulièrement machiavélique se met en branle avant de terminer sur un climax émotionnel sous la forme d'une conclusion digne des plus beaux mélodrames de l'époque — on reconnaît là sans doute l'intervention de <strong>Erich von Stroheim </strong>qui a participé à l’écriture du scénario. Excusez du peu. Tout ces points pourraient concourir à l'élaboration d'un pot-pourri informe et indigeste, mais à l'opposé, participent à la confection d'une toile narrative dense, envoûtante, grotesque juste comme il faut, et d'une très convaincante efficacité.</p>
<p>Si l'on n'avait pas peur des analogies un peu excessives, on pourrait trouver une anticipation du classique de <strong>Jack Arnold </strong><ins>L'Homme qui rétrécit</ins> (The Incredible Shrinking Man) qui ne sortira que 20 ans plus tard en 1957 — dans des considérations horrifiques très différentes — avec un soupçon de malice des jouets de <ins>Small Soldiers</ins> (1998) animées par <strong>Joe Dante</strong>. La qualité des effets spéciaux permet de rendre le fiction encore prenante vue de 2023, avec pour créer l'effet de changement d'échelle d'un côté des surimpressions évidentes qui bavent un peu et de l'autre côté des décors gigantesques construits pour l'occasion. Le résultat est d'une fluidité que je trouve franchement bluffante, et ce d'autant plus que cela s'inscrit dans des passages typés thriller conférant aux êtres miniaturisés un pouvoir de mort.</p>
<p>En marge de ces scénarios riches en points de singularité et en personnages déviants, <strong>Tod Browning </strong>apparaît à mon sens comme un précurseur très lointain de <strong>David Cronenberg </strong>avec qui il partage une lubie très particulière, la transformation des corps et leur caractère très photogénique. Aucune trace de la "nouvelle chair" ici bien sûr, ici il est systématiquement question de divers registres de criminalité brouillant sans cesse la frontière entre ceux qu'on considère comme vertueux et ceux qu'on traite comme malfrats. <strong>Browning </strong>aura toujours manifesté un attrait pour la difformité et pour le déguisement, en les mêlant à des histoires sombres de meurtres et de mensonges. Et dans ce rôle, <strong>Lionel Barrymore </strong>livre une prestation particulièrement réussie, dans la veine de ce que pouvait produire <strong>Lon Chaney </strong>— la transformation de <strong>Barrymore </strong>en petite vieille fabriquant des poupées rappelle d'ailleurs très fortement le rôle de <strong>Chaney </strong>dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Club-des-trois-de-Tod-Browning-1925">The Unholy Three</a></ins>. Un support très approprié pour ces personnages qui arborent un physique décalé et qui alimentent une atmosphère étrange dans un maelstrom de sentiments contrastés.</p>
<p>Et il fallait quelqu'un de solide pour incarner la vengeance ce cet homme, un ancien banquier envoyé en prison par ses trois anciens associés ayant comploté contre lui... Car on ne parle pas de n'importe quelle vengeance, on entre presque dans le registre des malfaiteurs dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Vampires-de-Louis-Feuillade-1915">Les Vampires</a></ins> de <strong>Louis Feuillade</strong>, c'est tout de même quelqu'un qui va transformer le premier en Lilliputien, pour ensuite utiliser une de ces créatures comme d'une poupée Chucky pour s'immiscer chez le second et lui administrer un poison paralysant, avant de se concentrer sur le troisième, exposer le complot et lui faire avouer des méfaits vieux de 17 ans. Par cet acte, <strong>Barrymore </strong>s'innocente aux yeux de la société tout en se condamnant à nouveau (il a commis quelques actes quand même un peu répréhensibles dans le processus), mais il aura réparé le lien qui s'était rompu avec sa fille, pleine de rancœur, elle qui l'accablait de tous les maux depuis son enfance ("<em>You're very young to be so bitter</em>" lui dira-t-il, sous son déguisement). On l'aurait presque oublié, mais cet homme qui fomente une vengeance complètement dingue (personnage en ce sens typique du cinéma de <strong>Browning</strong>, un de ces "gentils" ou considérés comme tels qui ont recours au mode d'action des "méchants") sous les traits et les habits d'une grand-mère inoffensive, agissait avant tout pour laver son honneur et retrouver une respectabilité aux yeux de sa fille. Elle le comprendra aisément, elle qui travaillait le jour dans une blanchisserie mais contrainte à la saleté d'une brasserie comme serveuse de nuit. Au sommet de la Tour Eiffel, au creux d'un instant de pureté loin de la crasse des bas-fonds parisiens, il se réconcilie avec elle et choisit l'unique option : une ultime disparition.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/img1.jpg" title="img1.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, nov. 2023" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Poupees-du-diable-de-Tod-Browning-1936#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1289Les Espions, de Henri-Georges Clouzot (1957)urn:md5:6f9371100f220668fc7cd370b7670b6b2023-11-15T09:41:00+01:002023-11-15T09:45:42+01:00RenaudCinémaComédieEspionnageGuerre froideGérard SétyHenri-Georges ClouzotHumour noirManipulationMensongePeter UstinovSinéThrillerVéra Clouzot <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/espions.jpg" title="espions.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/.espions_m.jpg" alt="espions.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Gros bordel d'espions</strong></ins></span>
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<p>Le dernier <strong>Clouzot </strong>que j'ai vu remonte à il y a deux ans, et <ins>Les Espions</ins> creuse encore la distance en explorant des thématiques et des styles narratifs qui s'écartent grandement des classiques du drame policier qui ont fait la renommée du réalisateur. En tous cas personnellement je n'aurais jamais deviné l'auteur de cet étrange film qui embrasse vigoureusement l'ère paranoïaque de la Guerre froide en balançant des wagons entiers d'espions autour d'une clinique psychiatrique au bord du délabrement tenue par un docteur alcoolique. Même l'interprète principal, <strong>Gérard Séty</strong>, avec son comportement anormal et son jeu à la limite du mauvais, colore encore un peu plus l'intrigue de son étrangeté.</p>
<p>C'est en tous cas un film qui, volontairement ou non (je pencherais pour le premier), oscille sans arrêt entre thriller sérieux et notes comiques récurrentes, donnant fatalement l'impression de ne pas savoir sur quel pied danser, et me positionnant dans une situation inconfortable — jusqu'à ce qu'on accepte cette incertitude et ces allers-retours entre les deux registres. Il y a carrément des fois où on se croirait chez le <strong>Lautner </strong>de <ins>Les Barbouzes</ins>, et d'autres fois dans une parodie de James Bond avec des espions internationaux qui surgissent sans cesse dans le champ, un colonel américain qui confie une mission au héros, un mystérieux agent secret germanophone à protéger, et des chefs de renseignements secrets américains et russes (<strong>Peter Ustinov </strong>qui se dispute le bout de gras des informations. Au milieu du bordel, il y a quand même deux patients dans la clinique, histoire de pas oublier la signification du lieu de l'action, dont une femme muette interprétée par <strong>Véra Clouzot</strong>.</p>
<p>Au bout d'un moment, le jeu du chat et de la souris lasse, fatalement. Pendant un moment on ne comprend rien, et c'est ennuyeux, puis on comprend quelles sont les forces en présence, et ce n'est pas beaucoup mieux. Une fois la complexité dépassée, on passe simplement notre temps à se demander si les agents secrets savent eux-mêmes pour qui ils travaillent dans ce magma de manipulations et de mensonges divers, toujours entre loufoquerie et terreur (l'affiche de <strong>Siné </strong>va bien dans ce sens). Le dédale kafkaïen de ce repaire d'espions navigue entre la comédie et le drame, parfois pour le meilleur, mais sans doute un peu trop sur la durée.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/img1.jpg" title="img1.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/img2.jpg" title="img2.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, nov. 2023" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/img5.jpg" title="img5.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, nov. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Espions-de-Henri-Georges-Clouzot-1957#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1281Reptile, de Grant Singer (2023)urn:md5:658eeeb717212b184f4e7a6e7502c61c2023-11-02T15:19:00+01:002023-11-02T15:20:44+01:00RenaudCinémaBenicio del ToroCorruptionEnquête policièreFilm noirIntégritéJustin TimberlakeMeurtreMichael PittThriller <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/reptile.jpg" title="reptile.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/.reptile_m.jpg" alt="reptile.jpg, oct. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Noir et glacé</strong></ins></span></div>
<p><ins>Reptile</ins> titille en moi la bonne combinaison de cordes en matière de thriller néo-noir contemporain, et ce qui m'est apparu comme prenant et intense pourra se révéler totalement anecdotique chez toute personne désintéressée dans ce genre typique des 90s. Pire, l'ensemble des défauts prendra probablement le dessus. Pour son premier film, <strong>Grant Singer </strong>fait preuve d'une maîtrise assez remarquable, avec néanmoins les traces caractéristiques de celui qui veut trop bien faire sur un coup d'essai, et les références me paraissent clairement identifiables (pour le meilleur, me concernant) : <ins>Prisoners</ins> de <strong>Villeneuve</strong>, les thrillers de <strong>Fincher </strong>au tournant des années 1990 / 2000, avec un soupçon de corruption dans les thématiques convoquant tous les films dans la lignée de <ins>Copland</ins>. Un meurtre, une enquête, et des révélations qui explosent à chaque strate de secret grattée.</p>
<p>Dans le fond il n'y a rien de fondamentalement neuf, mais en un sens le néo-noir a toujours été un registre très codifié il me semble, ne permettant pas de prise de liberté folle. Il arrive un moment dans le film où les différents rouages du récit, autonomes jusque-là, s'emboîtent et forment une certaine cohérence laissant s'échapper la suite des péripéties avec une certaine prévisibilité. Mais même à ce moment-là, le thriller a su tisser son atmosphère pesante et parvient à aligner quelques séquences convenues mais pas moins étouffantes — la convocation du lendemain matin, l'arrestation en pleine nuit par une patrouille sur la route, et quelques autres. <ins>Reptile</ins> se révèle très habile dans sa capacité à semer des indices et des fausses pistes, en jouant sur des motifs largement connus tout en développant des choses plus originales, sans que l'exercice ne devienne pénible. On choisit d'accorder de l'importance à ces détails, ou pas.</p>
<p>Et il faut avouer que dans mon visionnage, c'est <strong>Benicio del Toro </strong>le flic qui a bouffé toute l'attention, écrasant allègrement le personnage de <strong>Justin Timberlake </strong>(très bien dans le rôle, mais un peu faiblard en fils d'une femme à la tête d'un puissant empire immobilier) et celui de <strong>Michael Pitt </strong>(pourtant particulièrement gratiné, un peu trop à mon goût dans le registre "je suis le voisin destroy, voyez ce super suspect"). Le rapport du protagoniste avec sa femme, <strong>Alicia Silverstone</strong>, est également bien écrit et pas du tout laissé en marge au-delà du simple fait que cette dernière est liée à l'équipe de son mari constituée d'enquêteurs. Car c'est aussi un film sur un flic dont les frontières vacillent, qui se pose beaucoup de questions sur sa femme, sur son boulot, sur son intégrité. Un flic qui prend conscience de certaines illusions, et qui prend des coups. À ce titre le travail au niveau de l'ambiance sonore pourra déplaire à certains par sa prédominance, mais j'ai personnellement beaucoup aimé l'immersion provoquée et la sensation de malaise occasionnée par certaines dissonances. C'est en réalité à l'image du reste : un peu trop démonstratif par moments, comme beaucoup de premiers films qui veulent laisser une empreinte, mais suffisamment fluide et satisfaisant dans la mise en scène pour produire un portrait désenchanté captivant, sans toutefois prétendre révolutionner le genre.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/img1.jpg" title="img1.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/img2.jpg" title="img2.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/img3.jpg" title="img3.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/img4.jpg" title="img4.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Reptile-de-Grant-Singer-2023#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1264Comment tuer un juge (Perché si uccide un magistrato), de Damiano Damiani (1975)urn:md5:b23d4cdcb981c62ff8120f85d738cbc52023-09-27T15:12:00+02:002023-09-27T15:12:00+02:00RenaudCinémaAssassinatCensureComplotCulpabilitéDamiano DamianiDouteFranco NeroFrançoise FabianIntégritéItalieJusticeMafiaMortPolitiqueSicileThriller <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/comment_tuer_un_juge/.comment_tuer_un_juge_m.jpg" alt="comment_tuer_un_juge.jpg, sept. 2023" class="media-center" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Nero dans l'étau du doute</strong></ins></span></div>
<p>Le style <strong>Damiani </strong>commence à se dégager plus précisément, et surtout au creux du cinéma politique italien des années 70, années de plomb. Je n'ai pas encore assez de recul pour percevoir la portée méta du personnage de <strong>Franco Nero </strong>dans sa totalité, mais il paraît assez évident de voir dans son personnage de cinéaste, avec un film dans le film qui se trouve être un thriller politique mettant en scène la mort d'un juge proche de la mafia, une dualité avec sa propre personne. Le personnage en question, Solaris, se retrouve au milieu de ce qui ressemble à un complot mafieux et politique lorsqu'un vrai magistrat est assassiné, peu de temps après s'être prononcé contre la censure dudit film.</p>
<p><strong>Franco Nero</strong>, au-delà de son regard bleu perçant (impressionnant ici), incarne une forme de droiture, de probité et d'intégrité mises à mal dans ce monde de fous, reflet de la société italienne. D'un côté <ins>Perché si uccide un magistrato</ins> travaille la fibre du thriller politique avec les morts qui s'amoncellent autour de lui, alimentant diverses hypothèses plus ou moins complotistes, sans qu’on ne parvienne à cerner précisément le contour de la conspiration. De l'autre côté, il y a cette dimension de porte-parole qui évite très clairement le manichéisme et l'illusion d'omniscience en avançant à visage découvert, c'est-à-dire avec les idéaux clairement établis, mais en avançant dans le même temps toute la montagne d'incertitudes qui les accompagne. On sent chez le personnage de <strong>Nero </strong>beaucoup de culpabilité et de questionnements, doutant régulièrement de ses actions et de leurs conséquences, avec bien sûr en tête la sortie de son film qu'il pense pouvoir être à l'origine du meurtre du juge sicilien.</p>
<p>Le personnage de la veuve, dans un premier temps associé à la défense de l'honneur de son mari, offre un très solide contrepoint grâce à l'interprétation de <strong>Françoise Fabian </strong>: pendant un très long moment, tant que la pelote n'est pas déroulée, on l'image enfermée dans le déni, meurtrie, potentiellement apeurée. La réalité sera bien plus sale moralement, même si elle conserve une part de dignité au sein de la toile vénéneuse des puissants et des influents qui cherchent à faire taire les forces menaçant leurs intérêts. C'est un jeu tout en coups cachés où chaque pôle essaie de protéger ses intérêts personnels, et qui souligne sans forcer les méandres de la corruption et de la manipulation. <strong>Nero </strong>dans le rôle du cinéaste-enquêteur qui se bat contre des moulins à vent, plus fébrile qu'à l'accoutumée, est très convainquant, jusqu'à la découverte tristement prosaïque de la vérité. Le dernier plan, avec les différents groupes journalistes / politiques / mafieux, fait son petit effet.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/comment_tuer_un_juge/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/comment_tuer_un_juge/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, sept. 2023" />
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/comment_tuer_un_juge/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, sept. 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Comment-tuer-un-juge-de-Damiano-Damiani-1975#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1240Kisapmata, de Mike De Leon (1981)urn:md5:74770541576e236e59cff63aa37adff92023-09-25T13:42:00+02:002023-09-25T12:46:04+02:00RenaudCinémaAmourCharo Santos-ConcioFamilleHorreurIncesteMariageMike De LeonPatriarcatPhilippinesThriller <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/kisapmata/.kisapmata_m.jpg" alt="kisapmata.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Le poids du père</strong></ins></span></div>
<p><ins>Kisapmata</ins> est un complément très intéressant à <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Itim-les-rites-de-mai-de-Mike-De-Leon-1977">Itim</a></ins>, un autre film réalisé par <strong>Mike De Leon </strong>4 ans auparavant, duquel on aurait retiré toute la composante fantastique sans avoir aucunement altéré sa capacité à tendre vers le commentaire allégorique du régime de <strong>Ferdinand Marcos</strong>. On retrouve l'actrice <strong>Charo Santos-Concio </strong>dans le rôle principal au cœur d'un thriller étouffant portant sur l'impossible émancipation d'un couple de jeunes amoureux, prisonniers de l'emprise du père sur sa fille et de tout ce qu'on peut imaginer dans ces conditions en matière de passif incestueux et de ramifications patriarcales.</p>
<p>Le cinéma de <strong>Mike De Leon </strong>peut sous certains aspects se percevoir comme le pendant philippin de celui de <strong>Carlos Saura</strong>, qui a passé une large partie de sa filmographie à traiter de la dictature franquiste en Espagne en mettant en avant une femme incarnée par <strong>Geraldine Chaplin</strong>, et en substituant le registre du drame horrifique à celui du drame surréaliste. On retrouve largement cette oppression du couple, avec ou sans carcan familial, dans les films d'un autre réalisateur philippin, <strong>Lino Brocka</strong>, avec des films relativement parents comme <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Insiang-de-Lino-Brocka-1976">Insiang</a></ins>, <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Manille-Dans-les-Griffes-des-Tenebres-de-Lino-Brocka-1975">Manille : Dans les griffes des ténèbres</a></ins>, ou encore <ins>Bayan ko</ins>.</p>
<p>Si la composante fantastique est ici délaissée, il est difficile de ne pas voir dans <ins>Kisapmata</ins> des réminiscences d'une entité maléfique autour de la maison familiale, au travers de nombreux plans extérieurs et nocturnes sur une habitation qui pourrait paraître quasiment hantée. Cette dimension presque surnaturelle tient au fait que la cellule familiale est tenue d'une main de fer par le patriarche plus qu'autoritaire, dont l'emprise est dépeinte dans un premier temps au travers d'une myriade de symboles nuancées : la crainte qu'on voit explicitement sur les visages de la mère et de la fille, la façon qu'il a de pénétrer sans précaution dans la chambre pourtant fermée de sa fille, sa demande déplacée au sujet de la dot, son insistance à organiser de nombreux aspects ayant trait au mariage de sa fille... Petit à petit, il y a quelque chose de glaçant qui se met en place et qui ne lâchera son étreinte que dans la toute dernière scène du film, et l'ambiance autour de cet ancien policier possessif et psychopathe finit par créer une tension psychologique radicale et suffocante.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/kisapmata/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/kisapmata/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/kisapmata/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, août 2023" />
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Kisapmata-de-Mike-De-Leon-1981#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1235