Je m'attarde - Mot-clé - Vengeance le temps d'un souffle<br />2024-03-29T08:45:23+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearHistoire de fantômes japonais (東海道四谷怪談, Tōkaidō Yotsuya Kaidan), de Nobuo Nakagawa (1959)urn:md5:98c54036d430ef1afda28335932f9dbd2024-02-26T09:43:00+01:002024-02-26T09:43:00+01:00RenaudCinémaEmpoisonnementFantastiqueFantômesHorreurJaponTrahisonVengeance <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/histoire_de_fantomes_japonais/histoire_de_fantomes_japonais.jpg" title="histoire_de_fantomes_japonais.jpg, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/histoire_de_fantomes_japonais/.histoire_de_fantomes_japonais_m.jpg" alt="histoire_de_fantomes_japonais.jpg, févr. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Vengeance spectrale</strong></ins></span>
</div>
<p>Il y a un côté presque matriciel dans cette histoire de fantômes japonais (ne serait-ce que le titre), basée sur le conte "Yotsuya kaidan" issu du théâtre kabuki et égrainant des thématiques très classiques qui dépassent largement les frontières nationales, trahison, meurtre, et vengeance depuis l'au-delà. Si on observe <ins>Histoire de fantômes japonais</ins> à l'aune de l'autre film jouissant d'une grande réputation de <strong>Nobuo Nakagawa </strong><ins>L'Enfer</ins>, les multiples apparition fantastiques et horrifiques qui peuplent le dernier temps du récit paraîtraient presque timorées, par opposition à la vision cauchemardesque de l'enfer proprement hallucinante du film postérieur. Mais en tout état de cause, au-delà de son caractère légèrement normé, c'est un film qui revêt un intérêt significatif en tant qu'émanation du cinéma japonais de la fin des années 50.</p>
<p>Le personnage de Iemon, un samouraï déchu, est montré dès les premières secondes dans toute son ignominie, assassinant le père de la jeune femme qu'il courtisait suite au refus de lui accorder sa main. L'action filmée par la caméra comme cachée dans la forêt avoisinante scelle un pacte avec un autre personnage, Naosuke, et tous deux iront d'horreur en déshonneur pour sécuriser leur rapprochement avec deux femmes qui sont sœurs. Un cran supplémentaire dans l'abjection, Iemon empoisonne sa femme après avoir soudoyé son masseur pour qu'il la séduise (apparemment un adultère donnerait ce droit au mari bafoué, sacrée époque), tue ce dernier et se barre dans l'optique de se marier à une autre femme qui s'avère être une riche héritière. Bien barré comme environnement. Niveau machiavélisme, on se situe tout en haut de l'échelle.</p>
<p>C'est un film intéressant et prenant pour la barbarie qu'il met en scène et pour le retour de bâton qu'elle occasionnera, puisque les morts reviendront hanter les deux assassins : les crimes ne resteront pas impunis, et la vengeance sera terrible. L'empreinte de la décennie 1950 confère à cette histoire horrifique un cachet très particulier, notamment dans le travail sur les couleurs, alimentant une atmosphère lourde qui aurait sans doute gagnée à être davantage prononcée. La composante horrifique prend son temps pour exploser (une constante chez <strong>Nagakawa </strong>?) mais à partir du moment où les cauchemars reviennent hanter les deux personnages en brisant la frontière entre réalité et hallucination, la machine se fait très efficace et concrétise le potentiel de la première partie.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/histoire_de_fantomes_japonais/img1.png" title="img1.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/histoire_de_fantomes_japonais/.img1_m.png" alt="img1.png, févr. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/histoire_de_fantomes_japonais/img2.png" title="img2.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/histoire_de_fantomes_japonais/.img2_m.png" alt="img2.png, févr. 2024" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/histoire_de_fantomes_japonais/img5.png" title="img5.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/histoire_de_fantomes_japonais/.img5_m.png" alt="img5.png, févr. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Histoire-de-fantomes-japonais-de-Nobuo-Nakagawa-1959#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1353La Source (Jungfrukällan), de Ingmar Bergman (1960)urn:md5:214c4f9f5b83b11044137f4cab5b35b12023-12-14T00:15:00+01:002023-12-15T10:34:26+01:00RenaudCinémaChristianismeIngmar BergmanPaganismeRevisionnageVengeance <img title="la_source.jpg, juil. 2015" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="Test" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/source/.la_source_m.jpg" />
<div id="centrage"><p><span style="font-size: 18pt;"> <ins><strong>Odin contre Jésus-Christ<br /></strong></ins></span></p>
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<p><em><ins>Première publication : 18/07/2015.</ins></em></p>
<p>Après l'art du regard et l'analyse mélancolique du couple dans <ins>Monika</ins> (<a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Monika-de-Ingmar-Bergman-1953">lire le billet</a>), découvrir une nouvelle facette d'<strong>Ingmar Bergman</strong> à travers <ins>La Source</ins> est une véritable claque, une merveille d'esthétique, le théâtre d'un affrontement ancestral entre deux cultures au Moyen Âge. Délaissant les thématiques de l'âge, du souvenir et de la mélancolie développées dans <ins>Les Fraises sauvages</ins> (1957) non sans une certaine lourdeur (le côté salement intellectuel me rebute toujours après plusieurs visionnages), s'éloignant des considérations quelque peu métaphysiques du <ins>Septième Sceau</ins> (1957 également) mais en conservant son cadre médiéval, <strong>Bergman</strong> s'inspire d'une légende suédoise du 14ème siècle pour réaliser le beau et violent <ins>La Source</ins>.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/source/.bergers_m.jpg" alt="bergers.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="bergers.jpg, juil. 2015" />
<p>Il est ici question de quelque chose de beaucoup plus simple, direct, et d'un puissant symbolisme qui pourrait s'avérer poussif si le film ne revêtait pas les traits du conte. Le Suédois n'y va pas avec le dos de la petite cuillère quand il s'agit d'opposer christianisme et paganisme, le faste et la beauté de <strong>Max von Sydow</strong> (Töre) et <strong>Birgitta Pettersson</strong> (Karin) confrontés à la crasse et au stupre de bergers anonymes (leurs noms ne sont à aucun moment révélés). Mais la façon dont est racontée cette histoire rend la chose tout à fait acceptable. Le décor du Moyen Âge nordique d'une remarquable authenticité, la fresque rurale dans ces contrées reculées, et la peinture de la noirceur de l'âme humaine sont tout simplement fascinants. Et ce jusque dans les moindres détails, aussi simples que l'eau, la terre, la boue, la paille, le feu, la nourriture qu'on partage et le bois des habitations. La saleté de cet univers est très vite contrebalancée par la fraîcheur insolente de Katrin, fille de Töre au corps diaphane que l'on couvre des plus beaux costumes d'apparat, tissus et autres bijoux. Elle paiera cher le prix de sa beauté et sera confrontée au reste du monde, loin, très loin de l'amour familial et chrétien que lui porte (presque) tout son entourage. Vient le moment où <ins>La Source</ins> se transforme en une version noire et adulte du Petit Chaperon rouge : on peut y voir des références explicites (et anti-chronologiques) lorsque Karin partage son dernier repas avec les trois bergers et évoque les loups qui se cacheraient derrière d'innocents chevreaux, ainsi que les allusions répétées et insistantes à la blancheur de sa peau et à la finesse de sa taille sur un mode proche du fameux "<em>Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents !</em>".</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/source/.repas_m.png" alt="repas.png" style="margin: 0 auto; display: block;" title="repas.png, juil. 2015" />
<p>La scène du viol est intenable, bien sûr, en tant que telle mais aussi juxtaposée à celle où les deux horribles païens détroussent leur victime à peine tuée en la remuant comme un vulgaire bout de viande. Un sommet de violence et un choc de civilisation qui trouvent un certain écho dans la fameuse scène choc de <ins>Délivrance</ins>, qui elle aussi opposait deux conceptions de l'humanité, l'homme-cochon engraissé par la société et l'homme des bois sauvage. La colère et le déchaînement de violence à venir de la part de <strong>Max von Sydow</strong> sont d'autant plus prenants que <strong>Bergman</strong> a particulièrement soigné la description du folklore de ses croyances, source de douceur et de recueillement. Je suis resté pétrifié tout le long de la séquence durant laquelle il assouvit sa soif de vengeance, vengeance dont le bras armé semble commandé par une force supérieure. La scène de l'arrachage de l'arbre, symbole de mort et de punition religieuse à venir, est sublime. Le final, s'appuyant sur les dommages collatéraux de sa fureur, sur le questionnement de sa foi et de sa responsabilité mais aussi sur la beauté poétique, onirique, de l'apparition de la source, est un climax exceptionnel.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/source/.max_m.jpg" alt="max.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="max.jpg, juil. 2015" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/source/.arbre_m.png" alt="arbre.png" style="margin: 0 auto; display: block;" title="arbre.png, juil. 2015" />
<p><ins><em>N.B.</em></ins><em> : Après avoir déclaré qu'il s'agissait de son préféré, <strong>Bergman</strong> considérera ce film comme (maladroitement) inspiré du très bon <ins>Rashōmon</ins> de <strong>Kurosawa</strong>... Une chose est sûre, la ré-interprétation de <strong>Craven</strong> dans <ins>La Dernière maison sur la gauche</ins> fait un peu tache à côté.</em></p>
<hr />
<p><em><ins>Deuxième publication : 12/12/2023.</ins></em></p>
<p>Revoir ce film de Bergman adapté d'une ballade médiévale suédoise du XIVe siècle n'aura pas été la chose la plus facile au monde, car l'exercice s'apparente dans mon cas, en toute subjectivité, à la confrontation à ce que je con-sidérais comme l'alpha et l'oméga du cinéma il y a presque une décennie. Et on sait bien à quel point le temps ne fait pas de cadeau...</p>
<p>Deux choses m'ont particulièrement frappé au terme de "Jungfrukällan", résultat d'un retour à une période parti-culière du cinéaste suédois (quelques années seulement après les beaucoup plus réputés "Le Septième Sceau" et "Les Fraises sauvages") qui semble tellement distante des errements de fin de carrière ("En présence d'un clown" et "Face à face" constituant les calvaires les plus éprouvants me concernant).</p>
<p>Tout d'abord, la concision du propos. C'est sans doute aidé en cela par la nature du matériau d'origine, formant le canevas assez simple d'un conte du Moyen Âge, mais Bergman fait preuve d'une étonnante sobriété discursive pour poser le cadre de cette campagne suédoise et de cette famille pratiquant un christianisme suranné réunie autour de son patriarche (Max von Sydow, magnifique) aimant et vertueux. Aucun tunnel philosophique, qui ont pu déboucher tour à tour au cours de sa filmographie sur des réflexions passionnantes ou sur des impasses pé-nibles, aucun excès dans la dramatisation psychologique : "La Source" brille par son pragmatisme limpide et dé-coupe le portrait de Karin, fille unique du couple, en usant de symboles clairs le long d'une narration très explicite.</p>
<p>Il faut ensuite reconnaître le travail incroyable réalisé par le chef opérateur Sven Nykvist, qui a su composer des ambiances assez folles et dans une variété de styles tout aussi saisissante. Les jeux de lumière à l'intérieur de la maison pour mettre en relief les traits des visages, soulignant la pureté des bons ou la perfidie des vilains, la blon-deur absolument rayonnante de Karin qui délivrera l'un des moments les plus forts et abjects du film au creux d'une magnifique clairière ensoleillée, l'opposition avec sa sœur adoptive brune et envieuse qui finira rongée par le regret, la laideur du crapaud jeté sur une nappe immaculée, l'affliction profonde du père dans l'avant-dernière partie avec l'insistance sur ses mains ou ses yeux, la séquence intense du déracinement du bouleau à l'aube avant la flagellation et les gestes de purification... Il ne fait aucun doute, il me semble, que le film n'aurait pas eu le quart de son intérêt sans ces motifs esthétiques et ces ambiances soignées pour souligner avec emphase le propos.</p>
<p>On pourrait être déçu par la rapidité avec laquelle la gestion du nœud principal est expédiée, et le caractère assez sommaire de l'opposition formulée entre la vengeance incontrôlable et la foi, entre la colère irrépressible et l'appel au calme intérieur, entre la croyance aveugle en un équilibre divin et la dureté du silence de dieu. Mais à mon sens le format du conte permet de parer naturellement à ces limitations, d'une part, en ayant recours à des symboles, à des essentialisations qui ne sont pas dommageables car en un sens évidentes, et d'autre part le tissu religieux s'insère spontanément dans le système de valeurs médiévales, renvoyant à des considérations et des préoccupa-tions localisées à une époque vieille de plusieurs siècles. Le conte se manifeste de manière peut-être la plus expli-cite lorsque Karin partage son dernier repas avec les trois chevriers, leurs références à la beauté de son corps créant un écho très net avec le loup dans "Le Petit Chaperon Rouge" — dans une version bien sûr infiniment plus cruelle.</p>
<p>Revenir à "La Source", c'est enfin relever les traces d'une noirceur invisible au premier regard, à commencer par le personnage de la mère bigote jusqu'au fond de ses mortifications. Lorsqu'elle donne à Karin une magnifique robe pour aller déposer des cierges à l'église, si c'est la beauté de l'habit qui nous parvient en premier lieu, c'est la dure-té des choses cachées qui jaillit lorsqu'elle précise que neuf jeunes filles se sont tuées à la tâche pour la confec-tionner. Lorsque les trois pouilleux sollicitent la générosité du couple pour qu'il les héberge, et lorsqu'ils proposent de leur revendre la robe souillée et déchirée de celle qu'ils viennent de violer et d'assassiner sans savoir qu'ils s'adressent à la mère de la victime, l'objet lui revient dans les bras et se charge d'une puissance, d'une douleur et d'un désenchantement qui semble lui exploser au visage comme le rappel d'une ostentation passée. Tout le monde sera confronté à l'horreur, à l'impuissance et à la souffrance, et Bergman l'affirme avec une force terrible.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/source/img1.jpg" title="img1.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/source/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, déc. 2023" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Source-de-Ingmar-Bergman-1960#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/284The Killer, de David Fincher (2023)urn:md5:feafa3c7728e74b6914be24d32bf046b2023-11-30T12:08:00+01:002023-11-30T12:09:02+01:00RenaudCinémaAssassinatDavid FincherDésillusionHumour noirMichael FassbenderSala BakerThe SmithsThrillerTilda SwintonTueur à gagesVengeance <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/killer.jpg" title="killer.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/.killer_m.jpg" alt="killer.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Fate is a placebo. The only life path, the one behind you."</strong></ins></span>
</div>
<p>Un <strong>Fincher </strong>majeur, ce n'est pas pour demain, il faudra s'y faire. Mais des films comme <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Gone-Girl-de-David-Fincher-2014">Gone Girl</a></ins> (2014) laissent malgré tout un peu d'espoir, on guette le coup d'éclat, encore. <ins>The Killer</ins> ne donne pas l'impression d'avoir des ambitions débordantes, malgré quelques dispositions qui finissent par être un peu encombrantes — l'influence de <strong>Melville </strong>avec <ins>Le Samouraï</ins> paraît indissociable, les quatre phrases que <strong><span><span>Michael Fassbender </span></span></strong>répètent comme un mantra ("Stick to your plan / Anticipate, don’t improvise / Trust no one / Fight only the battle you’re paid to fight"), la répétition de certains motifs comme les trajets en avion, les changements d'identité, le réseau capitaliste de marques qui bordent son chemin, et in fine cette voix off très envahissante qui ne compense pas toujours élégamment le mutisme du personnage suivi. Même le recours à la musique des <strong>Smiths </strong>se fait un peu obsessionnelle et peu constructive.</p>
<p>Mais la série B reste pourtant de qualité, <strong>Fincher </strong>n'est pas un tâcheron, il a abandonné sa lubie d'auteur qui irriguait <ins>Mank</ins> et se concentre sur un thriller sec en cherchant à explorer quelques zones originales. Ce qui est drôle, c'est que <strong>Fincher </strong>nous fait croire à un portrait de professionnel du métier, un tueur expert qui nous bassine pendant 20 minutes sur les détails de son mode de fonctionnement en introduction (à grand renfort de citations qui claquent un peu trop ostensiblement, comme "<em>Of the many lies told by the U.S. military-industrial complex, my favorite is still their claim that sleep deprivation didn't qualify as torture</em>", ou "<em>Of those who like to put their faith in the inherent goodness of mankind, I have to ask, based on what, exactly?</em>" ou encore "<em>My process is purely logistical, narrowly focused by design. I'm not here to take sides. It's not my place to formulate any opinion. No one who can afford me, needs to waste time winning me to some cause. I serve no god, or country. I fly no flag. If I'm effective, it's because of one simple fact: I. Don't. Give. A. Fuck</em>" — on pourrait continuer encore longtemps) pour finalement rater sa cible en guise de hors d'œuvre — un échec qui met direct la puce à l'oreille, le scénario prenant un tout autre chemin que celui escompté. En fait <strong>Fincher</strong> met en scène davantage un ouvrier qualifié qui se plante régulièrement et qui cherche à se convaincre pendant toute la durée du film, en alternant des séquences extrêmement froides, sérieuses et tendues avec d'autres brèves irruptions d'un humour noir (le plus parlant étant probablement l'épisode de la râpe à fromage). Il y a quelques tentatives de verser dans un classicisme sans doute marqué par un excès de confiance, à l'image de l'échange avec <strong>Tilda Swinton </strong>(parfaite au demeurant, comme très souvent) sur leur métier commun, mais ne débouchant sur rien de follement pertinent.</p>
<p>Finalement, <ins>The Killer</ins> peut se percevoir exclusivement comme l'observation d'une perturbation, l'erreur initiale qui s'immisce tel un grain de sable dans les rouages bien huilés par ailleurs, à l'origine d'une vengeance à travers le monde prenant une ampleur de plus en plus importante. <strong>Fincher </strong>oblige, on peut y lire un essai sur notre contemporanéité au travers du contrôle de nos vies pas un système ultra-connecté (des checkpoints réguliers, des badges incessants, des caméras de surveillance omniprésentes) qui aurait mérité d'être plus développé et un peu moins focalisé sur ses effets souvent tape-à-l'œil. Quelques séquences bien foutues rythment l'ensemble, on se rappellera l'utilisation du cloueur et la grosse baston avec <strong>Sala Baker</strong>, et dans l'ensemble une histoire portée par <strong>Fassbender </strong>souvent captivant, même s'il file vers un épilogue un peu mou, cliché et facile sur une désillusion un peu amère ainsi qu'une déchéance consentie.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/img2.jpg" title="img2.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, nov. 2023" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Killer-de-David-Fincher-2023#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1295Les Poupées du diable (The Devil-Doll), de Tod Browning (1936)urn:md5:c34e0a880c008e585756567db48702f82023-11-27T09:41:00+01:002023-11-27T09:41:00+01:00RenaudCinémaComplotDavid CronenbergDifformitéDéguisementEmpoisonnementErich von StroheimEtats-UnisEvasionHonneurHorreurLionel BarrymoreMensongeMeurtreMiniaturisationMortParisScience-fictionThrillerTod BrowningTour EiffelVengeance <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/poupees_du_diable.jpg" title="poupees_du_diable.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.poupees_du_diable_m.jpg" alt="poupees_du_diable.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"If most men were reduced to the dimensions of their mentality, Marcel's plan wouldn't be necessary."</strong></ins></span>
</div>
<p>C'est vraiment de l'ordre de la réaction chimique me concernant : il y a dans les films de <strong>Tod Browning </strong>un mélange d'ingrédients, de thématiques et d'atmosphères qui produit un précipité horrifique vraiment fascinant, détonnant fortement dans le paysage cinématographique des années 1920 et 1930 aux États-Unis. Une originalité d'écriture et un fil rouge en lien avec la transformation des corps qui structurent toute sa filmographie, dont la meilleure illustration est probablement son chef-d'œuvre <ins>Freaks</ins>, et qui restent encore parfaitement valables et intelligibles aujourd'hui.</p>
<p>Le niveau d'enchâssement des récits est assez remarquable dans <ins>The Devil-Doll</ins>, son avant-dernier film, produisant une stratification très intéressante des enjeux au fil du déroulement de l'intrigue. Tout commence avec une histoire d'évasion dont on ne maîtrise aucun élément contextuel, ça embraye sur un récit de savant fou qui nous fait part de son invention digne d'un roman de science-fiction portant sur la miniaturisation des êtres vivants (dans le but de résoudre le problème de la faim dans le monde s'il-vous-plaît, avec un petit tacle au passage : "<em>If most men were reduced to the dimensions of their mentality, Marcel's plan wouldn't be necessary</em>"), puis une histoire de vengeance particulièrement machiavélique se met en branle avant de terminer sur un climax émotionnel sous la forme d'une conclusion digne des plus beaux mélodrames de l'époque — on reconnaît là sans doute l'intervention de <strong>Erich von Stroheim </strong>qui a participé à l’écriture du scénario. Excusez du peu. Tout ces points pourraient concourir à l'élaboration d'un pot-pourri informe et indigeste, mais à l'opposé, participent à la confection d'une toile narrative dense, envoûtante, grotesque juste comme il faut, et d'une très convaincante efficacité.</p>
<p>Si l'on n'avait pas peur des analogies un peu excessives, on pourrait trouver une anticipation du classique de <strong>Jack Arnold </strong><ins>L'Homme qui rétrécit</ins> (The Incredible Shrinking Man) qui ne sortira que 20 ans plus tard en 1957 — dans des considérations horrifiques très différentes — avec un soupçon de malice des jouets de <ins>Small Soldiers</ins> (1998) animées par <strong>Joe Dante</strong>. La qualité des effets spéciaux permet de rendre le fiction encore prenante vue de 2023, avec pour créer l'effet de changement d'échelle d'un côté des surimpressions évidentes qui bavent un peu et de l'autre côté des décors gigantesques construits pour l'occasion. Le résultat est d'une fluidité que je trouve franchement bluffante, et ce d'autant plus que cela s'inscrit dans des passages typés thriller conférant aux êtres miniaturisés un pouvoir de mort.</p>
<p>En marge de ces scénarios riches en points de singularité et en personnages déviants, <strong>Tod Browning </strong>apparaît à mon sens comme un précurseur très lointain de <strong>David Cronenberg </strong>avec qui il partage une lubie très particulière, la transformation des corps et leur caractère très photogénique. Aucune trace de la "nouvelle chair" ici bien sûr, ici il est systématiquement question de divers registres de criminalité brouillant sans cesse la frontière entre ceux qu'on considère comme vertueux et ceux qu'on traite comme malfrats. <strong>Browning </strong>aura toujours manifesté un attrait pour la difformité et pour le déguisement, en les mêlant à des histoires sombres de meurtres et de mensonges. Et dans ce rôle, <strong>Lionel Barrymore </strong>livre une prestation particulièrement réussie, dans la veine de ce que pouvait produire <strong>Lon Chaney </strong>— la transformation de <strong>Barrymore </strong>en petite vieille fabriquant des poupées rappelle d'ailleurs très fortement le rôle de <strong>Chaney </strong>dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Club-des-trois-de-Tod-Browning-1925">The Unholy Three</a></ins>. Un support très approprié pour ces personnages qui arborent un physique décalé et qui alimentent une atmosphère étrange dans un maelstrom de sentiments contrastés.</p>
<p>Et il fallait quelqu'un de solide pour incarner la vengeance ce cet homme, un ancien banquier envoyé en prison par ses trois anciens associés ayant comploté contre lui... Car on ne parle pas de n'importe quelle vengeance, on entre presque dans le registre des malfaiteurs dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Vampires-de-Louis-Feuillade-1915">Les Vampires</a></ins> de <strong>Louis Feuillade</strong>, c'est tout de même quelqu'un qui va transformer le premier en Lilliputien, pour ensuite utiliser une de ces créatures comme d'une poupée Chucky pour s'immiscer chez le second et lui administrer un poison paralysant, avant de se concentrer sur le troisième, exposer le complot et lui faire avouer des méfaits vieux de 17 ans. Par cet acte, <strong>Barrymore </strong>s'innocente aux yeux de la société tout en se condamnant à nouveau (il a commis quelques actes quand même un peu répréhensibles dans le processus), mais il aura réparé le lien qui s'était rompu avec sa fille, pleine de rancœur, elle qui l'accablait de tous les maux depuis son enfance ("<em>You're very young to be so bitter</em>" lui dira-t-il, sous son déguisement). On l'aurait presque oublié, mais cet homme qui fomente une vengeance complètement dingue (personnage en ce sens typique du cinéma de <strong>Browning</strong>, un de ces "gentils" ou considérés comme tels qui ont recours au mode d'action des "méchants") sous les traits et les habits d'une grand-mère inoffensive, agissait avant tout pour laver son honneur et retrouver une respectabilité aux yeux de sa fille. Elle le comprendra aisément, elle qui travaillait le jour dans une blanchisserie mais contrainte à la saleté d'une brasserie comme serveuse de nuit. Au sommet de la Tour Eiffel, au creux d'un instant de pureté loin de la crasse des bas-fonds parisiens, il se réconcilie avec elle et choisit l'unique option : une ultime disparition.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/img1.jpg" title="img1.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/img2.jpg" title="img2.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/img3.jpg" title="img3.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/img4.jpg" title="img4.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, nov. 2023" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Poupees-du-diable-de-Tod-Browning-1936#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1289L'Abominable Docteur Phibes (The Abominable Dr. Phibes), de Robert Fuest (1971)urn:md5:0d82e7e870aa819dbbb02f4bd97065102023-11-18T16:18:00+01:002023-11-18T16:19:04+01:00RenaudCinémaBizarreChirurgieDéguisementHorreurLoufoqueMasqueMortVengeanceVincent Price <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/abominable_dr_phibes.jpg" title="abominable_dr_phibes.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/.abominable_dr_phibes_m.jpg" alt="abominable_dr_phibes.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"A brass unicorn has been catapulted across a London street and impaled an eminent surgeon. Words fail me, gentlemen."</strong></ins></span>
</div>
<p>J'ai bien aimé le voile potache qui flotte sur le film, volontairement ou non, et qui suit les pérégrinations macabres de <strong>Vincent Price </strong>dans sa quête de vengeance complètement insensée. Pour punir les chirurgiens et assimilés qu'il considère comme responsables de la mort de sa femme, suite à une opération chirurgicale ayant visiblement mal tourné (on n'en sait pas beaucoup plus), il se lance dans une série de meurtres tous plus improbables les uns que les autres.</p>
<p>Et c'est bien la mise en scène de ces meurtres qui fait tout le sel du film, <strong>Robert Fuest </strong>a beau ne pas être le plus fin réalisateur du siècle, on enchaîne les délires macabres avant tout pour le plaisir de voir quelle idiotie va nous être montrée pour tuer le prochain sur la liste. C'est là où j'ai un doute quant à l'ambiance du film, vu d'aujourd'hui : est-ce que ce sentiment d'excès idiot était présent il y a 50 ans, et était-il recherché par la production ? Non parce que le coup des chauve-souris déposées dans la chambre par le toit, le coup des rats dans l'avion, le coup des sauterelles envoyées par un trou après avoir recouvert la victime de sirop de choux de Bruxelles, le coup du gars empalé par une licorne dorée, le coup de la grêle pour refroidir l'habitacle d'une calèche, tout cela est aussi grotesque que drôle... C'est un plaisir de grand n'importe quoi. Et le tout dernier acte, avec chirurgie sur son propre fils pour retrouver une clé et empêcher un acide mortel de lui trouer la tête, c'est vraiment la cerise sur le gâteau.</p>
<p><strong>Vincent Price </strong>avec son maquillage dégueulasse (son visage est censé en cacher un autre) est l'une des nombreuses composantes qui sortent de nulle-part, au même titre que la mise en scène chez lui façon <ins>Phantom of the Paradise</ins> croisé avec <ins>The Phantom of the Opera</ins> que je ne supporte pas plus ici que dans l'original. Le niveau de sadisme rejoint le niveau de bizarrerie des mises à mort, et c'est cette loufoquerie qui est censée matérialiser un amour fou, de la plus répétitive des façons.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/img1.jpg" title="img1.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/img2.jpg" title="img2.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/img3.jpg" title="img3.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/img4.jpg" title="img4.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/img5.jpg" title="img5.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, nov. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Abominable-Docteur-Phibes-de-Robert-Fuest-1971#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1286Krysar, le joueur de flûte (Krysař), de Jiří Barta (1986)urn:md5:d0e3ae4b2f71108a628e99c42749ec992023-09-22T17:26:00+02:002023-09-22T16:27:15+02:00RenaudCinémaAllemagneAnimationArgentBoisCupiditéFlûteGothiqueJan ŠvankmajerMaladieMensongeMoyen ÂgeMéprisRatRobert WieneRépublique tchèqueStop-motionSymbolismeVengeance <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.krysar_le_joueur_de_flute_m.jpg" alt="krysar_le_joueur_de_flute.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Du bois gothique</strong></ins></span>
</div>
<p><strong>Jiri Barta </strong>a très probablement vu beaucoup de films d'animation de <strong>Jan Švankmajer </strong>avant de réaliser <ins>Krysař</ins>, une adaptation en stop-motion de la légende médiévale allemande du <ins>Joueur de flûte de Hamelin</ins>. Cela ne l'empêche absolument pas de parvenir à créer une bulle d'originalité qui lui est propre, à l'intérieur du cinéma d'animation tchécoslovaque de la deuxième moitié du XXe siècle. L'histoire est connue, celle d'un mystérieux joueur de flûte à qui l'on promet une forte somme d'argent en échange de son aide pour débarrasser la ville de la horde de rats qui l'infeste, mais que les notables traitent avec mépris une fois la tâche ingrate accomplie. Et il se vengera... En sachant que la nature de la vengeance varie selon les versions, mais quoi qu'il en soit la fin n'est pas heureuse et entérine froidement la tonalité macabre qui s'est installée durant tout le récit.</p>
<p><ins>Krysar, le joueur de flûte</ins> trouve sa singularité dans la composition même de son support physique pour le stop-motion, presque entièrement déterminée par le choix du matériau : les personnages et une partie des décors sont taillés dans le bois, leur conférant des formes anguleuses qui s'accordent particulièrement bien avec la nature du récit. Pour figurer l'ambiance dans la ville de Hamelin au XIIIe siècle, une multitude d'accessoires vient compléter les poupées de bois et les demeures des différents personnages pour illustrer certains partis pris en lien avec l'atmosphère sombre qui y règne. La majeure partie des habitants est ainsi représentée comme cupide, brutale et névrosée, avec un festival de séquences les montrant en train de ripailler salement, de se comporter comme des animaux sur la place du village, ou encore de manifester tous les signes apparents d'avarice en cachant toutes leurs richesses dans des contenants divers fermés à clés. L'atmosphère est très cohérente et réussie de ce point de vue-là, sans que l'animation n'atteigne des sommets comme <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Mad-God-de-Phil-Tippett-2021">Mad God</a></ins> de <strong>Phil Tippett</strong> (sorti 35 ans plus tard tout de même, la comparaison a ses limites).</p>
<p>De temps en temps la concentration en stéréotypes devient un peu excessive, au-delà de ce que ce format tolère à mes yeux, à l'image des dialogues entre les personnages figurés par des écus qui sortent de leur bouche — il n'y a pas de "vrais" dialogues, parlés, dans ce film. Bien sûr la symbolique des rats (avec quelques inserts de vrais animaux) qui envahissent la ville est très forte, mais elle complète assez bien l'ambiance gothique médiévale des ruelles étroites et des arches gothiques menaçantes, et permet de refermer l'histoire sur un mouvement franchement sordide. L'ambiance générale, avec ses couleurs et ses lumières, constitue ainsi quelque chose de vraiment saisissant, inspirée par l'univers de <strong>Robert Wiene </strong>(<ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Cabinet-du-docteur-Caligari-de-Robert-Wiene-1920">Le Cabinet du Docteur Caligari</a></ins> est une référence directe, citée par le réalisateur).</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, août 2023" />
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.img6_m.jpg" alt="img6.jpg, août 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Krysar-le-joueur-de-flute-de-Jiri-Barta-1986#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1237Itim, les rites de mai (Itim), de Mike De Leon (1977)urn:md5:9188050182892e66efc2410b7505cefe2023-09-20T16:19:00+02:002023-09-20T16:19:00+02:00RenaudCinémaCharo Santos-ConcioFantastiqueHorreurManilleMike De LeonMystèrePatriarcatPhilippinesPhotographieSpiritismeThrillerVengeance <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/itim_les_rites_de_mai/.itim_les_rites_de_mai_m.jpg" alt="itim_les_rites_de_mai.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Au nom du père</strong></ins></span>
</div>
<p>Les spécificités des cultures thaïlandaise et philippine me sont très largement inconnues, aussi le fait que le visionnage du premier long-métrage de <strong>Mike De Leon </strong>"Itim" m'ait beaucoup fait penser à celui de <strong>Banjong Pisanthanakun</strong>, <ins>The Medium</ins> — <ins>Shutter</ins> étant probablement le plus connu de sa part mais beaucoup moins prenant dans le registre épouvante-horreur — est très probablement lié à une confusion dans mon imaginaire construit autour du cinéma horrifique d'Asie du sud-est. Les deux sont en plus séparés de près de 45 années : la comparaison paraît donc à première vue aussi spontanée qu'improbable...</p>
<p>J'aime beaucoup l'idée de voir germer à la fin des années 70 aux Philippines une thématique que l'on a vu s'épanouir classiquement dans le cinéma américain de la même période, et qui a pour origine des films (de série B) comme <ins>Carnival of Souls</ins> (1962) ou encore <ins>La Maison du diable</ins> (1963). Évidemment, vu d'aujourd'hui, les symboles sont comme surlignés au stabilo et on voit très bien quel sera le contenu des révélations de la séquence finale de spiritisme. On peut dire que la tension créée par cet enflement du mystère ne tient plus la route dès lors qu'on a déjà vu des dizaines et des dizaines de films suivant le même principe.</p>
<p>L'originalité ici réside dans l'ambiance que confectionne avec brio <strong>Mike De Leon</strong>, forcément originale d'un point de vue occidental alors qu'il est beaucoup question de mystique chrétienne, de vendredi saint et autres Holy Week. Le schéma du photographe de Manille retournant dans sa ville natale et capturant son environnement sur pellicule est aussi quelque chose d'assez convenu, mais cela n'empêche pas de voir prospérer une ambiance pesante et un malaise lancinant autour de la poignée de personnages. Il y a quelque chose qui cloche avec le père du héros, ancien médecin dans une chaise roulante suite à un accident de voiture, et toutes les horreurs révélées à la fin seront le point de chute d'une histoire de possession qui trouve sa justification dans une quête de vengeance — là aussi un schéma assez classique en horreur, qui pour autant n'entache en rien le plaisir de la progression dans cette ambiance. En guise de fond, la toile toxique d'un patriarcat traumatisant qui donne lieu à pas mal de scènes d'exploration angoissantes.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/itim_les_rites_de_mai/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/itim_les_rites_de_mai/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Itim-les-rites-de-mai-de-Mike-De-Leon-1977#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1234