confession_d-un_commissaire_de_police_au_procureur_de_la_republique.jpg, sept. 2022
Corruption de plomb

Le cinéma italien des années de plomb est un terreau qui a vu naître pas mal de films contestataires très efficaces, de Dino Risi (Au nom du peuple italien, 1971) à Francesco Rosi (Cadavres exquis, 1976) en passant par Elio Petri (Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, 1970) pour ne citer qu'eux. C'est un corpus qui ne brille pas par sa subtilité et la profondeur de son analyse, avec quelques bâtons dans les roues de l'immersion en raison de tournages souvent en plusieurs langues conduisant à des versions parfois catastrophiques sur le plan du doublage, mais on ne pourra pas leur enlever leur énergie vindicative pour dénoncer la corruption des institutions et l'emprise de la mafia.

En ce sens Confession d'un commissaire de police au procureur de la république (je ne l'écrirai pas deux fois !) se rapproche davantage de Main basse sur la ville, appartenant à un courant et une époque différents mais avec lequel il partage pas mal de points communs. La fragmentation de la temporalité de la narration est assez bien gérée et n'avance pas ses flashbacks de manière gratuite comme c'est parfois le cas, pour présenter in media res les agissements du commissaire Bonavia dans tout leur pragmatisme, dans l'objectif de mettre fin aux méfaits de la raclure Lomunno — l'archétype du promoteur mafieux. Tout le film ou presque tourne autour de ses relations avec un jeune magistrat idéaliste, Traini, en se focalisant sur les obstacles qui permettent aux pourris de vivre en paix.

Un film sur l'impuissance des cœurs purs, et sur le déséquilibre dans les armes employées par le pouvoir institutionnel et par les barons de la corruption. Dans cette dimension-là, le duo Franco Nero / Martin Balsam fonctionne à merveille. La prise de conscience de l'idéaliste vis-à-vis de l'étendue de l'emprise de la mafia sur la société italienne n'est pas très originale mais conserve une efficacité aujourd'hui, avec pour conséquence une neutralisation du système judiciaire de l'intérieur. Les mécanismes criminels sont décrits avec une certaine outrance, mais pour peu qu'on accepte ce style, par exemple dans le tragique des assassinats des lanceurs d'alerte et dans l'autodestruction des hommes bons, il en résulte un souffle mélancolique plutôt attrayant.

img1.jpg, sept. 2022 img2.jpg, sept. 2022 img3.jpg, sept. 2022 img4.jpg, sept. 2022