Avec son histoire de ruée vers l'or noir américain au début du XXe siècle bercée par un ton improbable oscillant entre comédie et romance (sur fond de western, malgré tout, même si ce n'est absolument pas le registre principal auquel on s'attend), Oklahoma Crude constitue avant tout une petite sucrerie à destination des amateurs de films sans prétention issus de la décennie 1970s. Un scénario minimal mais original, une empreinte graphique singulière (tout se passe autour d'une petite colline sur laquelle une femme et son père essaient de creuser pour trouver du pétrole), une petite bande d'acteurs et d'actrices qui fonctionne (George C. Scott, Faye Dunaway, John Mills, et Jack Palance), et le tour est joué.
Manifestement Stanley Kramer ne recherche pas le chef-d'œuvre : on est vraiment dans le domaine de la presque série B qui joue avec seulement quelques cartes en mains. Parmi les principales, il y a la tonalité féministe toujours étonnante dans ce contexte (le cinéma états-unien du milieu du XXe siècle, grosso modo, qui ne brille pas particulièrement par sa considération, très souvent englué dans ses clichés même dans ses courants les plus progressistes), mettant Dunaway au centre d'un jeu presque entièrement masculin — toutes les figures du mâle sont là, le père, le gardien, l'antagoniste roublard, etc. Elle est en outre à l'origine d'une tirade parfaitement improbable pour l'époque, sur un thème connexe : "You don't like men much, do you? / No. / Maybe you're the kind who prefers women. / No. Women are even worse; they try to be like men, but they can't cut it. I'd like to be a member of a third sex. / Third sex? Mmm-hmmm. Well, which article would you have - the one that goes in, or the one that goes out? / Both. / Well, which one would you favor? / Both. If I had both sex organs, I could just screw myself, couldn't I?". La tête de Scott à ce moment-là est vraiment collector.
Pour le reste L'Or noir de l'Oklahoma se maintient à bonne distance de toute créativité débordante, et une fois les psychologies posées et la situation inextricable établie, le film se transforme au sens littéral en une situation de siège avec d'un côté les propriétaires de la colline pétrolifère perchés sur leur butte, qui essaie de survivre et de tenir tête, et de l'autre le représentant de l'ordre industriel capitaliste entouré de ses chiens de garde, qui campent autour armés jusqu'aux dents. Mais la dynamique qui structure les relations au sein du groupe considéré comme "les gentils" contient beaucoup d'éléments non-conventionnels, réfutant tout manichéisme et s'avérant plus intéressant que ce qu'on imagine de prime abord.
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