Arnaque professionnelle et accents glaswégiens

La beauté de My Old School tient à la façon dont le secret du jeune Brandon Lee, étudiant de 16 ans de la très bourgeoise Bearsden Academy (près de Glasgow, en Écosse) dans les années 1990, est révélé. Le mieux est d'en savoir le moins, c'est essentiel.

Le cinéaste Jono McLeod dont c'est le premier documentaire a été un camarade de classe de Brandon, et dévoile les unes après les autres les nombreuses pages d'un récit farci de mystères et de révélations qui gravitent autour d'un imposteur notoire. L'agilité avec laquelle les éléments successifs sont révélés, mis en doute, confirmés ou réfutés, est vraiment brillante et participe activement à l'entretien d'un voile opaque sur la réalité des événements. En marge de ces éléments, le principal intéressé a accepté de témoigner pour l'occasion mais sans jamais apparaître à l'écran — sa voix est synchronisée avec les lèvres d'un acteur professionnel, Alan Cumming, histoire de favoriser l'immersion au sein des nombreux témoignages (effet moyennement réussi). Il faut dire que McLeod a réuni beaucoup d'anciens camarades pour former ce discours collectif qui avance de concert, péniblement (étant donné la nature obscure du sujet), avec des avis souvent différents et des micro-révélations très drôles à suivre.

L'histoire est géniale : Brandon, le petit nouveau au look étrange d'origine canadienne et portant le même nom-prénom que le fils de Bruce Lee récemment décédé sur le tournage de The Crow, débarque dans cette école suite à la mort de sa mère (chanteuse d'opéra) et devient rapidement le premier de la classe. Tout le monde le trouve étrange, mais cela ne l'empêche pas de décrocher le rôle principal de la comédie musicale de l'établissement et de se faire des amis. Mais absolument tout ce qu'il raconte au sujet de son identité s'avèrera faux, et l'ampleur de la supercherie prendra des proportions proprement inimaginables.

Pour placer le contexte et préciser l'évolution de l'état des connaissances au fil des révélations, My Old School a recours à différents modes narratifs plutôt agréables, des entretiens avec les anciens camarades / professeurs, des images d'archives, et des séquences animées dans un style à la Daria. La réalisation s'amuse beaucoup à confronter les souvenirs de tous les intervenants à la réalité, dès que la chose se révèle possible, donnant lieux à des sortes de dissonances cognitives plutôt drôles, révélant la fragilité de nos souvenirs. Sujet, narration et résolution en tous cas très intrigants.