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New York, années 70. Sale et poisseux.

Les films policiers qui investissaient la ville de New York dans les années 70 n'ont décidément pas le même parfum que ce vers quoi le genre et le lieu évolueront dans les décennies suivantes. Le changement sera radical, et Report to the Commissioner, s'il n'est pas la manifestation d'un chef-d'œuvre, transpire l'ambiance poisseuse et rugueuse des quartiers pouilleux et des ruelles sombres dans lesquelles on n'oserait pas s'aventurer. C'est sale, ça pue la drogue et la prostitution à chaque coin, et histoire de compléter le tableau peu accueillant, la police est davantage occupée à se protéger et dissimuler ses magouilles qu'à œuvrer pour le bien commun.

En ce sens le film de Milton Katselas peut se voir comme une œuvre-compagnon des films de Lumet de la même période centrés sur la corruption, les flics et les malfrats new-yorkais : Serpico, Dog Day Afternoon, Le Prince de la ville, et pourquoi pas The Offence. Pas de grand discours ici, tout est dans la toile de fond avec la dimension incongrue de la nouvelle recrue de la police incarné par Michael Moriarty, un bleu timide, frêle et introverti, ancien hippie, engagé dans les rangs des forces de l'ordre pour faire plaisir à son père suite à la mort de son frère au Vietnam. Malmené par à peu près tout le monde sauf le flic interprété par Yaphet Kotto, même s'il ne comprendra pas pourquoi il maltraite les autres Noirs dans la rue, il sera flanqué d'une mission en apparence anodine qui le conduira au désastre.

L'histoire est racontée en flashback, alors qu'un policier a involontairement provoqué la mort d'un agent infiltré, mais le récit sait manier une atmosphère très tendue à la faveur de plusieurs courses-poursuites ahurissantes (un dealer en calbut dans la rue, un cul-de-jatte qui dévale les trottoirs à fond la caisse) et qui se terminera par un face-à-face interminable dans un ascenseur. Un climax étonnant, légèrement sur-écrit, mais qui donne un aperçu très prenant et intéressant de l'ambiance de l'époque. On notera aussi tout particulièrement la présence de Richard Gere dans son tout premier rôle, un mac au chapeau dix fois trop grand.

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