lundi 15 décembre 2025

Reflet dans un diamant mort, de Hélène Cattet et Bruno Forzani (2025)

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Jeux de masques

Si l'on connaît déjà le duo Cattet / Forzani, on sait très bien dans quel sentier on s'engage. C'est un constat important, l'air de rien, car dès les premières minutes de Reflet dans un diamant mort il faut être prêt à abandonner toute notion d'intelligibilité, à oublier jusqu'à l'existence de la sobriété. Leur cinéma a toujours été ultra référentiel, mais leur dernier film pousse sans doute l'exercice de style au maximum de ce qui est envisageable. Comme s'ils avaient expurgé le long métrage de tout contenu tangible (en exagérant un peu le trait) pour en faire un pur objet de forme. Il y a bien sûr un fil rouge, et de la même façon qu'ils avaient par le passé investi des registres comme le giallo et le film noir, l'univers élaboré ici utilise comme ingrédient de base le thriller d'espionnage à la James Bond tout en y incorporant de nombreux autres parfums — feuilletons du début du XXe siècle à la Feuillade type Les Vampires (même si la référence véritable se situe probablement davantage du côté du Diabolik de Mario Bava) ou encore polars italiens des années 1960.

Le résultat est ainsi très surprenant, potentiellement exaspérant, potentiellement fascinant, mais en tous cas cumulant deux aspects opposés : superficiel et surchargé. Deux composantes qui peuvent ne pas être nécessairement désagréables, puisque on comprend assez vite que regarder Reflet dans un diamant mort peut s'apparenter à un jeu et qu'il est inutile de s'attacher à l'importance d'une scène à l'instant T puisque celle à l'instant T+1 viendra tout remettre en question. Un festival de mise en abyme, des chausse-trappes à tire-larigot, et une succession interminable de jeux de masques / jeux de dupes (aux sens propre et figuré) qui finissent par donner l'impression de ronronner un peu trop tranquillement malgré tout. Sur une note plus mineure, on peut avoir le sentiment que ce qui tient au glissement entre réalité et fiction, entre passé et présent, entre souvenirs incertains et fantasmes du protagoniste, se révèle assez faible au final. Mais à titre personnel j'ai apprécié me perdre dans ce labyrinthe tape-à-l'œil densément rempli de références outrancières. La fin ne produit pas le vertige attendu, elle ne se révèle pas particulièrement constructive au regard de tous les niveaux de lecture égrainés, mais elle entérine ce maniérisme démesuré avec une assurance plutôt amusante.

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jeudi 11 décembre 2025

Take Out, de Sean Baker et Tsou Shih-ching (2004)

take_out.jpg, 2025/11/13

Sisyphe de la livraison à vélo Il n'est pas inintéressant de remonter aux racines de la filmographie de Sean Baker, en progressant de ses œuvres les plus travaillées (Red Rocket, Anora) vers ses réalisations plus DIY et brutes. Take Out se situe dans une région cinématographique très proche de   […]

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lundi 08 décembre 2025

À l'ouest des rails (铁西区, Tiě xī qū), de Wang Bing (2003)

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Purgatoire de rouille et d'obscurité Difficile de faire plus intimidant qu'un documentaire chinois de plus de neuf heures tourné en caméra mini-DV au début entre 1999 et 2001 au sein d'un immense complexe industriel hérité de l'époque de l'occupation japonaise. Quand Wang Bing commence à  […]

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jeudi 04 décembre 2025

I Got Heaven, de Mannequin Pussy (2024)

i_got_heaven.jpg, 2025/01/29

Aboiements hypnotiques Ça faisait longtemps qu'un album, plus précisément un morceau, encore plus précisément une version live de ce même morceau, ne m'avait pas autant hypnotisé. On le doit encore une fois à une session live KEXP, un lieu pas avare en dénichage de pépites. C'est bien simple, j'ai  […]

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mercredi 03 décembre 2025

The Betrayal (Daisatsujin orochi, 大殺陣雄呂血), de Tokuzō Tanaka (1966)

the_betrayal.jpg, 2025/11/03

Patience de la révolte Dans le registre du chanbara, les thèmes de la trahison, de la loyauté, ou encore de la morale (fausse ou vertueuse) ont déjà été explorés à maintes reprises, déjà, lorsque sort The Betrayal en 1966. Un des jalons les mieux établis dans ce domaine est probablement la  […]

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lundi 01 décembre 2025

Tardes de soledad, de Albert Serra (2025)

tardes_de_soledad.jpg, 2025/11/03

Rouge sang et gonades opulentes Un peu plus de deux heures de lentes mises à mort de taureaux, entrecoupées par quelques séquences en dehors de l'arène, voilà le programme exhaustif de Tardes de soledad. Le genre documentaire n'est pas forcément là où on attendait Albert Serra, mais en réalité en y  […]

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mardi 25 novembre 2025

Alpinistes de Staline, de Cédric Gras (2020)

alpinistes_de_staline.jpg, 2025/04/20

"Il ne faut pas plaindre ces hommes d’avoir vécu sous l’URSS. Pas ceux-là. Elle leur a offert des aventures comme peu en vivent de nos jours." C'est en voulant se renseigner sur l'origine d'un coinceur mécanique portant leur nom, utilisé en alpinisme, au même titre qu'un système  […]

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lundi 24 novembre 2025

On the Bowery, de Lionel Rogosin (1956)

on_the_bowery.jpg, 2025/11/03

"The saddest and the maddest street in the world." Dans la veine du docufiction, Lionel Rogosin est allé observer ce qui se passait dans le quartier new-yorkais du Bowery, situé au sud de Manhattan, autour d'une rue caractérisée par la présence de nombreux marginaux au milieu du XXe  […]

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