jeudi 16 octobre 2025

Le dernier homme, de Margaret Atwood (2003)

Margaret Atwood est surtout connue pour son chef-d'œuvre La servante écarlate (1985), dans lequel elle raconte les agissements d'une société fondamentaliste qui persécute les femmes, et narre la révolte de l'une d'entre elles. L'ultime chapitre du roman qui recontextualise la république de Gilead au cours d'un colloque d'historiens dans un futur plus lointain, m'avait fait beaucoup rire (d'un rire jaune disons), comme une décompensation suite à l'emprise psychologique d'une intrigue austère. A propos de La servante écarlate, Margaret Atwood disait : je m'étais fixé une règle : je n'inclurai rien que l'humanité n'ait déjà fait ailleurs ou à une autre époque, ou pour lequel la technologie n'existerait pas déjà.

Dans Le dernier homme qui est aussi une dystopie, Margaret Atwood ne se limite plus dans les possibilités imaginées. Prolixe Margaret Atwood déploie la dimension SF de son sujet. Et quel sujet : les contours de ce que certains scientifiques qualifient aujourd'hui d'anthropocène (terme qui a émergé dans les années 2000 et dont Margaret Atwood n'est probablement pas étrangère) et l'entrée de la Terre dans une crise biologique globalisée. Rappelons avec un graphique qu'à l'heure des renonciations politiques, sept des neufs limites planétaires à ne pas dépasser pour l'humanité - afin de conserver des conditions favorables de développement dans un écosystème sûr - sont déjà dépassées :

The evolution of the planetary boundariesSources : Rockström et al. 2009 ; Steffen et al., 2015 ; Personn et al., 2021 ; Wang-Erlandsson et al., 2022 ; Richardson et al., 2023 ; Sakschewski and Caesar et al. 2025

Alors une action urgente et radicale s'impose ! Le récit de Le dernier homme apporte une réponse terrifiante à cet impératif projeté dans un futur proche, où les modifications génétiques ont le vent en poupe. Margaret Atwood a de près ou de loin intégré les conséquences du dépassement de ces seuils (dont le changement climatique est une dimension parmi neuf autres) dans son histoire.

L'action qui se déroule dans un monde post-cataclysmique est entrecoupée de flashbacks. On y suit un homme retourné à l'état sauvage, qui s'est rebaptisé "Snowman". Ce dernier tente de survivre aux côtés des "Crakers" dont on apprendra peu à peu de quel héritage cette posthumanité porte le nom. Les face-à-face avec des créatures hybrides ("rascons", "porcons", ...) qui sont le fruit de rearrangements génétiques entre plusieurs espèces animales, apportent son lot d'actions et de tensions.

Mais le roman prend tout son intérêt dans le regard rétrospectif que Snowman porte sur l'enchaînement des événements qui ont précédé le cataclysme. La transmission de cette histoire aux Crakers, comparables à des enfants, est une expérience à la fois douloureuse et troublante pour le héros qui devient un maître omniscient. Snowman répond  à la curiosité des Crakers de façon imagée, à la manière de fables et de mythes, pour donner sens aux vestiges de l'humanité qui les entourent.

Ce n'est que de la littérature, heureusement... Toujours en selle pour la suite : Le temps du déluge (2009) et enfin Maddaddam (2013) qui a donné son nom à la trilogie.

mercredi 15 octobre 2025

On the Intricate Inner Workings of the System, de The Bug Club (2024)

on_the_intricate_inner_workings_of_the_system.jpg, 2025/01/29

Duo gallois de Slacker Rock Ce duo gallois a beau ne rien inventer de fondamentalement nouveau, c'est le genre de petit groupe qui me plaît beaucoup. Un peu de Punk / Post-Punk à la Modern Lovers voire B-52's, saupoudré de Garage et de second degré très ironique que ne renieraient pas les Kinks :  […]

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vendredi 10 octobre 2025

La Cible humaine (The Gunfighter), de Henry King (1950)

cible_humaine.jpg, 2025/10/03

Le lourd poids de la réputation Un film à ranger dans le tiroir des westerns qui parviennent à dépasser (au moins un peu) les limitations et les stéréotypes du registre classique, autrement dit ce que les critiques ont appelé le sur-western dans les années 1950, et qui par contraste donnent  […]

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lundi 06 octobre 2025

Morgiana, de Juraj Herz (1972)

morgiana.jpg, 2025/09/01

Héritage, empoisonnement, et psychédélisme Il y a un renversement assez incroyable dans les partis pris esthétiques entre L'Incinérateur de cadavres et Morgiana, alors que seulement trois années séparent deux des films tchécoslovaques réalisés par Juraj Herz les plus connus, autour de 1970. Au noir  […]

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vendredi 03 octobre 2025

Peacock (Pfau - Bin ich echt?), de Bernhard Wenger (2025)

peacock.jpg, 2025/09/01

Mise en abîme de la coquille vide Un film aussi drôle par moments qu'agaçant à d'autres, aussi pertinent sur certaines observations morales de notre époque qu'en manque patent de subtilité dans la manière de l'exprimer... Peacock fourmille de bonnes idées éparses mais une exploitation correcte de  […]

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jeudi 25 septembre 2025

Trahison sur commande (The Counterfeit Traitor), de George Seaton (1962)

trahison_sur_commande.jpg, 2025/09/01

Espion contraint, pour laver son honneur On ne retiendra pas The Counterfeit Traitor ("Trahison sur commande" en France, à ne pas confondre avec l'excellent film de Martin Ritt sur les Molly Maguires qui avait été traduit Traître sur commande chez nous) pour ses qualités de mise en scène,  […]

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vendredi 19 septembre 2025

Ghostlight, de Kelly O'Sullivan et Alex Thompson (2024)

ghostlight.jpg, 2025/09/01

Les vertus de l'interprétation et du deuil par procuration Il est vraiment dommage que le scénario (écrit par Kelly O'Sullivan, co-réalisatrice avec Alex Thompson) repose sur des figures aussi lourdes à des moments charnières pour établir son analogie entre la vie de Dan, un ouvrier de voirie à  […]

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lundi 15 septembre 2025

L'Argent de la vieille (Lo scopone scientifico), de Luigi Comencini (1972)

argent_de_la_vieille.jpg, 2025/09/01

Le pouvoir de miser à l'infini Avec L'Argent de la vieille, c'est la première fois (chez moi) que Luigi Comencini se positionne dans le fameux créneau de la comédie italienne sociale à forte charge caustique, très loin de l'ambiance sérieuse et tragique de films dramatiques célèbres comme  […]

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