vendredi 03 octobre 2025

Peacock (Pfau - Bin ich echt?), de Bernhard Wenger (2025)

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Mise en abîme de la coquille vide

Un film aussi drôle par moments qu'agaçant à d'autres, aussi pertinent sur certaines observations morales de notre époque qu'en manque patent de subtilité dans la manière de l'exprimer... Peacock fourmille de bonnes idées éparses mais une exploitation correcte de ces dernières sur la longueur fait cruellement défaut. Aussi, pour sa première réalisation, Bernhard Wenger donne vraiment l'impression de s'inscrire dans une veine cinématographique typiquement germanique, typiquement contemporaine, un moule aux relents de formatage, dans la lignée du formalisme d'un Haneke ou d'un Seidl, et sur les traces de la satire sociale à la Lánthimos ou Östlund. Un territoire aujourd'hui parfaitement balisé, qui ne surprend plus vraiment, même s'il reste bien sûr énormément de choses intéressantes à aborder.

L'argument principal du film tient à la profession du personnage principal (très bien interprété par Albrecht Schuch, très bon en robot humanoïde, humain aux contours éminemment lisses reflétant un intérieur complètement creux), un employé d'une société proposant des services un peu particuliers : la location de personnes pouvant interpréter n'importe qui, un ami élégant et cultivé pour briller en société, un coach en engueulades conjugales, un fils de substitution pour célébrer un parent à l'occasion d'une grande fête, etc. La mise en scène de ces moments fait partie de ces petites idées drôles et caustiques, autant de points de départ qu'on aurait aimé voir davantage exploités. En l'état, le film donne un peu l'impression de concentrer une succession de situations loufoques contenant chacune un petit commentaire moral sur les dérives de notre époque, en lien avec le culte de l'apparence — tout pour paraître beau, intelligent, cultivé, courageux, alors qu'il n'en est rien. Là où on voit que Wenger pédale dans la choucroute, c'est quand il s'agit de déporter le regard sur la vie personnelle du protagoniste : le scénario emprunte une voie archi prévisible, celle de l'homme vidée de sa substance et de sa personnalité à force d'interpréter des rôles superficiels à longueur de temps.

La mise en scène reste très élégante en toute situation, elle sait tirer pleinement profit de ces plans fixes sur des environnements bourgeois pour en faire ressortir spontanément l'absurdité, mais la satire de la société de consommation capitaliste peine à trouver un second souffle une fois les bases posées. Pourtant il y aurait des pavés à produire sur l'envers de ce décor trop parfait, sur l'aliénation qui étreint lorsqu'on tombe dans le calcul systématique des émotions et dans l'optimisation constante des rapports sociaux... Albrecht Schuch personnifie très bien la coquille vide que son personnage au regard vide est devenu, mais le film se fait régulièrement bien trop démonstratif pour préserver la part de sympathie minimale nécessaire. Et je ne sais pas quelle était l'intention exacte de Wenger en citant aussi explicitement une scène de The Square (de Ruben Östlund, donc), celle du dîner mondain où un personnage provoque les bourgeois, mais je n'ai pas la sensation qu'il soit parvenu à élever le niveau pourtant pas très haut.

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jeudi 25 septembre 2025

Trahison sur commande (The Counterfeit Traitor), de George Seaton (1962)

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Espion contraint, pour laver son honneur On ne retiendra pas The Counterfeit Traitor ("Trahison sur commande" en France, à ne pas confondre avec l'excellent film de Martin Ritt sur les Molly Maguires qui avait été traduit Traître sur commande chez nous) pour ses qualités de mise en scène,  […]

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vendredi 19 septembre 2025

Ghostlight, de Kelly O'Sullivan et Alex Thompson (2024)

ghostlight.jpg, 2025/09/01

Les vertus de l'interprétation et du deuil par procuration Il est vraiment dommage que le scénario (écrit par Kelly O'Sullivan, co-réalisatrice avec Alex Thompson) repose sur des figures aussi lourdes à des moments charnières pour établir son analogie entre la vie de Dan, un ouvrier de voirie à  […]

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lundi 15 septembre 2025

L'Argent de la vieille (Lo scopone scientifico), de Luigi Comencini (1972)

argent_de_la_vieille.jpg, 2025/09/01

Le pouvoir de miser à l'infini Avec L'Argent de la vieille, c'est la première fois (chez moi) que Luigi Comencini se positionne dans le fameux créneau de la comédie italienne sociale à forte charge caustique, très loin de l'ambiance sérieuse et tragique de films dramatiques célèbres comme  […]

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vendredi 12 septembre 2025

Let’s Get Free, de Dead Prez (2000)

lets_get_free.jpg, 2025/01/29

Politique afro-américaine du rebelle Un des albums de Conscious Hip Hop les plus percutants et francs que j'aie écoutés, sans l'ombre d'un doute. Bizarrement, le duo Stic.Man / M-1 aligne les gros pamphlets politiques avec une pertinence acérée, que ce soit au travers de cette intro mémorable  […]

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mercredi 10 septembre 2025

Gare centrale (باب الحديد, Bab al-Hadid), de Youssef Chahine (1958)

gare_centrale.jpg, 2025/08/18

La Bête humaine au Caire Dix ans avant la très attachante coproduction russo-égytienne Un jour, le Nil structurée autour de la construction d'un barrage dans un territoire brûlé par le soleil, Youssef Chahine réalisait un film presque noir, mélodrame à connotation sociale, plongé dans son noir et  […]

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lundi 08 septembre 2025

L'Adultère (Измена, Izmena / Betrayal), de Kirill Serebrennikov (2012)

adultere.jpg, 2025/09/01

Union des trompés L'Adultère est probablement le drame le plus sobre que j'aie vue de la part de Kirill Serebrennikov, loin des effets très visibles (mais réussis, en ce qui me concerne) d'un Leto, loin de la démonstration un peu poussive d'un Le Disciple, et loin de l'ambiance tapageuse d'un La  […]

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samedi 06 septembre 2025

Marquis, de Henri Xhonneux (1989)

marquis.jpg, 2025/08/18

Dialogues avec le membre de Sade Difficile de faire plus bizarre que ce film belge des années 1980 dont la direction artistique, les dialogues et le scénario ont été assurés par Roland Topor, sur la base d'un récit librement inspiré de l'enfermement du Marquis de Sade à la Bastille, mélangeant des  […]

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