lundi 24 novembre 2025

On the Bowery, de Lionel Rogosin (1956)

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"The saddest and the maddest street in the world."

Dans la veine du docufiction, Lionel Rogosin est allé observer ce qui se passait dans le quartier new-yorkais du Bowery, situé au sud de Manhattan, autour d'une rue caractérisée par la présence de nombreux marginaux au milieu du XXe siècle. On the Bowery n'est ni un documentaire ni une fiction, plutôt un film jouant à brouiller les frontières entre les deux registres classiques en faisant interpréter leur propre rôle à quelques laissés-pour-compte que le cinéaste avait pris le soin de rencontrer auparavant, selon une trame narrative à peine scénarisée autour de leur quotidien. Le résultat ressemble à une chronique de la vie du skid row de New York de l'époque, centrée sur trois journées au cœur de ces bas-fonds pas si éloignés (géographiquement) des quartiers huppés.

L'occasion de revoir un peu les définitions de base puisqu'ici la misère atteint des niveaux stratosphériques, en intensité et en diversité : c'est carrément une sorte de société alternative qui s'est construite avec des groupes variés de sans-abris, globalement unis dans la même motivation — trouver un petit boulot à la journée pour amasser un pécule qui leur permettra au retour d'étancher la soif d'alcool. Un léger parfum de deuxième vague de la Grande Dépression flotte sur les lieux, 20 ans après, avec tous ces hommes (quasiment pas un visage féminin l'horizon) zonant ivres morts dans la rue, dormant n'importe où, comme des versions mouvantes et accentuées des célèbres clichés des photographes Dorothea Lange ou Walker Evans. Rogosin disait qu'il avait suivi la méthode de Flaherty pour ce premier film, et ce n'est pas très étonnant au vu du résultat.

Quelques personnages sortent du lot : Ray Salyer, un travailleur ferroviaire, nouveau sur Bowery Street, qui tombera dans un coma éthylique après avoir payé sa tournée et se fera voler sa seule et précieuse valise ; Gorman Hendricks, un habitué du quartier ; Frank Matthews, collectionneur de cartons et de chiffons qui rêve d'évasion. La partie scénarisée du film inclut une redistribution au propriétaire de l'argent que le voleur a obtenu en échange de certains objets de la valise dérobée, sans révéler que le bienfaiteur est également le chapardeur. De nombreux plans illustrant simplement les conditions de vie (des gros plans sur les visages détruits mais très photogéniques, des poivrots dormant à même le sol, etc.) rythment le récit. Dans ces conditions, on n'est pas énormément surpris d'apprendre que la plupart des intervenants sont morts dans les années qui ont suivi la sortie de On the Bowery.

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jeudi 20 novembre 2025

Larmes de clown (He Who Gets Slapped), Victor Sjöström (1924)

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"In the grim comedy of life, it has been wisely said that the last laugh is the best..." Le cirque comme reflet des drames et des injustices de la vie commune, c'est un sujet de cinéma qu'on connaît bien aujourd'hui si on s'intéresse un tout petit peu à la période du muet mais à l'époque  […]

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mercredi 19 novembre 2025

8 años et Sonido Cósmico, de Hermanos Gutiérrez (2017 et 2024)

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Balades instrumentales à deux guitares Encore une découverte que je dois à des errances sur les lives de qualité proposés par KEXP... En l'occurrence celui-ci, de novembre 2023 : lien. Les Hermanos Gutiérrez, soit un duo instrumental formé par des frérots guitaristes en provenance de Suisse et  […]

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lundi 17 novembre 2025

De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites (The Effect of Gamma Rays on Man-in-the-Moon Marigolds), de Paul Newman (1972)

de_l_influence_des_rayons_gamma_sur_le_comportement_des_marguerites.jpg, 2025/11/03

"My heart is full!" Indépendamment de toute qualité objective du film, je trouve intéressant l'idée de se pencher sur une telle œuvre réalisée par Paul Newman (troisième mise en scène de sa part, sortie peu après son adaptation de Le Clan des irréductibles), lui qui a tant incarné dans sa  […]

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jeudi 13 novembre 2025

Bande-son pour un coup d'État (Soundtrack to a Coup d'Etat), de Johan Grimonprez (2024)

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Kaléidoscope géopolitico-jazz Coïncidence cinématographique, en l'espace de quelques mois deux films documentaires croisent ma route : ils sont consacrés au même sujet, la figure de Patrice Lumumba comme marqueur de l'indépendance du Congo et son assassinat aux prémices de la décolonisation, et ils  […]

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jeudi 06 novembre 2025

Le Sifflement de Kotan (コタンの口笛, Kotan no kuchibue), de Mikio Naruse (1959)

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Le sort des Aïnous sur Hokkaidō Dans la filmographie de Mikio Naruse, Le Sifflement de Kotan est du genre à détonner : il ne s'agit pas d'un mélodrame urbain en lien avec des tourments amoureux, la source des conflits ne provient pas à proprement parler de l'intérieur du cercle familial, et le  […]

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lundi 03 novembre 2025

Saving Face, de Alice Wu (2004)

saving_face.jpg, 2025/10/03

"Don't come back until you have a husband to match the child." Pour son premier long-métrage, Alice Wu réalise en 2004 une comédie romantique focalisée sur une communauté sino-américaine de New York en brassant un large éventail de thématiques à la fois peu courantes à l'époque et  […]

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mardi 28 octobre 2025

Le Passager nº4 (Stowaway), de Joe Penna (2021)

passager_no_4.jpg, 2025/10/03

"To be honest, this isn’t where I thought I would end up. I guess you never know where life’s going to take you." Impossible de ne pas être froissé par les quelques maladresses que le scénario de Stowaway nous lègue sur son passage. Et ça commence très fort : dans le décor d'un vaisseau  […]

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