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La catastrophe de Kychtym

Quel est le troisième plus grave accident nucléaire de l'histoire après Tchernobyl et Fukushima ? C'est la méconnaissance globale de la réponse qui a poussé Sebastian Mez à s'aventurer dans les environs du complexe nucléaire Maïak, situé près de la ville russe d'Oziorsk, là où se produisit la catastrophe de Kychtym le 29 septembre 1957. Une contamination radioactive résultant de l'explosion de 80 tonnes de déchets à cause d'une panne du système de refroidissement dans une usine de retraitement de combustible nucléaire en Union Soviétique : dans la région, on a cru que la Troisième Guerre mondiale avait commencé. 200 personnes meurent sur le coup, 300 000 personnes reçoivent une dose de radiation supérieure au seuil admissible, et pourtant aucune information ne passera à travers les mailles de la censure soviétique : ni pour les habitants, ni pour le reste du monde qui découvrira les événements à la faveur de la perestroïka, 30 ans plus tard.

Aujourd'hui, dans cette région de l'Oural du Sud, le niveau de pollution radioactive est l'un des plus élevés au monde. La rivière Tetcha transporte encore la contamination dans l’océan Arctique, des incendies disséminent encore des particules radioactives dans les régions alentours. Sebastian Mez raconte l'histoire non pas d'un point de vue encyclopédique mais plutôt par le témoignage des personnes qui habitent encore aujourd'hui dans ces lieux, pour certains à quelques dizaines de mètres de la rivière puissamment contaminée. La beauté irréelle de ces paysages captés dans un noir et blanc très contrasté (peut-être trop) saisit le sujet sur le vif, tout de suite, renvoyant une image intense de la menace toxique. Un film sous la forme d'un hommage aux gens qui persistent là, dans un style résolument contemplatif.

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