Encore un moment extrêmement collector, en toute subjectivité, pas trop éloigné du plaisir coupable mais que je trouve sincèrement attachant, déniché dans la filmographie de Marie-Claude Treilhou : elle avait tourné deux documentaires dans un petit village des Corbières, pas loin là où j’ai grandi, Il était une fois la télé et la même chose 30 ans après, et je découvre à l'occasion de L'Âne qui a bu la lune le versant fictionnel de ses réalisations. Des histoires racontées à l’intérieur de l’histoire principale, sous la forme de contes bizarres qui se situent davantage du côté de la farce prosaïque que de la morale ou du merveilleux, très clairement. Le quotidien paysan n’est jamais loin, même si on explore d’autres territoires, comme la vie de village, le carnaval, ou encore les bandas, tous dans le département de l’Aude. L’illustration est parfois laborieuse, redondante, un peu poussive voire maladroite, mais jouit d’un charme sudiste évident — pour qui y est sensible a priori. Sur à peu près tous les plans techniques, un esprit objectif détecterait beaucoup de maladresses, mais difficile pour moi de lutter.
Un festival de patois local et de récits populaires issus du patrimoine occitan, qu'un grand-père raconte à son petit-fils, tandis qu'ils se baladent dans Labastide-en-Val. Les 5 contes parcourent la région des Corbières, entre Limoux et Lagrasse, alternant entre courtes anecdotes ("Les trois jeunes gens" ou le segment éponyme "L'âne qui a bu la lune") et récits vraiment trop longs par endroits ("Le moine changé en âne" et "Le carnaval"). Dans le tas, une étrangeté un peu lunaire, "Le cochon élu maire". Sans doute que pour des personnes étrangères à la culture régionale, ce film aura la saveur épicée du pittoresque un peu fantasque, mais à titre personnel ce fut avant tout une délectation sémantique avec sa ribambelle de mots de vocabulaire qui ont bercé mon enfance près des anciens (ba pla, fas cagat, macarel, tchaoupiner, escagasser, fadas, kabour, esquinter, atchouffer, s'escaner, s'esclaffer, espatarré, rouméguer). Manifestement la mise en scène fera souffrir la plupart des égarés tombés dessus par hasard, avec une direction d'acteurs très erratique, mais dont le côté résolument amateur alimente une certaine poésie rurale. L’immense majorité des acteurs et actrices du film n’est absolument pas professionnelle (il n'y en a peut-être aucun d'ailleurs), on reconnaît certaines têtes qui ont marqué le coin (Denis Bonnes par exemple, grande figure carcassonnaise), et l'ensemble fleure bon l'artisanat du sud, un peu bancal mais très attachant dans l’ensemble.
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1 De Gilles - 23/01/2024, 13:12
Milledieux !