L'Antartique n'est pas une terre glacée étrangère en ces pages. Plusieurs fois Renaud s'est attardé sur les explorations britanniques et australiennes entre 1910 et 1917 à la conquête du Pôle Sud, et il y a de quoi être médusé par la course que ces forcenés ont conduit. En marge de cette course acharnée, les trois protagonistes de l'histoire qui nous est racontée par Justine Niogret débarquent avec plusieurs autres membres de l’équipage du navire L‘Aurora en Janvier 1912 dans la baie du Commonwealth.

Ce petit roman aux chapitres ciselés retrace ainsi le périple du géologue australien Douglas Mawson. Ce scientifique n'en est pas à sa première expédition sur le continent blanc lorsque le 10 Novembre 1912, il part du Cape Denison accompagné de l'alpiniste suisse Xavier Mertz et du lieutenant anglais Belgrave Ninnis avec dix-sept chiens et deux traîneaux pour cartographier une partie inexplorée du sixième continent.

La part psychologique affleure avec une subtilité remarquable, brossant une amitié en construction dans des dialogues d'une authenticité palpable entre ces trois explorateurs. Les chiens - des Groenlandais - y tiennent une place centrale évidemment. Ce récit à l'écriture acérée parvient à atteindre sans y toucher des tonalités fantastiques lorsque ces hommes sont soumis à rudes épreuves, éprouvant leur abnégation physique et mentale à des niveaux extrêmes. C'est aussi la plongée au cœur de la psyché d'un survivant, perdu au milieu d'une immensité blanche qui se moque bien des existences humaines. 

En résumé, Justine Niogret nous offre une œuvre littéraire à couper le souffle, à l'exception du blizzard. Ses notes en postface témoignent de l'ambition clairement atteinte !

L'histoire écrite ici est-elle vraie? Oui.
L'histoire écrite ici est-elle vraie jusque dans les moindres détails? Non.
Ce récit est un récit d'héroisme, profond, humain, chaleureux: du moins, il tente de l'être.
Il nous a semblé que l'important était là. Ce récit est un récit d'ascèse et, tout comme Mawson l'a fait de son paquetage, nous avons mis de côté tout ce qui pouvait l'alourdir. La volonté de Mawson, son amitié pour ses deux compagnons ont la rigueur d'une lame de couteau. Il nous a semblé que l'affûter n'était pas hors de propos, bien au contraire.
Ce récit est le fruit de plusieurs années de travail strict. Si l'on y décèle une inexactitude, qu'on la pardonne au mieux. Il se voudrait le serviteur de cet héroïsme et, comme tout serviteur, il oublie parfois les défauts, légers, de ceux qu'il veut mettre en valeur. Qu'on lui pardonne aussi cette indulgence.