jeudi 06 novembre 2025

Le Sifflement de Kotan (コタンの口笛, Kotan no kuchibue), de Mikio Naruse (1959)

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Le sort des Aïnous sur Hokkaidō

Dans la filmographie de Mikio Naruse, Le Sifflement de Kotan est du genre à détonner : il ne s'agit pas d'un mélodrame urbain en lien avec des tourments amoureux, la source des conflits ne provient pas à proprement parler de l'intérieur du cercle familial, et le personnage principal n'est pas une femme. Autant de cases non-cochées suscitent la curiosité de la part du cinéaste japonais, au cours de la deuxième moitié de sa carrière, et ce d'autant plus qu'il s'intéresse ici au sort des Aïnous, un peuple autochtone vivant dans le Nord du Japon et en particulier dans l'île d'Hokkaidō, confrontés à un racisme persistant de la part des Japonais.

Sans rentrer dans une logique purement morale et didactique, le film de Naruse a de quoi surprendre dans sa dimension quelque peu académique. On se doute bien que ce sujet grave traité par ce réalisateur ne laissera pas beaucoup de place à la comédie, c'est une évidence... En revanche, la description des conditions de vie de ces miséreux et des réactions hostiles diverses que leur seule existence suscite peine à s'élever au-delà des platitudes : aussi, sur les plus de deux heures que dure le film, une grande partie sera consacrée aux brimades subies par le jeune Yukata, un collégien de 13 ans faisant l'objet de commentaires racistes pendant tout le film. Naruse essaie d'élever le niveau en montrant dans un premier temps sa volonté de prouver qu'il n'est pas différent (il veut comparer son sang avec celui de son rival sous un microscope) puis dans un second temps qu'il a ses limites (il demande à se battre en duel à mort). Mais au bout de la dixième moquerie, même assortie d'un papier collé dans le dos stipulant "quand je serai grand, je serai une attraction touristique", une certaine lassitude se fait sentir.

Pourtant Naruse parvient de temps en temps à aborder des sujets moins puérils en matière de discrimination, notamment lorsque le personnage du professeur (interprété par Takashi Shimura, grand fidèle de Kurosawa) montre les limites de ses grandes leçons de tolérance quand il s'agit de les transformer en actes pour soi-même : la grand-mère d'une fille Aïnoue vient lui demander son accord pour la marier à son fils, ce qu'il refuse avec beaucoup de circonvolutions et d'hypocrisie. Un événement majeur du film, qui conduira d'une part à la maladie grave pour la grand-mère et à la disparition pure et simple de la petite-fille sans que personne ne sache où elle s'est enfuie — on n'en entendra plus parler dans le film. Naruse n'en finit pas de nous matraquer avec les coups du sort, enchaînant les accidents, les morts, les humiliations. Seuls les enfants, excellents Ken Yamauchi et Yoshiko Kōda, portent en eux un petit bout d'espoir avec leur grande patience (même si le final peine à emporter dans son élan optimiste). Le Sifflement de otan" constitue à ce titre une sorte d'aberration au sein des films de Naruse, en se consacrant à une injustice sociale aussi singulière.

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lundi 03 novembre 2025

Saving Face, de Alice Wu (2004)

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"Don't come back until you have a husband to match the child." Pour son premier long-métrage, Alice Wu réalise en 2004 une comédie romantique focalisée sur une communauté sino-américaine de New York en brassant un large éventail de thématiques à la fois peu courantes à l'époque et  […]

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mardi 28 octobre 2025

Le Passager nº4 (Stowaway), de Joe Penna (2021)

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"To be honest, this isn’t where I thought I would end up. I guess you never know where life’s going to take you." Impossible de ne pas être froissé par les quelques maladresses que le scénario de Stowaway nous lègue sur son passage. Et ça commence très fort : dans le décor d'un vaisseau  […]

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dimanche 26 octobre 2025

L’homme semence (2006) et L’enfant don (2023) de Jean Darot

À la parution de l’enfant don, Jean Darot a révélé qu’il était aussi l’auteur de L’homme semence, paru initialement sous le pseudonyme de Violette Ailhaud. Cette dernière était censée être une institutrice des Basses-Alpes (actuelles Alpes-de-Haute-Provence) et aurait écrit ce court texte sur la  […]

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vendredi 24 octobre 2025

Affaire Sarkozy-Kadhafi : le procès

Par Fabrice Drouelle, dans l'émission Affaires sensibles (48 minutes). Et la collusion s’effrite…

jeudi 16 octobre 2025

Le dernier homme, de Margaret Atwood (2003)

Margaret Atwood est surtout connue pour son chef-d'œuvre La servante écarlate (1985), dans lequel elle raconte les agissements d'une société fondamentaliste qui persécute les femmes, et narre la révolte de l'une d'entre elles. L'ultime chapitre du roman qui recontextualise la république de Gilead  […]

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mercredi 15 octobre 2025

On the Intricate Inner Workings of the System, de The Bug Club (2024)

on_the_intricate_inner_workings_of_the_system.jpg, 2025/01/29

Duo gallois de Slacker Rock Ce duo gallois a beau ne rien inventer de fondamentalement nouveau, c'est le genre de petit groupe qui me plaît beaucoup. Un peu de Punk / Post-Punk à la Modern Lovers voire B-52's, saupoudré de Garage et de second degré très ironique que ne renieraient pas les Kinks :  […]

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vendredi 10 octobre 2025

La Cible humaine (The Gunfighter), de Henry King (1950)

cible_humaine.jpg, 2025/10/03

Le lourd poids de la réputation Un film à ranger dans le tiroir des westerns qui parviennent à dépasser (au moins un peu) les limitations et les stéréotypes du registre classique, autrement dit ce que les critiques ont appelé le sur-western dans les années 1950, et qui par contraste donnent  […]

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