mardi 02 septembre 2025

Themroc, de Claude Faraldo (1973)

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Chaos anar, cru et gras

Expérience totalement lunaire qui n'est pas tellement appréciable en soi (mise en scène minimaliste, esthétique vieillotte, zombies drogués en guise d'acteurs et d'actrices, pamphlet qui ne cherche pas la nuance, volonté de choquer à base d'inceste et d’anthropophagie, message au final un peu lourdaud avec le recul), mais qui retranscrit de manière aussi forte que particulière l'ambiance qui régnait dans la France contestataire radicale post-68, en réaction au climat pompidolien. Une cruauté et une férocité ouvertes, prises dans un fond de sauce bien cru que ne renierait pas l'humour trash et politique de Hara-Kiri, plutôt bon client en matière de provocation anarchiste. Autant dire qu'il reste encore pas mal de caractéristiques suffisantes pour choquer ou déranger encore 50 ans plus tard.

La plus évidente des bizarreries, c'est l'absence totale de dialogues qui ont laissé place à une suite ininterrompue de borborygmes gras — et le plus étonnant dans l'affaire, c'est qu'on comprend très bien le contenu de chaque séquence, à aucun moment on ne se retrouve paumé en termes de signification. Aucunement besoin de sous-titres. Tour de force mémorable. Et donc, des gens qui grognent animent cette comédie vacharde illustrant de manière on ne peut plus grossière le rejet présenté comme absolu de tous les codes de la société bourgeoise par l'ouvrier protagoniste, Michel Piccoli. La première de ses actions après s'être rebellé au travail : murer la porte d'entrée de son appartement et faire péter le mur donnant sur l'extérieur, créant de cette manière une sorte de caverne en haut de sa résidence. Le retour de l'homme de Néandertal...

À partir de ce moment, on monte d'un cran dans le niveau de n'importe quoi, avec toute la suite conditionnée par les assauts répétés de la police qui tente de déloger la tribu formée autour de Piccoli, désormais barricadée. Le niveau d'approximation est à corréler avec le nombre de personnages différents que chaque acteur interprète en parallèle, et on se surprend à voir passer les têtes de la bande du Café de la gare (Romain Bouteille, Coluche, Miou-Miou, et Patrick Dewaere dans un dernier moment de maçonnerie complètement foutraque). L'ensemble conserve une part conséquente d'intelligibilité tout du long, et si on peut apprécier l'immersion dans l'ambiance contestataire typique du début des années 1970 (anarchie revendiquée, rejet de la société de consommation et de toutes les formes d'autorité), la dénonciation de l'absurdité de la vie rangée, aussi insolite soit-elle, finit par tourner en rond et former une masse informe et indigeste.

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lundi 01 septembre 2025

In the Bedroom, de Todd Field (2001)

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"Ever notice that even the worst bastards have friends?" Tentative de visionnage à la boussole, par curiosité, pour voir ce que le réalisateur de Tár produisait 20 ans auparavant, à l'occasion de sa première mise en scène et après une carrière dans l'interprétation. Étrangement ce n'est  […]

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samedi 30 août 2025

Orlando, de Sally Potter (1992)

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"Same person, no difference at all. Just a different sex." Quatre siècles d'histoire britannique parcourus en 1h30, du XVIIe au XXe siècle, à coups d'ellipses bondissantes de 50 ans, au creux d'un récit aussi baroque que sérieux, aussi esthétique que comique, initié au travers d'un ordre  […]

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jeudi 28 août 2025

Le Signe de Vénus (Il segno di Venere), de Dino Risi (1955)

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Tribulations sentimentales de deux cousines Une satire comico-amère grinçante typique d'une partie du cinéma italien de la décennie 1950s, avec son étude de mœurs révélant les grands travers de la société de l'époque dans une ambiance à la fois légère et grave. La dynamique (à tous les niveaux) est  […]

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mercredi 27 août 2025

The Catch (魚影の群れ, Gyoei no mure), de Shinji Sōmai (1983)

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Règlements familiaux en mer Je n'ai vu que trois films de Shinji Sōmai (sur la dizaine que compte sa filmographie entre 1980 et 2000) et sans rentrer dans le délire frénétique de la politique des auteurs, il me semble qu'à chaque fois une ambiance très particulière est travaillée avec soin, de  […]

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lundi 25 août 2025

La Marche sur Rome (La marcia su Roma), de Dino Risi (1962)

marche_sur_rome.jpg, 2025/07/28

Des suiveurs affamés face à l'horreur déguisée Ce que j'avais trouvé drôle et pertinent chez Mario Monicelli dans La Grande Guerre (1959) s'est avéré tout aussi pertinent mais un peu moins agréable à regarder chez Dino Risi, à l'occasion de La Marche sur Rome (1962). Les thématiques sont voisines,  […]

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jeudi 21 août 2025

Sang-froid (Curdled), de Reb Braddock (1996)

sang-froid.jpg, 2025/07/28

Chroniques d'une femme de ménage sur scènes de crimes Curdled me fait prendre conscience d'à quel point je suis bon public en matière de cinéma déviant néo-noir des années 1990, quand bien même un tel film porterait la trace un peu trop remarquée de Tarantino — producteur ici, suite à un  […]

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mercredi 20 août 2025

Femme ou Démon (Destry Rides Again), de George Marshall (1939)

femme_ou_demon.jpg, 2025/07/28

"Well, folks are all gonna miss you around here. All except a few wives, I suppose." Surprenante cette association entre deux registres pas forcément très proches, le western et la screwball... Mais western avant tout, et relativement classique qui plus est, forcément, en 1939 : aussi on  […]

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