jeudi 13 novembre 2025

Bande-son pour un coup d'État (Soundtrack to a Coup d'Etat), de Johan Grimonprez (2024)

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Kaléidoscope géopolitico-jazz

Coïncidence cinématographique, en l'espace de quelques mois deux films documentaires croisent ma route : ils sont consacrés au même sujet, la figure de Patrice Lumumba comme marqueur de l'indépendance du Congo et son assassinat aux prémices de la décolonisation, et ils arborent un parti pris formel très original, fragmenté, kaléidoscopique. Le premier, c'était Lumumba, la mort du prophète, dans lequel Raoul Peck mêlait souvenirs d’enfance, témoignages, archives et questionnements personnels, sur une durée très resserrée d'à peine plus d'une heure. Le second, c'est donc Bande-son pour un coup d'État réalisé par Johan Grimonprez, mais cette fois-ci sur plus de 2h30.

Premier constat, premier ressenti : le couplage longue durée / format baroque, nous bombardant d'informations sous de nombreuses formes (musiques, citations, inscriptions à l'écran, témoignages, extraits audio, images d'archive, etc.) de manière presque stroboscopique, est tout particulièrement éreintant. À titre personnel j'ai fait le choix d'accepter de ne pas tout suivre de manière hautement assidue, en me contentant de piocher de temps en temps un passage méritant plus d'attention que le précédent, guidé par ma concentration et mon endurance. Il me paraît impossible de tenir à un niveau maximal d'implication sur la totalité du docu, tellement les époques se télescopent et les intervenants se succèdent, le tout à un rythme effréné, sans éléments contextuels évidents de manière systématique. D'ailleurs, petit regret, de très nombreux extraits audio ou vidéo ne sont pas légendés, de telle sorte qu'on ne sait pas vraiment comment prendre ce qu'on observe ou écoute. Une expérience très particulière en tous cas, à la limite de l'expérimental.

Malgré tout la particularité thématique retenue par Grimonprez maintient une attention latente : ce croisement entre histoire de la décolonisation et histoire du jazz, les deux étant manifestement reliées au sein de la guerre froide. Le film mentionne comment la chanteuse Abbey Lincoln et le batteur Max Roach ont fait irruption avec des dizaines de militants américains au Conseil de sécurité des Nations unies suite à l'assassinat de Lumumba ; comment Louis Armstrong, nommé "ambassadeur du Jazz", fut envoyé en mission par les USA au Congo pour détourner l’attention du coup d’État soutenu par la CIA, faisant de lui une diversion malgré lui ; comment de manière plus générale le soft power états-unien au travers de nombreux musiciens de jazz fut mit à contribution pour assurer un accès privilégié aux sous-sols africains riches en uranium... Le film croise de très nombreux registres, géopolitique, musique, histoire, juxtapose des discours anti-colonisation de Nikita Khrouchtchev et des enregistrements de concert jazz des années 1960, parle autant de guerre civile au Congo que d'ingérences occidentales, du soutien de Malcolm X croisé avec la bataille pour les droits civiques et des prestations de Nina Simone, Duke Ellington, ou encore Dizzy Gillespie.

On en sort partagé, entre désorientation profonde et générale devant un tel kaléidoscope frénétique de 2h30 et submersion sous le flot ininterrompu d'informations altérant la lisibilité de l'histoire. Mais, malgré tout, galvanisé par l'écriture de cette page historique, moment charnière, avec l’entrée de seize nouveaux membres aux Nations Unies qui fit pencher l'institution vers le Sud global.

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jeudi 06 novembre 2025

Le Sifflement de Kotan (コタンの口笛, Kotan no kuchibue), de Mikio Naruse (1959)

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Le sort des Aïnous sur Hokkaidō Dans la filmographie de Mikio Naruse, Le Sifflement de Kotan est du genre à détonner : il ne s'agit pas d'un mélodrame urbain en lien avec des tourments amoureux, la source des conflits ne provient pas à proprement parler de l'intérieur du cercle familial, et le  […]

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lundi 03 novembre 2025

Saving Face, de Alice Wu (2004)

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"Don't come back until you have a husband to match the child." Pour son premier long-métrage, Alice Wu réalise en 2004 une comédie romantique focalisée sur une communauté sino-américaine de New York en brassant un large éventail de thématiques à la fois peu courantes à l'époque et  […]

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mardi 28 octobre 2025

Le Passager nº4 (Stowaway), de Joe Penna (2021)

passager_no_4.jpg, 2025/10/03

"To be honest, this isn’t where I thought I would end up. I guess you never know where life’s going to take you." Impossible de ne pas être froissé par les quelques maladresses que le scénario de Stowaway nous lègue sur son passage. Et ça commence très fort : dans le décor d'un vaisseau  […]

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dimanche 26 octobre 2025

L’homme semence (2006) et L’enfant don (2023) de Jean Darot

À la parution de l’enfant don, Jean Darot a révélé qu’il était aussi l’auteur de L’homme semence, paru initialement sous le pseudonyme de Violette Ailhaud. Cette dernière était censée être une institutrice des Basses-Alpes (actuelles Alpes-de-Haute-Provence) et aurait écrit ce court texte sur la  […]

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vendredi 24 octobre 2025

Affaire Sarkozy-Kadhafi : le procès

Par Fabrice Drouelle, dans l'émission Affaires sensibles (48 minutes). Et la collusion s’effrite…

jeudi 16 octobre 2025

Le dernier homme, de Margaret Atwood (2003)

Margaret Atwood est surtout connue pour son chef-d'œuvre La servante écarlate (1985), dans lequel elle raconte les agissements d'une société fondamentaliste qui persécute les femmes, et narre la révolte de l'une d'entre elles. L'ultime chapitre du roman qui recontextualise la république de Gilead  […]

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mercredi 15 octobre 2025

On the Intricate Inner Workings of the System, de The Bug Club (2024)

on_the_intricate_inner_workings_of_the_system.jpg, 2025/01/29

Duo gallois de Slacker Rock Ce duo gallois a beau ne rien inventer de fondamentalement nouveau, c'est le genre de petit groupe qui me plaît beaucoup. Un peu de Punk / Post-Punk à la Modern Lovers voire B-52's, saupoudré de Garage et de second degré très ironique que ne renieraient pas les Kinks :  […]

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