« ... C'était au reste un de ces hommes qui aiment assister à leur propre vie, considérant comme déplacée toute ambition de la vivre. On aura remarqué que ceux-là contemplent leur destin à la façon dont la plupart des autres contemplent une journée de pluie. »

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L'encéphalogramme est plat sur le site depuis quelques semaines. Nous nous trouvons accaparés ailleurs, le temps à consacrer à notre site se réduit comme peau de chagrin. Nous espérons revenir bientôt à des chroniques plus fréquentes. En attendant, je vois un billet de Renaud se préparer en coulisse sur un récit de voyage par un aventurier refaisant une des nombreuses routes de la soie (lire le billet en question). Plusieurs fois, sans nous concerter dans nos lectures, nous nous retrouvons tous les trois à lire ou à aborder des thèmes très proches dans nos chroniques. L'occasion se renouvelle avec Soie.

La route de la soie, c'est la voie empruntée par les caravanes pour transporter principalement la soie depuis la Chine ancienne jusqu'en Occident et qui a favorisé les échanges entre civilisations, ainsi l'Empire romain par exemple était par cette fameuse route de la soie en relations commerciales avec la Chine. Ce court roman de Alessandro Baricco qui se lit d'une traite, tisse en une centaine de pages une fascinante histoire d'amour et de guerre entre le héros - Hervé Joncour - et une jeune fille mystérieuse. Vers 1860, pour sauver les élevages de vers à soie contaminés par une épidémie, Hervé Joncour entreprend quatre expéditions au Japon pour acheter des œufs sains.

Cette route de la soie est un passage entre deux mondes et de lieux pleins d'oppositions : les monts du Vivarais en Ardèche et le Japon d'antan. Baricco utilise la répétition de phrases et de paragraphes de façon intéressante dans ce livre. Les voyages de 8000 km de Hervé Joncour au Japon sont traitées en seulement quelques lignes et répétées à quatre reprises dans le roman à la manière d'un refrain d'une chanson dans lequel on décèlerait quelques subtils changements. Il y a dans la beauté de cette histoire quelque chose d'évidemment romantique et de fabuleux propice à la rêverie. Cette sensibilité de l'auteur par ses aspects variés et par les émotions tendres et mélancoliques qui jaillissent au cœur de l'action peut malgré tout inspirer un léger sentiment de lassitude.