Ce film de Pietro Germi coche toutes les cases du mélodrame classique, dans tous les sens du terme, mais il le fait avec une finesse suffisamment remarquable pour pouvoir prétendre à la même renommée que les mélodrames classiques de la même époque, que ce soit côté britannique (par exemple Lean et Brief Encounter notamment) ou états-unien (Sirk, pour ne pas faire original). L'originalité de la démarche tient à l'inscription de la romance impossible dans un cadre ouvrier (supérieur, qualifié), assez éloigné des composantes de base du néoréalisme mais dont les contraintes et les éléments constitutifs restent omniprésents dans l'arrière-plan.
Pour le résumer trop rapidement, L'Homme de paille (rien à voir avec la rhétorique, le lien est à chercher du côté d'un poème de T. S. Eliot) observe le triangle formé par Pietro Germi de l'autre côté de la caméra, Luisa Della Noce dans le rôle de la femme qu'il aime sincèrement et Franca Bettoia dans celui du coup de foudre contre lequel il est presque vain de lutter. L'histoire ne brille pas par son originalité, c'est une certitude : on sait très bien quels vont être les ennuis rencontrés en chemin, autour de cet amour impossible et des déchirements amoureux à venir. Là où Germi réalisateur tire son épingle du jeu, c'est dans la confection d'une situation inexorable au creux de laquelle personne n'est fondamentalement en faute, il n'y a que des victimes des circonstances. C'est le hasard de l'éloignement de la mère, provoqué par la maladie du fils ayant besoin d'air frais du littoral, qui crée le petit espace suffisant dans lequel le père sera attiré de manière fortuite par une inconnue. La petite perturbation du quotidien qui entraîne des conséquences d'un tout autre ordre de grandeur (un peu comme chez Hong Sang-Soo avec Un jour avec, un jour sans, si on ose les passerelles de cette ampleur).
Si les derniers instants paraissent un peu maladroits (on n'est pas vraiment dans le registre du happy end mais la tournure ultime des événements est surprenante), il referme malgré tout le film sur une note mélancolique nouvelle, celle de la réconciliation, certes, mais partielle seulement. Quelque chose s'est perdu en chemin, une forme d'innocence. On peut regretter l'absence d'approfondissement concernant les conséquences sur la femme abandonnée, le scénario ayant recours à un rebondissement extrême, mais sans altérer de manière dommageable le charme de L'uomo di paglia.
Dernières interactions
O plein d’autres ? Tu en as d’autres en tête ? L'illustration est, à chaque…
22/04/2025, 13:00
... et il y en existe encore plein d'autres signées du dessinateur. Chacune se…
20/04/2025, 19:05
Tardi et les couvrantes de romans en voilà un sujet... Kafka Céline…
12/04/2025, 21:05
Je confirme qu'il y a des illustrations à l'intérieur pour le plaisir des petits…
12/04/2025, 21:03
Ce bouquin, je l'avais en bout inférieur de PAL, gentiment, sans véritable…
12/04/2025, 11:52
Hahaha, ben bien sûr, qu'elle est pénible cette CNDP, hop il suffit de la…
27/03/2025, 09:23