jeudi 25 septembre 2025

Trahison sur commande (The Counterfeit Traitor), de George Seaton (1962)

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Espion contraint, pour laver son honneur

On ne retiendra pas The Counterfeit Traitor ("Trahison sur commande" en France, à ne pas confondre avec l'excellent film de Martin Ritt sur les Molly Maguires qui avait été traduit Traître sur commande chez nous) pour ses qualités de mise en scène, aucun doute là-dessus : si on s'arrête à cet aspect technique, on ne pourra qu'être déçu par la réalisation très fadasse de George Seaton, ne faisant preuve d'aucune originalité, d'aucun talent, et d'aucune bravoure. Mais cela ne doit pas empêcher de découvrir ce film inspiré des agissements d'un vrai espion américano-suédois, Eric Erickson, dirigeant du secteur pétrolier qui commença sa carrière d'espionnage contraint et forcé, afin de sauver sa réputation salie par des accusations (présentées comme fausses dans le film, pas vraiment irréprochable en matière de véracité historique) de collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale. William Holden lui prête ses traits ici et incarnera ce personnage initialement animé par une unique chose, l'accumulation d'argent sur le marché noir du pétrole en temps de guerre en restant totalement étranger aux considérations géopolitiques de son temps, avant de devoir travailler pour les services secrets alliés en effectuant de multiples allers-retours en Allemagne, sous couvert de voyage d'affaire, dans le but de collecter des informations capitales — notamment la localisation de sites de production du Messerschmitt.

Ce film inconnu est surprenant dans l'horreur du monde décrit, mais pas nécessairement l'horreur nazie (qui est bien présente malgré tout, sans être l'argument le plus intéressant) : ce qui en fait tout l'intérêt tient en réalité au parcours semé d'embûches et de compromissions que devra suivre le protagoniste. D'abord, on insiste bien sur la manipulation dont il fait l'objet dans le camp du bien (du chantage direct opéré par le cynique Hugh Griffith afin d'en faire un espion), avant d'observer comment sa nouvelle mission influence son entourage et le contraint à la solitude (il sera obligé d'afficher une fausse haine antisémite qui l'éloignera de sa femme et de ses amis), pour terminer sur une longue série d'objectifs à accomplir en Allemagne (ce qui implique de très nombreux contacts désagréables avec les cadres du parti nazi). Son univers proche est constellé de personnages affreux jusque dans la société civile, collaborateurs en puissance et sbires de la Gestapo, participant à l'élaboration d'une toile de fond glauque à souhait. Et lui, constamment, obligé d'afficher une sympathie pro-nazi de façade pendant plus de deux heures... Quelques figures sont vraiment glaçantes, à l'image de cet enfant appartenant aux jeunesses hitlériennes lobotomisées, un danger parmi beaucoup d'autres dans la gueule du loup.

Seul moment de réconfort dans cet océan de barbarie, sa rencontre avec une agente allemande interprétée par Lilli Palmer dont il tombera amoureux — bon clairement Seaton n'est pas Sirk, et le mélodrame romantique peine à décoller de manière flagrante. Malgré tout ces passages sont plutôt bienvenus, ne serait-ce que par ce qu'il permettront par la suite, le flagrant délit (la Gestapo se cache dans l'ombre d'un confessionnal) et la mise à mort (avec son traumatisme des impacts de balles sur le mur et le sang à laver). Le film vaut le détour également dans sa présentation d'un cadre original et régulièrement non-manichéen, avec la position de neutralité adoptée par la Suède en 1942, ainsi que par quelques apparitions (Klaus Kinski en réfugié juif malade entre autres).

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vendredi 19 septembre 2025

Ghostlight, de Kelly O'Sullivan et Alex Thompson (2024)

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Les vertus de l'interprétation et du deuil par procuration Il est vraiment dommage que le scénario (écrit par Kelly O'Sullivan, co-réalisatrice avec Alex Thompson) repose sur des figures aussi lourdes à des moments charnières pour établir son analogie entre la vie de Dan, un ouvrier de voirie à  […]

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lundi 15 septembre 2025

L'Argent de la vieille (Lo scopone scientifico), de Luigi Comencini (1972)

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Le pouvoir de miser à l'infini Avec L'Argent de la vieille, c'est la première fois (chez moi) que Luigi Comencini se positionne dans le fameux créneau de la comédie italienne sociale à forte charge caustique, très loin de l'ambiance sérieuse et tragique de films dramatiques célèbres comme  […]

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vendredi 12 septembre 2025

Let’s Get Free, de Dead Prez (2000)

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Politique afro-américaine du rebelle Un des albums de Conscious Hip Hop les plus percutants et francs que j'aie écoutés, sans l'ombre d'un doute. Bizarrement, le duo Stic.Man / M-1 aligne les gros pamphlets politiques avec une pertinence acérée, que ce soit au travers de cette intro mémorable  […]

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mercredi 10 septembre 2025

Gare centrale (باب الحديد, Bab al-Hadid), de Youssef Chahine (1958)

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La Bête humaine au Caire Dix ans avant la très attachante coproduction russo-égytienne Un jour, le Nil structurée autour de la construction d'un barrage dans un territoire brûlé par le soleil, Youssef Chahine réalisait un film presque noir, mélodrame à connotation sociale, plongé dans son noir et  […]

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lundi 08 septembre 2025

L'Adultère (Измена, Izmena / Betrayal), de Kirill Serebrennikov (2012)

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Union des trompés L'Adultère est probablement le drame le plus sobre que j'aie vue de la part de Kirill Serebrennikov, loin des effets très visibles (mais réussis, en ce qui me concerne) d'un Leto, loin de la démonstration un peu poussive d'un Le Disciple, et loin de l'ambiance tapageuse d'un La  […]

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samedi 06 septembre 2025

Marquis, de Henri Xhonneux (1989)

marquis.jpg, 2025/08/18

Dialogues avec le membre de Sade Difficile de faire plus bizarre que ce film belge des années 1980 dont la direction artistique, les dialogues et le scénario ont été assurés par Roland Topor, sur la base d'un récit librement inspiré de l'enfermement du Marquis de Sade à la Bastille, mélangeant des  […]

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jeudi 04 septembre 2025

Slam, de Marc Levin (1998)

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"The wind is the moon's imagination wandering. It seeps through cracks, ripples the grass, explores the unknown. My love is my soul's imagination." Slam (1998) de Marc Levin me donne l'impression d'être l'équivalent en plus authentique et plus confidentiel du très célèbre 8 Mile (2002) de  […]

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