Peut être que dans la destruction du monde, il serait possible de voir comment il était fait. Les océans, les montagnes. L’accablant contre-spectacle des choses entrain de cesser d’être.
Comme toutes les autres créations culturelles, la littérature invente du possible. En imaginant l’après fin du monde, Cormac McCarthy la rend familière, ouverte, représentable, pensable, en d’autres termes habitable. McCarthy tire des plans sur le chaos avec un style puissant et poétique, des dialogues minimalistes, une action ciselée, des descriptions dépouillées de tous éléments superflus. Les très courts paragraphes se succèdent, et aussi longtemps que les évènements demeurent voilés, notre imagination suscite toutes sortes de peurs.
L'année à peine écoulée c'étaient des feux sur les crêtes et des psalmodies de gens dérangés. Les hurlements des gens mis à mort. En plein jour les morts empalés sur des pics au bord de la route. Qu'avaient-ils fait ? L'idée lui vint qu'il se pourrait même dans l'histoire du monde qu'il y eût plus de châtiments que de crimes mais il n'en tirait guère de réconfort.
Cet homme et son enfant nous apprennent que la lutte contre le chaos va sans affinité avec l’ennemi. Marchant vers le sud, la peur et la faim au ventre, ils espèrent trouver une mer encore bleue, et un espoir de réchapper à la mort. La singularité du point de vue, le génie narratif, la bonté des deux personnages placent ce livre très haut dans mes coups de cœur.
4 réactions
1 De Adrian - 25/07/2011, 17:17
Un sacré bouquin ouais. Un narration minimaliste pour une ambiance vraiment énorme.
Ca m'donne envie de le relire tiens....
2 De Tu sais qui je suis - 26/07/2011, 08:50
Bon, mais c'est quand que tu lis des bouquins qui ne sont pas à l'origine de films, hein petit Gilou ?
Et je vois que tu passes plus de temps à t'occuper de faire migrer ton blog et de l'entretenir qu'à répondre aux textos qu'on t'envoie :-)
3 De Gilles - 26/07/2011, 18:05
Bonjour Mr R.
Tu ne me feras pas culpabiliser..! :-)
(Est ce que ca te (vous) dit balades à vélo ou autres activités terrestres ces vacances?)
On en parlait justement avec Adrian de ces livres qui sont à l'origine de films. Quand on pense par exemple à l'adaptation de Je suis une Légende de Matheson sur le même thème de la fin de l'humanité, on se préserve bien de regarder les adaptations cinématographiques de ces romans hors-norme. Dans le genre, le blockbuster avec Will Smith piétine sans vergogne l'histoire initiale de Matheson qui est un récit impitoyable avec un Enorme retournement final (queutchi dans le film).
Malgré tout, j'ai eu écho de bonnes critiques sur The Road... Tu l'as vu?
Puis, je ne vais pas faire le rabat-joie, Michel Gondry travaille sur l'adaptation d'Ubik de Dick, même avec des principes, je ne pourrais pas passer au travers.
4 De Toujours le même - 27/07/2011, 14:00
Ne t'en fais pas, le but n'était pas de te faire culpabiliser, tu me connais...
Pour les balades, j'ai trois semaines de vacances dont une occupée par une rando dans les Pyrénées (Mérens-les-Vals - Banyuls-sur-Mer) avec un pote de la Réunion et quelques jours avec Mlle É. À voir donc, en passant par les voies plus directes de communication.
Je ne nie pas le fait que ces livres puissent être corrects, je disais juste que la corrélation entre la lecture de ceux-ci (assez vieux pour certains) et la sortie récente des films "correspondants" ne doit pas être nulle.
Après, je pense qu'il vaut mieux lire ça que le dernier Houellebecq hein... même pour quelqu'un qui ne s'intéresse pas plus que ça à la SF/anticipation, comme moi :þ
Quant à "The Road", je l'ai vu (intrigué uniquement par la présence de Mortensen), et voilà. C'est pas nul, mais ça ne m'a pas subjugué non plus. Pour une critique plus approfondie (et pourquoi pas constructive, en se basant sur mes connaissances cinématographiques hors du commun, cela va de soi) du film, see you in the real life.