Drôle d'objet hybride : il y a dans L'Homme aux mille visages un gros morceau de documentaire, mais on y retrouve aussi quelque chose qui relève de l'enquête (bien que le film se défende de toute dimension d'enquête journalistique, comme le précise un encart introductif) , ainsi qu'une composante semi-fictionnelle puisque on nous informe également que des comédiennes professionnelles ou non-professionnelles interprètent le rôle de certaines femmes rencontrées par Sonia Kronlund souhaitant garder l'anonymat). L'idée est précisée dès le début : il s'agit "plutôt d'une tentative personnelle, engagée, de restituer le plus fidèlement possible des faits qui se sont étalés pendant environ cinq ans". Difficile aussi de séparer ce travail de tout ce que Kronlund a pu produire pour l'émission Les Pieds sur terre, y compris un épisode qui traitait précisément le même sujet — et à ce titre l'apport de ce documentaire souffre quelque peu de la comparaison (même si les deux formats ne concourent pas vraiment dans la même catégorie).
Le sujet, donc : un homme, argentin ou brésilien, vivant en France et en Pologne, se faisant appeler Alexandre, Daniel, ou plus fréquemment Ricardo, soi-disant chirurgien, ingénieur, policier ou photographe, a pratiqué le mensonge comme un art total auprès de plusieurs femmes (difficile d'établir le compte exact). Il a mené pendant des années plusieurs vies parallèles, en mentant et manipulant diverses femmes qui se sont finalement rendu compte de l'arnaque. Car ce n'est pas simplement une histoire de romances multiples : cet homme avait construit un réseau assez incroyable de mensonges lui permettant d'avoir des enfants avec l'une, des voyages d'affaires avec une autre, et d'emprunter de l'argent à la suivante pour rembourser une quatrième tandis qu'il volait des objets chez une Brésilienne... Un personnage assez passionnant, digne des fictions les plus folles.
Sonia Kronlund se met en scène (un peu trop à mon goût) dans cette enquête amusée, faisant intervenir un détective privé assez peu conventionnel, à mesure que les témoignages concordants s'alignent et que le roman documentaire se met en place. C'est d'ailleurs sur ce terrain-là, celui de la narration, que le film prend tout son sens, car l'histoire est tour à tour drôle, sidérante, haletante, et prend la forme d'un thriller étonnamment malicieux. Peu à peu le mystère de cette illusion méthodiquement entretenue se dévoile, et dans le contrechamp on observe aussi l'aveuglement (en partie consenti, sans doute) de femmes à la recherche du grand amour. Le final est un peu décevant, avec une semi-confrontation mise en scène sous la forme d'une fausse interview laissant se déployer une énième vie imaginaire du principal intéressé, comme une petite vengeance moqueuse qui peine à souligner le caractère follement vertigineux de l'histoire.
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