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À la poursuite des cratères et des (mini) météorites

Werner Herzog, encore, avant-dernière (de cette série "finition des incontournables").

C'est la troisième fois que Werner Herzog et le volcanologue britannique Clive Oppenheimer collaborent de manière plus ou moins explicite et prononcée : c'était initialement une rencontre sur le mont Erebus, un volcan d'Antarctique, pour une séquence de Rencontres au bout du monde, qui s'était ensuite prolongée pour un documentaire entièrement consacré aux volcans à travers la planète dans Au fin fond de la fournaise. Et ce dernier partage de nombreux points communs avec Boules de feu : depuis la nuit des temps, puisque cette fois-ci, après les volcans, ce sont les météorites et les traces laissées sur terre par ces dernières qui occupent les deux hommes, tous deux profondément intéressés par les cultures, les mythes, et les tragédies qui entourent ces événements. On comprend assez facilement ce qui a rapproché Herzog et Oppenheimer, étant donnée la passion manifeste qu'ils partagent pour ces récits autant que pour leurs conteurs, ouvrant le spectre des interprétations aux scientifiques autant qu'aux personnalités excentriques croisées sur leur chemin.

Herzog délègue carrément le rôle d'interviewer à Oppenheimer pour se concentrer sur la narration anglaise à la bavaroise, et c'est à mon sens symptomatique d'un glissement de son cinéma vers quelque chose de beaucoup plus conventionnel. Fireball: Visitors from Darker Worlds jouit d'une dimension de documentaire documentant pas du tout inintéressante, et on pourra constater l'étendue du catalogue de personnages baroques, du joueur de guitare jazz norvégien devenu chasseur de micro-météorites sur le toit d'un complexe sportif à ces observateurs scientifiques nocturnes présentés comme les premières personnes qui verront une météorite s'approchant un peu trop de la Terre.

On sent bien le duo de réalisateurs sincèrement passionné par les récits de contes et de légendes glanés auprès d'autochtones aux quatre coins de la planète (détroit de Torrès, Castel Gandolfo, le cratère de Wolfe Creek, la ville alsacienne de Ensisheim, Hawaï, Mexico, et même la Mecque en Arabie saoudite), et au moins autant par les cowboys scientifiques ou les chercheurs du pôle Sud très émotifs... Mais il y a un léger côté caricatural qui se met solidement en place, avec d'un côté le surjeu mystique appuyé lourdement par une musique ou par les inserts exotiques avec danse tribale, et de l'autre côté un élan didactique qui plombe régulièrement la narration dès qu'il s'agit de décrire le contenu des météorites ou de proposer des plans de drone dignes de National Geographic. L'articulation entre science, histoire et mythologie n'est pas désagréable, mais manifestement le feu sacré n'est plus vraiment là — Herzog nous invite carrément à nous extasier devant des images de Deep Impact, j'imagine avec son humour légendaire.

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