On peut trouver ce polar goguenard dans une traduction par Laura Derajinski (2017) moins vieillote comparée à celle de Marcel Duhamel (1957) qui verserait un peu trop dans le langage argotique, à commencer par son titre retrouvé Le bikini de diamants, aux éditions Gallmeister. Mais la découverte de cette vieille édition Folio Junior jalonnée de dessins de Jacques Tardi a été celle de mon dévolu. On s'amusera de regarder d'un œil bovin la couvrante de l'édition Carré noir ou encore celle de Folio Policier. Il existe par ailleurs une adaptation de ce roman au cinéma réalisée par Gérard Pirès qui date de 1971, avec Lino Ventura, Mireille Darc et Jean Yanne.  

     

On y suit les pérégrinations de Billy Noonan, un garçon de sept ans, qui a posé ses bagages pour l’été dans la ferme de son oncle Sagamore résidant au Texas, accompagné de son père « Pop ». L’histoire est racontée du point de vue de l’enfant. Les deux frères veillent sur le marmot d'une aimante attention, n’hésitant pas à lui présenter certaines de leurs combines sous un jour plus favorable, et protéger ainsi son innocence.

Tout de même, c'est curieux; tous les gens ont l'air d'avoir quéqu'chose qui ne va pas, dans ce pays. Le docteur Severance a des pincements au cœur, le shérif il a de la tension, Miss Harrington de l'anémie, et puis cette histoire d'épidémie de typhoïde, et maintenant, voilà que ma tante Bessie a le diabète. J'espère qu'on va pas attraper quelque chose comme ça, nous aussi.

Rendu à ce moment de l’histoire, il est difficile de ne pas exploser de rire…

La gageure de certaines scènes tient des trouvailles de l’oncle Sagamore aussi paysan que rusé pour se payer la tête du shérif et de ses adjoints qui l’ont à l’œil. La réussite tient également à cette version toute personnelle de la vérité de Sagamore présentée à l’enfant et que le lecteur moins naïf comprend et résout.

Ajoutez à cela l’arrivée d’une stripteaseuse poursuivie par des gangsters, vous obtenez un roman malicieux où la gouaillerie est de mise. Les péripéties sont d’une drôlerie qui relève parfois du génie, on se marre. Prenons un personnage secondaire, le vieil oncle fêlé Finley s'emparant du moindre morceau de bois pour construire une arche en vue de l’apocalypse, il semble incarner cet esprit de dérision de l’auteur, qu'il montre tout au long de son histoire.