Le cadre et le sujet ne sont pas tellement différents mais l'ambiance s'en éloigne radicalement : Luigi Comencini reprend son observation du monde de l'enfance et de l'adolescence déjà abordée dans L'Incompris (1966) pour la prolonger dans un contexte connexe, la vie vénitienne de Giacomo Casanova au XVIIIe siècle.
Casanova, un adolescent à Venise balaie un spectre relativement large de temporalités, d'atmosphères, de tonalités, de personnages, d'institutions, de sentiments. On commence dans l'enfance miséreuse de Giacomo et on terminera sur l'adolescence s'ouvrant au libertinage après avoir un temps envisagé une vie religieuse, on navigue entre le poids du carcan familial et l'austérité des cérémonies ecclésiastiques, on aborde autant le pouvoir des apparences que celui de la séduction et du langage, on oscille entre moments franchement comiques et séquences ouvertement tragiques, violentes ou sordides — on n'est pas près de l'oublier, cette scène de trépanation malheureuse, entre autres arrachages de dents et saignées sommaires... À travers les péripéties du jeune Casanova, on passe en revue de nombreux aspects de la société de Venise de l'époque, les coutumes, la médecine, la religion, et cette hypocrisie tenace qui donne l'impression d'en structurer absolument tous les interstices. Et c'est dans cette peinture-là, sans doute, celle des mœurs vénitiennes, que Comencini réussit son meilleur coup.
Le film ne jouit pas vraiment d'une véritable structure narrative et se présente davantage comme une succession d'épisodes de la vie de Casanova, des anecdotes sélectionnées pour leurs composantes comiques, ironiques, macabres ou cruelles. L'ambiance générale est teintée de réalisme historique, c'est en tous cas l'impression dominante, et la dynamique d'ensemble est maintenue sur deux heures par des ruptures de tons régulières qui font alterner entre farce et drame de telle sorte qu'on ne sait jamais sur quel type de segment on va atterrir. Sans doute que l'ultime péripétie qui clôt le film est un peu trop abrupte, comme si on avait cherché à embrayer sur une note libertine de manière un peu trop forcée. La chronique de l'enfance baigne malgré tout dans une reconstitution singulière de l'époque, où la mort rôde près du carnaval, et où le vice pénètre toutes les apparitions érotiques des corsets compressés au maximum.
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