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FLASH - Un parasite millénaire du type sangsue-étron bleue rackette un pauvre adolescent new-yorkais et lui propose de la drogue hautement hallucinogène en échange de cerveaux bien frais.

Elmer, le remue-méninges est un film de grand malade, probablement réalisé par une équipe sous l'emprise de diverses substances psychotropes. C'est vraiment du bis horrifique comme je l'aime, de vraies bonnes idées de scénario totalement foutraques, mais bien canalisées, bien exploitées, un film qui ne se repose pas sur le seul principe de sa bonne idée originelle et qui ne vire pas dans le n'importe quoi total sous le seul prétexte du bis. Le plus drôle est sans doute une quelconque tentative de résumer l'intrigue : Brain Damage (VO), c'est l'histoire d'une relation symbiotique non-consentie entre un adolescent et une sorte de... parasite fantasque et manipulateur, à mi-chemin entre le vers type sangsue et le joli étron. Mais pas n'importe quel parasite : un dont l'existence remonte au temps des croisades et du pillage de Byzance au 13e siècle, et qui s'est trimballé d'hôte en hôte au fil des siècles, d'un mercenaire à un cardinal, d'un seigneur à un amiral, d'une tribu africaine à un riche Allemand durant la Seconde Guerre mondiale avant d'atterrir à New York. Bref, l'occasion de dispenser au détour d'une séquence saugrenue un cours d'Histoire passionnant.

Pour se nourrir, à la base de la relation parasitaire, Elmer (Aylmer en réalité, d'ailleurs) passe un accord avec ses hôtes : en échange d'une dose régulière de drogue hautement addictive et parfaitement hallucinogène, substance bleutée directement injectée "sur" le cerveau (plans magiques) à l'aide d'un dard pourvu à cet effet, l'hôte s'engage à lui fournir autant de cerveaux nécessaires. Mais attention, pas n'importe quels cerveaux : ses précédents hôtes avaient tenté de le flouer en lui refilant des cerveaux d'origine animale, causant la fuite d'Aylmer. Pas fou, le ver. Non, il lui faut du bon cerveau d'humain premier choix, bien frais, qu'il va lui-même extraire manu (dentis) militari, occasionnant quelques scènes aussi gores que... surprenantes, d'un exquis mauvais goût, qui raviront les esprits les plus tordus et les plus malades parmi nous. Les séquences de shoot (une injection via la nuque) distille un parfum érotico-homosexuel plutôt inattendu, auxquelles vient se greffer un corps bodybuildé lors de la scène dans les douches de l'hôtel miteux.

L'air de rien, les thèmes de l'addiction et de la servitude sont traités de manière relativement propre, presque sérieuse, en arrière-plan du délire total assumé de l'histoire et de l'horreur gore des effets. Effets visuels plutôt charmants soit dit en passant, dénotant certes un budget pas fantastique (pour le dire autrement, Rick Baker et Rob Bottin n'ont pas bossé sur le projet), mais entre le design de la gueule du monstre faite de dents et de tuyaux bizarres et visqueux d'où surgit le dard tant convoité et sa voix douce et molle, presque suave, absolument pas en accord avec son comportement mortifère de bouffeur de cerveaux, il y a de quoi se régaler. C'est du 100% artisanal. On pense forcément au Cronenberg des débuts, période 70s, du type Frissons (le titre original est d'ailleurs The Parasite Murder) et Rage, pour ces délires organiques contaminant la chair humaine. En légèrement plus sauvage, et plus typé "année 80" : les premières hallucinations sous psychotrope bleuté laissent quelques séquelles.

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