Dans la veine du docufiction, Lionel Rogosin est allé observer ce qui se passait dans le quartier new-yorkais du Bowery, situé au sud de Manhattan, autour d'une rue caractérisée par la présence de nombreux marginaux au milieu du XXe siècle. On the Bowery n'est ni un documentaire ni une fiction, plutôt un film jouant à brouiller les frontières entre les deux registres classiques en faisant interpréter leur propre rôle à quelques laissés-pour-compte que le cinéaste avait pris le soin de rencontrer auparavant, selon une trame narrative à peine scénarisée autour de leur quotidien. Le résultat ressemble à une chronique de la vie du skid row de New York de l'époque, centrée sur trois journées au cœur de ces bas-fonds pas si éloignés (géographiquement) des quartiers huppés.
L'occasion de revoir un peu les définitions de base puisqu'ici la misère atteint des niveaux stratosphériques, en intensité et en diversité : c'est carrément une sorte de société alternative qui s'est construite avec des groupes variés de sans-abris, globalement unis dans la même motivation — trouver un petit boulot à la journée pour amasser un pécule qui leur permettra au retour d'étancher la soif d'alcool. Un léger parfum de deuxième vague de la Grande Dépression flotte sur les lieux, 20 ans après, avec tous ces hommes (quasiment pas un visage féminin l'horizon) zonant ivres morts dans la rue, dormant n'importe où, comme des versions mouvantes et accentuées des célèbres clichés des photographes Dorothea Lange ou Walker Evans. Rogosin disait qu'il avait suivi la méthode de Flaherty pour ce premier film, et ce n'est pas très étonnant au vu du résultat.
Quelques personnages sortent du lot : Ray Salyer, un travailleur ferroviaire, nouveau sur Bowery Street, qui tombera dans un coma éthylique après avoir payé sa tournée et se fera voler sa seule et précieuse valise ; Gorman Hendricks, un habitué du quartier ; Frank Matthews, collectionneur de cartons et de chiffons qui rêve d'évasion. La partie scénarisée du film inclut une redistribution au propriétaire de l'argent que le voleur a obtenu en échange de certains objets de la valise dérobée, sans révéler que le bienfaiteur est également le chapardeur. De nombreux plans illustrant simplement les conditions de vie (des gros plans sur les visages détruits mais très photogéniques, des poivrots dormant à même le sol, etc.) rythment le récit. Dans ces conditions, on n'est pas énormément surpris d'apprendre que la plupart des intervenants sont morts dans les années qui ont suivi la sortie de On the Bowery.








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