Catherine Dufour nous raconte une histoire sur une chômeuse qui va s’encanailler avec une maison hantée. Tandis que le fandom SF, toujours à la page, se fend de chroniques lunaires avec la parution de son dernier livre de science-fiction, la lecture de Au bal des absents peut sembler à rebours. Ce roman d’épouvante est pourtant de saison. La Toussaint approche. C’est l’automne, les feuilles de route de la dépense publique tombent. Un tour d’écrou à « France Travail » est de rigueur…

Si vous avez vu Moi, Daniel Blake (ce film de Ken Loach qui vous soutire des larmes de colère), Au bal des absents en serait une version féminine dont on aurait la suite de l’histoire, c’est à dire sans infarctus en guise d’épilogue et penchant allègrement du côté Fantastique. L’héroïne de ce récit d’épouvante s’appelle Claude. Elle a vécu et vit toujours à quarante ans les tribulations d’une précaire. Dénichant un job improbable de détective privée pour le compte d’un américain, elle prend ses cliques et ses claques, quittant sa ville vers les lieux de son enquête. Le passage sur les découvertes littéraires et cinématographiques de Claude dans la médiathèque de son nouveau lieu de villégiature constitue une chouette recension de certains classiques des Mauvais Genres (La Maison des damnés de Richard Matheson, Psychose de Alfred Hitchcock , Salem et Ça de Stephen King , un opus de Amityville de John Murlowski, …). Claude cherche dans ces œuvres des moyens de se dépêtrer de la solitude et des esprits frappeurs qui l’assaillent.

Les premiers chapitres du livre sont un morceau de choix en matière d’effrois pour happer le lecteur. La suite est du même tonneau et même si l’effet de surprise s’estompe, les péripéties ne manquent pas de sel… Amusé par un humour noir qui décante la tension, on n’en reste pas moins touché par l’épuisement des forces du corps et de l'esprit qui gagne de manière progressive Claude. Comme écrivait Catherine Dufour dans un passage qui m’avait marqué d’un précédent roman de SF (Le goût de l’immortalité) :

La souffrance n’élève pas, elle abaisse. Elle ne rend pas intelligent, elle abrutit ; elle ne rend pas plus fort, elle fêle ; elle n’éclaircit pas la vue, elle crève les yeux ; elle ne mûrit pas l’esprit, elle le blettit.