Curdled me fait prendre conscience d'à quel point je suis bon public en matière de cinéma déviant néo-noir des années 1990, quand bien même un tel film porterait la trace un peu trop remarquée de Tarantino — producteur ici, suite à un court-métrage sur le même sujet de Reb Braddock. Pas un film qui fait dans la finesse, mais il y a une combinaison qui fonctionne assez bien chez moi entre la fin de la décennie, le thriller décalé, l'humour macabre, et une certaine maturité du registre premier, suffisante pour faire ce pas de côté baroque et loufoque.
Une grosse originalité déjà : Angela Jones incarne une femme de ménage colombienne spécialisée dans le nettoyage de scènes de crimes... Je n'ai jamais vu ça ailleurs, l'évidence même. Le film creuse un sillon singulier également dans le traitement de sa personnalité, une femme travaillée par une passion morbide et une curiosité malsaine. Mais là où le film échoue de manière majeure, c'est dans la tentative d'ébauche de portrait psychologique : une scène introductive nous montrant qu'elle a assisté, étant enfant, à un meurtre, et voilà, c'est presque tout. D'ailleurs son personnage restera à ce stade primaire, superficiel, sans profondeur, une femme intéressée par le sordide, se comportant comme une enfant. Rien de plus. C'est vraiment dommage car l'ambiance de la fiction était beaucoup plus fertile que ce simple amusement.
Malgré tout ce rapport à la violence traitée sur un ton comique passe très bien (mais pourrait très bien agacer passablement), tout le microcosme au sein de l'entreprise de nettoyage post-mortem "Post Forensic Cleaning Service" est agréablement décalé, le jeu autour des clichés du serial killer m'a amusé (William Baldwin dans le rôle du Blue Blood Killer est bon, avec son regard bleu glacial, et détail amusant, son frère Alec Baldwin jouait un personnage tout aussi barjot dans Miami Blues quelques années auparavant). Autant de détails qui permettent d'alléger les faiblesses du scénario (l'indice découvert par la protagoniste sur le lieu du crime, là où tous les enquêteurs et polices scientifiques ont échoué, sérieusement...), le ventre mou du film (une petite heure un peu vide, trace de l'extension d'un court-métrage j'imagine), et le manque d'approfondissement autour de la fascination morbide (pour finir sur une boutade gore). Une curiosité pas déplaisante malgré tout, pour les amateurs de comédies néo-noires décalées.
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