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12 Angry Men est le premier film réalisé par Sidney Lumet (The Offence, Un Après-Midi de Chien, Serpico, Network, Le Prince de New York, À Bout de Course). Sa mort récente (avril 2011) fut « l'occasion » de se replonger dans la filmographie d'un humaniste désireux de décrire le commun des mortels sans extravagance. Les instincts les plus vils côtoient les plus belles âmes, comme c'est le cas à peu près partout.

Le film, tourné en noir et blanc, se déroule presque exclusivement dans une salle de délibération, un huis-clos où 12 jurés doivent statuer, à l'unanimité, sur la culpabilité d'un adolescent accusé de parricide. Le paysage est bigarré : ouvrier et banquier, timoré et grande gueule, jeune et vieux, catégorique et influençable, concerné et distrait. Au commencement, 11 d'entre eux se déclarent en faveur de l'accusation (« guilty »), mais un trouble-fête émet des doutes (« not guilty ») et enclenche une longue discussion... Dans le rôle de ce juré n°8, Henry Fonda, incroyable d'adresse et de talent (son rôle dans Il Était Une Fois Dans l'Ouest est mémorable). À noter la petite coquille francisante sur l'affiche.

Bien que le scénario soit légèrement téléphoné, ce classique ne vieillit pas. Une mécanique lente, précise et imparable s'abat sur les jurés. À mesure que la chaleur gagne la pièce, le doute les envahit un à un : le gamin est-il vraiment coupable, sans l'ombre d'un doute ?
Petit détail technique qui a son importance : en jouant sur la focale - croissante au cours du film - des objectifs, Lumet joue avec les distances. Les murs semblent se resserrer autour des personnages. La pièce paraît de plus en plus exiguë. Les chemises sont poisseuses. L'atmosphère, suffocante.

Cette sensation d'une claustrophobie grandissante m'a permis de maintenir la tension jusqu'à la fin où j'ai utilisé un angle large pour laisser le spectateur respirer.

C'est au travers de ce juré n°8, opposé à l'arbitraire et garant de la raison plutôt que de l'émotion, que Sidney Lumet délivre son message en faveur de la démocratie. Et au-delà, il est convaincu que nous pouvons tous incarner ce personnage-là et faire pencher la balance du « bon » côté : c'est ce qui caractérisait son cinéma.