derborence.jpg, avr. 2022
Bizarrerie d'alpages de haute montagne suisse

C'est un film mal foutu, malgré la qualité de la restauration, malgré le travail sur le son. Un film rempli de maladresses, avec des qualités et des défauts à chaque poste, à l'image de l'interprétation qui oscille entre le théâtral bancal et le lyrisme champêtre. Mais voilà, mettez Bruno Cremer dans le rôle de Séraphin, un berger évoluant dans les hautes montagnes suisses, et déjà je cède. Derborence, c'est le nom d'un petit village autour duquel pâturent les troupeaux de deux hommes, et Francis Reusser adapte un roman qui s'intéresse dans sa première partie aux relations filiales qu'ils entretiennent. Un jeune homme qui garde les bêtes dans les alpages avec celui qu'il considère comme son père, et sa femme, qui travaille au village avec sa mère : voilà pour le cadre, essentiellement. Un jour, un éboulement ensevelit Derborence et les deux hommes avec. On les croit morts, et un jour, plusieurs semaines plus tard, le jeune berger réapparaît comme un fantôme.

Par son étrangeté, son ambiance manifestement atypique, Derborence rebutera les uns et intriguera les autres — je fais partie de la seconde catégorie, même si tout n'est pas passé avec une fluidité incomparable. Sa femme, enceinte, se croit veuve ; son comportement est très étonnant, beaucoup de séquences semblent irréelles, on ne comprend pas tout à fait ce qu'il se passe lorsqu'elle boit un coup avec un inconnu moustachu et rigole pendant un long moment. Lui a survécu avec du pain, du fromage et de l'eau dans les rochers ; quand il revient, c'est un revenant qui a les allures d'un fantôme. Les deux ont changé et les retrouvailles seront tout aussi étranges, compliquées, débouchant sur la seconde partie du film, au moins aussi déroutante que la première. Des plans magnifiques de montagnes enneigées, des estives inaccessibles, des chants mystérieux, une insécurité insaisissable... Je suis bon client.

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