dig.jpg, juin 2023
"I've never seen them eat. All I've seen them do is drink liquor and snort drugs."

Sous couvert d'un docu relatant la relation entre amis et rivaux des Brian Jonestown Massacre de San Francisco et des Dandy Warhols de Portland, Dig! est en réalité avant tout le portrait d'un grand malade. Je connaissais la réputation de Anton Newcombe, pas le dernier des psychopathes, mais alors à la faveur du film de Ondi Timoner rapportant des faits et des images sur plus de 7 années, il se dessine quelque chose de complètement barjot.

À titre personnel je ne comprends pas trop le délire autour de l'opposition entre les deux groupes (dans le thème Beatles-Stones ou Blur-Oasis), tant pour moi ils évoluent dans des sphères radicalement opposées — il faut pour préciser cela que je parcoure la musique des Dandy Warhols, prochains devoirs. Ces derniers semblent vraiment beaucoup plus tournés vers la Pop / Indie Rock là où TBJM évoluent dans des sphères clairement Psych ou Neo-Psych. À creuser pour mieux saisir les tenants de cette rivalité. Sur le plan anecdotique, la micro-séquence avec Harry Dean Stanton qui apparaît dans l'embrasure d'une porte est une petite gourmandise personnelle, tout comme Matt Hollywood le bassiste qui cultive sa ressemblance avec John Lennon.

Il y a en tous cas à l'origine un point commun, des concerts et des tournées assurées ensemble pour les deux groupes, forts d'une certaine admiration réciproque, avant que les choses ne se gâtent. Le tout raconté par Courtney Taylor-Taylor, leader des Dandy ("I've never seen them eat. All I've seen them do is drink liquor and snort drugs"). Pour moi il n'y a pas photo, TBJM est un groupe infiniment plus riche et intéressant. D'un côté la recherche de la gloire et du succès commercial, de l'autre une tendance au sabotage de carrière qui ressemblerait presque à une forme de masochisme chez Newcombe... Ce personnage est vraiment fou, partagé entre des élans charismatiques et des comportements cyclothymiques : il faut voir les nombreuses séquences de pétage de plomb, y compris sur scène. On peut penser que le geste de Ondi Timoner n'est pas du tout représentatif, les bastons à répétition n'étant probablement pas systématiques, mais clairement les conflits d'égo et les problèmes de drogue sont systémiques, il n'y a pas l'ombre d’un doute. En toile de fond, une vision de l'industrie musicale avec maisons de disques, négociations de contrats, etc. Comme il le dit lui-même, si Anton pouvait se cloner et faire un groupe tout seul, il le ferait.

img1.png, juin 2023 img2.png, juin 2023 img3.png, juin 2023 img4.png, juin 2023