Ce roman à la première personne, qui semble parfois flirter avec l'autobiographie, retrace le parcours de Saul Indian Horse, un enfant indien dans les années 60 au Canada. Le premier tiers du livre peut s'apparenter au genre Nature Writing avec sa plongée dans la culture traditionnelle Ojibwé. Les règles éthiques qui régissent la vie quotidienne de ce peuple sont enseignées par sa grand-mère qui sera pour Saul, son dernier rempart contre l'assimilation des blancs américains. Des enfants autochtones sont arrachés de leur famille, à l'instar de son grand frère qui parviendra tant bien que mal à fuir de son pensionnat. Les scènes familiales dans la forêt de leurs ancêtres, à l’image de la récolte du riz sauvage avec son frère, sont traversées de fulgurances poétiques.
L'émotion est déjà forte lorsque Saul est conduit à son tour dans un pensionnat, le « St Jerome’s Indian Residential School » qui est un "orphelinat" catholique du genre intégriste. Les portraits de ses camarades du désespoir alternent avec ceux de leurs instructeurs - des soeurs et des prêtres - décidés à "tuer l'Indien dans le cœur de l'enfant". A ce titre, le roman est un puissant travail de mémoire sur ces pensionnats qui ont fait l'objet de sept années d'enquête et des milliers d'entretiens après la mise en place en 2008 d'une Commission de vérité et de réconciliation, concluant à un génocide culturel. Saul apprend cependant à lire, sait assez de zaunagush (l’anglais) pour s’évader dans les histoires. Et surtout, il développe une passion pour le « jeu blanc », le hockey sur glace. Trop petit pour jouer, il obtient d’un prêtre plus amical le droit de nettoyer la patinoire…
Le destinée de Saul est encore longue et les moments forts sont nombreux. Le sport devient central dans l'histoire, les retranscriptions de plusieurs matchs de hockey en extérieur et en plein hiver canadien sont admirables. J'ai cru cependant que ce basculement de l'histoire serait l’acmé du livre, faisant filer l'histoire sur un terrain qui laisse froid le lecteur non converti à ce sport. Il n'en est rien car le cheminement de Saul vers l'âge adulte est captivant de bout en bout. Cette passion pour le hockey va être à la fois le refuge puis le catalyseur d'une introspection. Je ressors ému de ce roman de Richard Wagamese (1955 - 2017) qui nous offre une leçon de résilience (jamais naïve) face aux humiliations et aux violences subies.
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Oh, très très intrigant en effet ! Merci pour l'info. PS: D'ailleurs.…
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Je note ce Ken Loach pour un jour. Ce tableau-là est très réussi, et il…
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Ah mince, quand on n'est pas sûr Bluesky on ne peut pas voir le contenu... :-/
05/10/2024, 20:35
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05/10/2024, 12:55