On a sans doute là ce que la comédie française pré-Nouvelle Vague (bien que réalisée en 1964) peut produire de plus anticonformiste et de sophistiqué. Le fait que La Chasse à l'homme soit une sorte de film à sketches déguisé en une unité ne m'a pas du tout dérangé car on peut très bien se conter du fil rouge ténu qui unit les différentes parties, notamment grâce aux étincelles produites par les différents atouts de la distribution. J'ai littéralement passé 1h30 à bader la jeunesse étincelante et vibrionnante de cette pléthore d'acteurs et actrices à la fois un peu à l'étroit dans un exercice de style très balisé et dans le même temps incroyablement libre de leurs mouvements. Jean-Claude Brialy, Claude Rich et Jean-Paul Belmondo d'abord, côté masculin. Puis Marie Laforêt, Marie Dubois, Catherine Deneuve, Françoise Dorléac pour la réponse féminine. Avec dans les interstices libres Hélène Duc, Michel Serrault, Bernard Blier, Francis Blanche, et pas mal de dialogues d'Audiard qui font monter la sauce du liant — quand bien même il y aurait pas mal de Tontons flingueurs réchauffé.
Mais alors, la fraîcheur de Brialy, le raffinage de Rich, la désinvolture contenue de Belmondo... Et la beauté magique de Deneuve au début de ses 20 ans, elle ne tient pas une place majeure dans le film (à la différence de sa sœur, Dorléac, dans la seconde partie, un peu poussive malheureusement) mais elle l'irradie intensément.
Le reste est presque accessoire, au final on ne s'intéresse que très peu aux pérégrinations de l'homme sur le point de se marier dissuadé par ses copains : on est plutôt concentré sur le job de proxénète de l'un des deux et sur la croisière en Grèce dans laquelle l'homme presque marié s'engage. On s'accroche à quelques répliques d'Audiard (au sujet de Dorléac, on lui dit que si elle posait nue ce serait un Renoir, mais que si elle s'était cassée la gueule en escaladant l'hôtel, ce serait un Picasso, en substance), on suit de loin le jeu du chat et de la souris entre Brialy et Dorléac à Athènes, et au final on se satisfait beaucoup de rester en haut de la vague de la comédie vivace que faisait tourner avec vigueur une jolie bande de jeunes (futures) stars. Avec un brin de nostalgie au coin des yeux. On est à des années-lumières du policier glaçant Un témoin dans la ville sorti 5 ans avant, un style que Molinaro ne reproduira jamais dans sa carrière, mais qu'importe.
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