
Dans un style très éloigné des films les plus connus de Wojciech Has comme La Clepsydre (ou même La Poupée) qui déployaient (ou plutôt déploieront) une toile onirique extrêmement vigoureuse par-dessus un récit particulièrement ambitieux, Le Nœud coulant se présente comme l'immersion dans le quotidien d'un jeune alcoolique polonais d'une trentaine d'années. Le noir et blanc, l'ambiance stressante, les cadres exigus, tout porte à croire que l'on est dans un univers qui n'a rien à voir avec le voyage dans un étrange sanatorium doublé d'un voyage dans le temps du film précédemment cité. On se croirait presque dans un film noir américain, entre la sonnerie du téléphone déclenchant une angoisse viscérale ostensible chez le protagoniste et la présence de stéréotypes à peine esquissés.
Mais rien de tout cela : c'est l'histoire d'un alcoolique qui a décidé d'arrêter de boire mais qui doit attendre une journée avant de pouvoir commencer son sevrage en bonne et due forme. Une journée à être confronté à tout le microcosme qui connaît (voire participe à) sa réputation d'ivrogne, avec ceux qui le traitent comme un moins que rien en le rappelant sans cesse à sa triste condition ou la cohorte de camarades de bouteille. Cette journée dans la vie de Kuba, l'homme incarné par Gustaw Holoubek (très crédible dans son rôle, notamment au bar avec l'alcool qui semble transpirer par tous ses pores), s'apparente avant tout à une errance triste, une trajectoire qui cherche à s'extraire d'un cycle infernal mais qui se transforme sans cesse pour renouer avec un cercle vicieux.
L'anxiété omniprésente traverse sans mal l'écran pour développer une paranoïa kafkaïenne, à mesure que le personnage évolue dans les rues, dans les bars, jusque dans son appartement. Un homme qui tente désespérément d'échapper à son isolement mais qui échoue dramatiquement, laissant derrière lui un nuage alcoolisé hypnotisant. Absolument tout le ramène à cette obsession, à son addiction. Même une horloge et l'aiguille qui tourne s'impose comme un symbole oppressant à ses yeux. La bouteille de vodka comme principal antagoniste d'un simili film noir : le schéma était quand même très peu prévisible.


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