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"Voyager c'est bien utile, ça fait travailler l'imagination."

Premier film avec Michel Audiard à la réalisation que je vois, et on ne peut pas dire que ce soit une franche réussite. Ce semi-échec paraissait pourtant exclu d'emblée, si l'on considère la présence de trognes comme celles de Jean Gabin devant la caméra, du fameux Audiard à l'écriture des dialogues, de Brassens à la musique, et de toute une cohorte de seconds rôles attachants de la scène française d'alors, comme Claude Piéplu, Jean Carmet, ou encore Jacques Marin (un nom pareil, ça ne s'invente pas dans ce contexte maritime).

Et pourtant, ça ne coule pas de manière si fluide que ça. Déjà, on a la désagréable impression que les acteurs, à commencer par Gabin lui-même, récitent leur texte (écrit par Audiard, donc) de manière artificielle. Presque comme une récitation scolaire, si on voulait être un peu méchant, mais en tous cas rien de naturel là-dedans, alors que de telles saillies ont un grand besoin de naturel pour ne pas résonner dans le vide. Tout cela est beaucoup trop écrit, comme si Audiard avait eu la main un peu trop lourde — sa filmographie en tant que réalisateur n'a pas l'air particulièrement brillante, c'est peut-être un trait commun qui se dégage ici.

Audiard est en outre un peu trop ambitieux et court trop de lièvres à la fois, avec pour résultat une mixture mitigée sur à peu près tous les tableaux. Gabin n'est pas particulièrement truculent dans le rôle de ce marin baroudeur et grand aventurier, un comble, et la désillusion sur laquelle le film se termine (il s'agit d'une immense imposture, et on comprend rétrospectivement les raisons derrière certaines décisions du protagoniste dans la première partie) ne produit pas vraiment l'amertume recherchée, autour des rêves à réaliser des uns et des rêves jamais réalisés des autres. La faute, entre autres, au portrait de l'enfant un peu bâclé, lui qui aura été laissé de côté pendant une grande partie du film et sur qui pourtant tout repose à la fin.

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