La fin des années 1960 marquent à mes yeux la fin de la période dorée de la carrière de John Frankenheimer, laissant derrière lui une décennie remplie de grands films et ouvrant la voie à 30 années peu recommandables. The Gypsy Moths se situe donc à une étape charnière, même si par sa tonalité étrangement mélancolique pour l'époque et par sa volonté de montrer avec franchise les délires un peu vains d'un trio de parachutistes, il dispose de suffisamment de points positifs pour se situer du bon côté.
Mais Frankenheimer n'a pas recours à une subtilité hors-norme pour avancer ses pions : c'est même plutôt assis sur son petit bulldozer, en compagnie de son scénariste, qu'il fait les présentations. Tableau de l'Amérique rurale abandonnée où l'on dirait que tout le monde s'ennuie, arrivée en grande pompe des trois amis avec leurs numéros d'acrobates, et surtout description très appuyée de la psychologie de personnages qui défient la mort à chaque nouveau saut... Sur le plan de l'écriture Les parachutistes arrivent a énormément vieilli et affiche une composante programmatique qui couine une peu en offrant un immense ventre mou dans lequel on observe les différents personnages patienter et prendre du bon temps.
Le côté didactique est un peu envahissant il faut le reconnaître : il y a Burt Lancaster pour qui le saut en parachute est une quête existentielle, Gene Hackman pour qui il n'est question que d'activité professionnelle et de business, et Scott Wilson le jeune de la bande qui suit les pas de son père spirituel. Trois portraits parfaitement complémentaires qui sont un peu dénués de surprise, et qui renforcent encore leur rigidité en observant les romances savamment différenciées : celui qui passe la soirée avec une strip-teaseuse, celui qui n'arrive pas à conclure avec la jeune voisine, et Lancaster qui irradie de tout son charme sur Deborah Kerr, une femme mariée, tombée dans un mélange d'extase et de paralysie lors de leur rencontre. La relation sentimentale entre les deux qui s'esquisse (16 ans après leur baiser langoureux sur la plage dans Tant qu'il y aura des hommes aka From Here to Eternity de Zinnemann, c'est à noter) est à la fois très ampoulée, très forcée, dont les coutures sont trop visibles, mais malgré tout relativement originale dans certaines éléments osés et modernes au niveau de la mise en scène — notamment sur la nudité de Kerr.
Le dernier temps du film offre du spectacle avec une répétition un peu lassante de sauts, partagés entre voltiges véritables et fonds verts, pour se terminer sur une note dramatique annoncée depuis le début. Malgré la faiblesse de la tension qu'il reste 50 ans plus tard et la désuétude du traitement de l'attirance vers la mort ("Why are you taking so many chances now? What are you trying to prove?"), le niveau de curiosité se maintient a minima.
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