Pour commencer sur une note négative, Kornél Mundruczó passe à côté d'un très beau film à mes yeux, la faute à beaucoup de mauvais tics de réalisation qui viennent démesurément alourdir l'histoire d'un drame qui n'avait vraiment pas besoin de tous ces éléments pénibles en surcharge. C'est vraiment dommage, presque rageant, car pour son premier film en langue anglaise il était parvenu à dépasser le côté poseur qui m'avait beaucoup rebuté, de la même manière, dans White God ainsi que dans La Lune de Jupiter... Mais voilà, il y a en réalité quelques restes de ces mauvaises habitudes puisqu'il s'est visiblement senti obligé de parsemer son film de nombreux détails à caractère symbolique qui ont malheureusement gâché une bonne partie du visionnage. En termes de durée totale, ils ne représentent pas grand-chose objectivement, mais ils parviennent à saboter toute la dynamique du film en venant briser de temps en temps la simplicité d'un mélodrame féminin attachant par ailleurs.
Le très bon point de Pieces of a Woman, c'est clairement pour moi son interprète principale en la personne de Vanessa Kirby, vraiment convaincante dans le portrait qu'elle rend de cette femme brisée par (ce point est révélé assez tôt dans le film) un accouchement qui s'est soldé par la mort du bébé et ensuite broyée par le poids des différentes contraintes, de son mari, de sa famille, de son travail, etc. Elle est tout particulièrement émouvante dans ce rôle, marquant bien au-delà de la seule séquence introductive de près de 30 minutes centrées sur ledit accouchement à la maison qui vire à la catastrophe. J'ai en outre trouvé très pertinente l'importance accordée au segment dévoué à la sage-femme, une source de malheur parmi d'autres, sans en faire des tonnes dans cette direction. C'est ainsi aussi un film sur le deuil bien sûr, dans un environnement hostile avec son mari qui pète de plus en plus les plombs (Shia LaBeouf, très correct, même si sa position vis-à-vis de cette famille bourgeoise ne fait aucun sens) et sa mère désagréablement intrusive (Ellen Burstyn, idem, très convaincante).
En matière de mélodrame sur le couple, Pieces of a Woman dispose de solides arguments. Arguments tristement pervertis par la présence de nombreux petits naufrages scénaristiques, qu'il serait vain de lister mais dont certains sont effroyables de nullité — sur le plan symbolique, avec des graines de pomme qui bourgeonnent à la fin sur le thème "la vie reprend" avec double ration puisque l'image du pommier reviendra clore le film, ou encore ce pont en construction qui suit le cours du film en miroir, mais également sur le plan purement scénaristique, avec des coïncidences flirtant avec l’invraisemblable comme ce grand hasard de la découverte de photos précisément au moment de rendre le verdict au procès... Mais on peut tout à fait ne pas se laisser contaminer par ces obstacles, ne pas trébucher pleinement, et je conserverai malgré tout un avis positif sur tout le versant factuel qui a trait au portrait féminin, consacré à la destruction inexorable d'une cellule familiale en gestation.
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