Quête sur quête

Le récit d'apprentissage côté enfance plutôt qu'adolescence, dans son sous-registre "on part à l'aventure sans l'accord des parents", donne l'impression de rejouer éternellement le même scénario ou presque. En ce sens, regarder Riddle of Fire revient un peu à questionner la distance qui sépare ce premier film de Weston Razooli (qui occupe également un rôle mineur au casting) des classiques invariablement cités, des Goonies à Stand by Me pour rester dans la décennie 1980s qui a vu naître le genre.

Ce préambule un peu terne et tristounet ne cachera pas longtemps le plaisir de visionnage qu'est parvenu à susciter un film qui se donne autant de mal pour proposer un emballage renouvelé, très intrigant, et globalement très bien confectionné. Les "petits trucs" fourmillent dans tous les sens, même si en définitive c'est une aventure qui réussit davantage dans l'évitement des mauvais points habituels que dans l'enchaînement des vrais succès, et la première chose qui accroche le regard passe par cette pellicule argentique agréablement mise en valeur dans ce coin rural de l'Utah, avec ses tonalités pastel, ses lumières douces, ses couleurs agréables. Un soupçon de fantastique parcourt l'intégralité de l'histoire sans jamais prendre le dessus, une enveloppe de conte enfantin d'heroic fantasy faussement typé 1970s, un des gamins qui a droit à des sous-titres celtiques pour on ne sait quelle raison, et un torrent d'autres bizarreries cosmétiques qui habillent les pérégrinations de la bande adepte de motocross et de fusils paintball.

Riddle of Fire ne cache pas vraiment son programme et avance à découvert sa structuration son la forme de quêtes qui s'enchaînent les unes à la suite des autres, par transitivité infinie, A → B, B → C, C→D, etc. Ils veulent jouer à la console → Ils vont en voler une dans un entrepôt → Ils ont besoin du code parental → Ils doivent trouver une tourte à la myrtille pour la mère malade → Ils partent à la recherche de la recette puisque la boulangerie n'en a plus → Ils réunissent les ingrédients → etc. Au milieu de tout ça, on croise une secte perchée de braconniers, une fille de leur âge maîtrisant la magie elfique, et même une reprise de la musique de Riz Ortolani composée pour Cannibal Holocaust utilisée dans des conditions radicalement opposées...

Même si cette constellation d'ingrédients bigarrés compose quelque chose qui peut s'apparenter à une caricature abstraite de cinéma arty et indie, un peu coincée dans sa structure répétitive de chasse à l'œuf tacheté, comportant quelques longueurs caractérisées (par exemple la scène de la danse), l'hommage à l'enfance et à son imaginaire me paraît malgré tout sincère tout en réussissant à créer une atmosphère bariolée captivante et insolite.