illustration de couverture

Bon sang de bonsoir, quel livre ! Il est bien difficile de croire que Terres Promises est le premier livre de Bénédicte Dupré La Tour tant celui-ci est époustouflant. Sa sœur jumelle, Florence, est dessinatrice de bandes dessinées, peut-être faut-il se pencher sur sa trilogie BD autobiographique Cruelle, Pucelle et Jumelle, pour élucider la naissance de cette soeur-écrivaine.

En alternant le genre épistolaire et narratif, Bénédicte Dupré La Tour forme une construction impeccable pour nous raconter l’itinéraire de ses sept personnages, entendez, des voix oubliées de la conquête de l’Ouest :

Eleanor, la prostituée qui attend l’heure de se faire justice ; Kinta, l’indigène qui s’émancipe de sa tribu ; Morgan, l’orpailleur fou défendant sa concession au péril de sa vie. Par delà les montagnes, arpentez les champs de bataille avec Mary ; suivez la traque de Bloody Horse, et rêvez de la liberté sauvage avec Rebecca. Parmi les colons et les exilés, vous croiserez sûrement la route du Déserteur, et une fois imprégnés de la véritable histoire de l’Ouest, le Bonimenteur vous apportera votre consolation contre quelques pièces.

(extrait de quatrième de couverture)

Cette œuvre qui pourrait être lue comme un recueil de nouvelles, forme un roman choral qui ne relâche jamais notre stupéfaction. La langue est impressionnante, tout en circonvolutions ; ce qui serait un défaut chez beaucoup d’écrivains semble ici faire émerger un tragique de répétitions et transcender la réalité. Les mots sont percutants rejouant des scènes familières de la conquête de l’Ouest en jetant un regard aigu sur l'envers du décor.

C'est une part terrible de la condition humaine qui nous est donnée à voir à travers ces existences et plus spécialement la condition des femmes en pénétrant leurs pensées les plus intimes, lorsque les hommes n’avaient qu’une idée en tête : la ruée vers l’or. Ces portraits résonnent bien au delà de ce contexte historique, révélant toute une dramaturgie faite de luttes intestines et de violences sexuelles. Chacune de ces nouvelles possède une fin magistrale et chacune de ces nouvelles, mises en correspondances, tisse un roman à la morale cinglante. En trois mots, un western sublime.