Comme les nombreux tags de ce billet le suggèrent, il est très difficile de qualifier précisément le genre de musique que produisirent les Cramps. Ce qui est sûr, c'est que le passé est de rigueur, puisque Lux Interior, le chanteur et cofondateur du groupe avec la guitariste Poison Ivy, est mort en février 2009.
Ce sont eux deux qui, au milieu des années 1970, ont profité de leur rencontre — amoureuse — pour fonder le groupe qui deviendra une véritable référence (voir par exemple The Mummies et The Meteors). Les débuts ne furent pourtant pas des plus faciles : n'étant pas des professionnels à la base, ils jouèrent leur premier concert en première partie des Dead Boys avec des cordes neuves, et donc constamment désaccordés, ce qui leur valut une interdiction de revenir se produire au célébrissime CGBG & OMFUG (« Country, Bluegrass, Blues and Other Music For Uplifting Gormandizers »), lieu de naissance de pas mal de groupes Rock underground. Mais ils s'imposèrent rapidement sur les scènes new-yorkaises grâce à leur style unique : des riffs d'outre-tombe mêlant Punk sixties, Garage et Rockabilly, mais aussi Blues, Rock 'n' Roll et Psychédélic Rock (certains parlent même de « Psychobilly », même si le groupe de référence en la matière reste The Meteors). Et des prestations scéniques toujours plus folles, comme en témoigne la vidéo du live de I Was A Teenage Werewolf...
Leur premier vrai album, Songs The Lord Taught Us (1980), contient pas mal d'excellentes reprises de Charlie Feathers et Hasil Adkins, ce qu'on retrouvera sur des albums comme Psychedelic Jungle (1981) ou les très bonnes compilations Off The Bone (1983) et Bad Music for Bad People (1984).
Les titres qui permettent de se plonger au mieux dans cet univers animal : Mad Daddy, Garbageman, TV Set, Human Fly, I Was A Teenage Werewolf, et les reprises Strychnine, She Said, I Can't Hardly Stand It, Primitive... Et l'énorme Fever, la meilleure de toutes les versions qu'il m'ait été donné d'écouter, parmi l'originale de Little Willie John et les reprises de James Cotton, Elvis Presley, Ray Charles, The Doors, Ella Fitzgerald, etc.
Lux et Ivy avaient pour commune passion l'horreur des films de série B, et leur musique transpire cette horreur-là. Mais c'est surtout sur scène qu'on peut observer leur côté complètement dérangé (cf. la vidéo ci-dessous), avec des performances comparables à celles d'Iggy Pop à la fin des 1960s / début des 1970s. Un peu vieillis mais jamais surannés, cela faisait un moment que les Cramps n'étaient plus aussi bons qu'à leurs débuts ; il n'en demeure pas moins un groupe mythique qui laisse un vide abyssal derrière eux.
D'autres vidéos : Tear It Up, Fever, The Mad Daddy, ...
2 réactions
1 De Gilles - 10/10/2011, 11:22
Iggy popien oui. Lux sur scène me fait aussi un peu penser à Peter Murphy du groupe Bauhaus (dont on dit qu'ils font partie des précurseurs du mouvement gothique) sur une chanson comme The Passion Of Lovers... en plus habillé. Sur Tear ip up, Lux est fascinant.
2 De Renaud M. - 13/10/2011, 23:04
C'est vrai que les gars de Bauhaus étaient sacrément déjantés sur scène (enfin, surtout le chanteur), dans un autre registre. Leur album In That Flat Field (1980) est un bijou avant-gardiste en terme de rock gothique, c'est vrai. Mais les Cramps ne jouent pas dans la même catégorie, c'était pas vraiment du gothique ; c'est même presque un genre à part entière, en grande partie grâce à Lux. Et Ivy.