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Détrompez-vous, ceci n'est pas la chronique d'un navet cinématographique mais bien, comme le suggèrent les images ci-dessus, celle d'un (excellent) groupe de Garage / Punk des années 1990.

The Mummies sont originaires de San Mateo, dans la proche banlieue de San Francisco. Depuis leur formation en 1988, ils cultivent sur scène et ailleurs une attitude je-m’en-foutiste et débile, non sans rappeler un groupe mythique des années 1960-1970 : The Monks, complètement déjantés avec leur costume de moine et célèbres pour leur tonsure (1). En toute logique, les Mummies arrivaient sur scène avec des costumes en loque faits de bandelettes, pour des concerts phénoménaux qui ne ménageaient pas le public.
Mais attention ! Si la forme a son l'importance, le fond n'est pas pour autant négligé : il s'agit d'un vrai groupe de Rock, influencé par le Garage des sixties qu'ils reprennent à leur sauce, Punk et volontairement stupide. Les albums de 1992 The Mummies: Play Their Own Records! et Never Been Caught (sorti sous le nom Fuck C.D.s! It's The Mummies en Angleterre) sont vraiment étincelants. On pense notamment à leur version de You Really Got Me des Kinks, transformé en un pastiche jouissif Stronger Than Dirt rappelant les détournements hilarants des Dead Kennedys.  Cette attitude est loin d'être stupide, puisqu'elle vient en réaction à la musique de leurs voisins de Los Angeles et sa scène dite « Paisley Underground », un sous-genre du Rock alternatif (Dream Syndicate, The Three O'Clock, Rain Parade, The Bangles) dont ils n'aimaient pas la manière de faire sonner trop proprement le Garage. On peut citer d'autres groupes assez proches : The Sonics, standard du genre, dont ils reprirent Shot Down ; The Gories, qui en seraient la version Blues ; et Thee Mighty Caesars (le titre That's Mighty Childish y fait explicitement allusion), avec leur guitare tranchante et leur leader Billy Childish qui déclara : « The only garage group I loved were The Mummies. »

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Autre fait marquant, leur rejet de toute forme de professionnalisme, y préférant un « Do It Yourself » radical. Sans même parler des concerts, ils enregistrent leurs albums un peu n’importe où et n’importe comment : matériel archaïque, endommagé et parfois désaccordé, vieille ambulance Pontiac repeinte à l'arrache. Jusqu'en 2003, leurs disques n'étaient disponibles qu'en vinyle, assortis d'un sympathique « F*ck CDs ». En ce sens, ils sont à l'origine de ce qu’ils nommèrent eux même le « Budget Rock ». Même s'ils se sont mis au CD, ils ne sont pas pour autant rentrés dans le rang : il suffit de jeter un coup d’œil à leur site web (www.themummies.com) totalement foutraque pour s'en convaincre. Vous n'y retrouverez pas les boutons stupides de Facebook ou Twitter ; plus précisément, voilà ce qu'on peut lire quand on essaie de cliquer sur ce qui y ressemblait de loin : « The Mummies are not your friends. The Mummies don't tweet, twat, connect, share, like, friend or give a damn. » Et pour être définitivement convaincu de leur état pathologique, voici ce qu'on trouve en farfouillant sur le site :

« The Mummies were a stupid band. This is their stupid Website. You cared about them enough to get this far. Now you are stupid too. That's the Mummies'. »

Pour ceux que ce morceau instrumental rebuterait : deux versions live de The Fly, l'une un peu destroy et l'autre un peu plus soft. Et les versions studio de Stronger Than Dirt et Your Ass (Is Next In Line).


(1) Certains de leurs fans n'hésitaient pas à adopter leur coiffure et à se vêtir de capes noires.