heros_magnifique.jpg, oct. 2020
La tatane tragi-comique

Le Héros magnifique, ou "The Magnificent Butcher" dans sa version internationale, compose une impressionnante kung fu comedy, tant du point de vue de la chorégraphie des bastons abondantes que de la tonalité qu'il adopte pour raconter l'histoire, évoluant de la comédie la plus naïve et la plus franche (dans la droite lignée des films comme Le Marin des mers de ChineSammo Hung donne la réplique à Jackie Chan) à un sens du tragique très frontal. Au sein d'un tel référentiel comique, c'est la première fois que je vois des morts aussi violentes (pas graphiquement, mais psychologiquement disons) dans ce registre du film d'arts martiaux : la composante dramatique se révèle très surprenante.

Les deux grosses attractions du film sont très clairement Sammo Hung et Fan Mei-sheng. Le premier, dans son registre classique de rondouillard débonnaire, un peu trop naïf, principal ressort comique des innombrables imbroglios qui insufflent énormément de rythme à l'histoire, dans un rôle étonnamment physique. Le second dans un rôle de sensei qui rappelle un drunken master, les trois quarts du temps bourré, totalement inoffensif en apparence mais parfaitement redoutable quand il se décide à participer aux tatanes environnantes. Lorsqu'il s'immisce dans les bastons générales, il en fait des moments parmi les meilleurs du film, un mélange d'acrobaties de l'espace et d'humour décontracté bien dosé.

Le combat final, lorsque Sammo Hun oppose aux "Five Elements" du kung-fu de son adversaire les "Five Animals" que lui a enseignés / rappelés son maître, traîne un peu en longueur, en se focalisant sur des coups rapprochés, sans trop d'interaction avec l'environnement, et faisant la part belle aux bruitages un peu kitsch. Mais tout le film baigne dans une telle effervescence, injecté d'humour potache et de tension dramatique, que cette dernière parvient à préserver l'originalité très appréciable du reste. Un gros morceau du cinéma hongkongais à mes yeux de semi-néophyte, avec des chorégraphies parfois survitaminées. Et puis Sammo Hung qui fait le con au marché avec ses cochons, c'est inestimable.

epreuve.jpg, oct. 2020