jeudi 25 juillet 2024

Aloha, Bobby and Rose, de Floyd Mutrux (1975)

L'art des blagues ratées

Aloha, Bobby and Rose est un film très stéréotypique du road movie américain des années 70 faisant la part belle à deux de ses composantes majeures : la jeunesse et l'errance. Il appartient à cette catégorie du cinéma qui capte une atmosphère, plus ou moins involontairement quand on le juge avec 50 ans de retard, avec ce genre d'approximation générale qui fait autant son charme que sa principale limitation. C'est la rencontre entre deux jeunes adultes un peu paumés, Paul Le Mat dans le rôle d'un mécanicien qui galère sur le plan financier, toujours à court d'argent et incapable d'honorer ses dettes (y compris celles contractées lors de parties de billard contre des chicanos peu amènes), Dianne Hull dans celui d'une jeune mère célibataire seule avec son enfant. Une rencontre qui aurait pu marquer le début d'une stabilisation, économique, sentimentale, existentielle, mais qui au contraire catalyse une réaction en chaîne les poussant à franchir la frontière pour fuir au Mexique.

Détail amusant, Paul Le Mat aka Bobby ici pourrait très bien figurer les origines du personnage qu'il interprètera 5 ans plus tard dans Melvin and Howard, Mary Steenburgen s'étant transformée en Dianne Hull : point de fuite d'un même portrait, celui de la middle class avec ses multiples galères et ses rêves d'avenir meilleur qui se perdent dans l'illusion de l'American dream. Floyd Mutrux déploie sa toile narrative avec la décontraction que l'on connaît dans le cinéma américain 70s, c'est-à-dire avec de nombreuses zones de flottement qui laissent certains segments totalement de côté au gré des soubresauts subis par le protagoniste. Le résultat n'est pas désagréable, au contraire, si l'on adhère à cet état d'esprit. Ces événements qui s'éclipsent les uns les autres appuient la trajectoire des deux personnages, lancés dans une échappée qu'ils ne maîtrisent pas le moins du monde — à chaque séquence son potentiel souci.

L'ironie est particulièrement marquée par une embrouille plus grosse que les autres, celle qui les contraindra vraiment à détaler, une blague dans un convenience store qui tourne mal : faux hold-up mais vrai trépas. Aloha, Bobby and Rose poursuit un objectif qui tranche légèrement avec la norme du sous-registre en adoptant un regard très sensible sur les difficultés rencontrées par le jeune couple, avec une petite particularité concernant la fille embarquée un peu malgré elle dans l'histoire.

mardi 23 juillet 2024

Le Raid (The Raid), de Hugo Fregonese (1954)

Infiltration confédérée à la frontière canadienne Western hybride très curieux, adoptant un positionnement original vis-à-vis de la guerre de Sécession en plaçant les enjeux au nord des États-Unis, à la frontière entre les pays de l'Union et le Canada. Le camp des confédérés est montré comme à bout  […]

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lundi 22 juillet 2024

Riddle of Fire, de Weston Razooli (2024)

Quête sur quête Le récit d'apprentissage côté enfance plutôt qu'adolescence, dans son sous-registre "on part à l'aventure sans l'accord des parents", donne l'impression de rejouer éternellement le même scénario ou presque. En ce sens, regarder Riddle of Fire revient un peu à questionner  […]

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vendredi 19 juillet 2024

Le Destin d'un homme (Судьба человека, Soudba tcheloveka), de Sergueï Bondartchouk (1959)

Le deuil du soldat Ce tout premier film de Sergueï Bondartchouk en tant que réalisateur (après dix années en tant qu'acteur) se loge dans le sous-registre du cinéma soviétique du milieu du XXe siècle qui aborde le thème de la guerre sous un angle radicalement intimiste, mettant de côté les  […]

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mercredi 17 juillet 2024

Of Fungi and Foe, de Les Claypool (2009)

De tous les albums de toutes les formations du bassiste et chanteur Les Claypool que j'ai pu écouter jusqu'à présent, c'est clairement ce bizarroïde Of Fungi and Foe qui surclasse tous les autres. Bon il suffit d'écouter deux ou trois morceaux pour se rendre compte que ces gens-là abusent  […]

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lundi 15 juillet 2024

Auprès de moi toujours, de Kazuo Ishiguro (2005)

Ce roman de Kazuo Ishiguro suit la vie de trois amis Kathy, Ruth et Tommy dans un pensionnat anglais isolé appelé Hailsham. Les divers secrets sur le pensionnat sont révélés au cours du texte, mais il est presque impossible d'identifier précisément à quel moment le lecteur est parvenu à faire toute  […]

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jeudi 11 juillet 2024

Le Clan des irréductibles (Sometimes a Great Notion), de Paul Newman (1972)

"Never give an inch." J'ai attendu une dizaine de jours après avoir terminé le pavé de Ken Kesey avant de me lancer dans l'adaptation cinématographique de Paul Newman. Étant données l'ampleur conséquente de la fresque de 900 pages et la faible longueur du film qui n'atteint même pas la  […]

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mardi 09 juillet 2024

À pas aveugles, de Christophe Cognet (2021)

Contextualisation photographique Le sujet est intéressant et le projet intriguant : Christophe Cognet a pris connaissance de photographies réalisés par quelques déportés depuis l'intérieur des camps de Dachau, Buchenwald, Mittelbau-Dora, Ravensbrück et Auschwitz-Birkenau, en prenant de grands  […]

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