mercredi 16 juillet 2025

City of Hope, de John Sayles (1991)

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"If you have a brain tumor you wouldn't shop around for the cheapest surgeon, you'll look for the best."

Probablement le film le plus désabusé (et pertinent) qui puisse être fait sur les échecs de la société états-unienne en termes de corruption, de racisme, de misère et de violence dans toutes les strates et toutes les classes du pays. La ville du New Jersey est fictive dans cette fiction mais la dimension allégorique tombe sous le sens sans jamais souffrir de la moindre lourdeur : John Sayles parvient à tisser son film choral avec une dextérité plutôt rare, au moyen d'une toile de personnages rassemblant plusieurs dizaines de personnalités correctement identifiées, tout en brassant un large panel de profils, politiciens, policiers, promoteurs, ouvriers, adultes, enfants, et toutes les communautés du coin, blanches, noires ou italiennes.

L'argument choral tient au lieu autour duquel tous les personnages gravitent de près ou de loin, un vieil immeuble promis à la destruction où certains habitent, où d'autres squattent, et que d'autres trouveront un intérêt à incendier. Il n'y a pas vraiment de tête se démarquant beaucoup plus que les autres, sauf peut-être Vincent Spano dans le rôle du fils hispano d'un politicien véreux qui décide au début du film d'envoyer valser les privilèges professionnels dont il jouissait grâce à ce dernier, et accessoirement un des maillons d'une romance plutôt bien ficelée qui structurera la deuxième partie de City of Hope. Parmi les gueules à moitié connues, on remarque Joe Morton (un magistrat noir idéaliste), Chris Cooper (un personnage très secondaire) et David Strathairn (un sans-abri un peu fou). Tous les protagonistes seront amenés à se croiser, de manière directe ou indirecte, mais souvent les uns dans l'arrière-plan de l'action des autres, au milieu de plans relativement longs.

Tout ça pour quoi ? Une peinture du milieu urbain américain des années 1990 dans toute sa complexité, entre communautarisme et capitalisme débridé, entre sens du commun et égoïsme généralisé, entre sphères politiques gangrenées et contraintes inextricables du quotidien. La tonalité déployée par John Sayles à ce niveau est d'un pessimisme tout à fait assuré, mais jamais lourdingue, jamais programmatique. Les inégalités sont particulièrement saillantes quelle que soit la perspective adoptée, et dans cette jungle hostile la compromission à tous les niveaux de la société apparaît presque comme inévitable pour ne pas finir écrasé par son voisin. Un film-bordel très intéressant, partagé entre ses temps forts et ses temps tristes, qui se tient du début à la fin à sa position d'observateur neutre, désillusionné.

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mercredi 09 juillet 2025

Approach To Anima, de maya ongaku (2023)

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Ballades psychédéliques des forêts japonaises Un album de folk psychédélique japonaise absolument pas dans mes zones de confort mais qui est malgré tout devenu une source de relaxation intense. Je l'ai tellement écouté que l'album s'est peu à peu transformé en un bruit de fond tranquille, avec  […]

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lundi 07 juillet 2025

Le Royaume, de Julien Colonna (2024)

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La violence en héritage Le Royaume sera avant tout pour moi le film de deux acteurs, non-professionnels en l'occurrence : Ghjuvanna Benedetti (étudiante en école d'infirmière) et Saveriu Santucci (agriculteur), dans les rôles respectifs de la fille et du père. J'ai trouvé d'une part leurs  […]

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mercredi 02 juillet 2025

Mirrored, de Battles (2007)

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Battles est un groupe new-yorkais évoluant dans une direction qui ne correspond pas vraiment à mon genre de prédilection ni même à des inclinations cachées, mais je dois reconnaître qu'il y a une dimension ludique dans Mirrored, sans doute propre à l'univers math rock. Un côté expérimental qui  […]

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lundi 30 juin 2025

Ouarzazate Movie, de Ali Essafi (2001)

ouarzazate_movie.jpg, 2025/05/21

L'envers du décor de la figuration L'externalisation et la délocalisation au cinéma, on a beau savoir que ça existe forcément sur le plan théorique (comme pour tout autre secteur industriel), le choc n'en reste pas moins violent lorsqu'on se retrouve nez à nez avec les figurants marocains de grands  […]

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samedi 28 juin 2025

Sujud, de Senyawa (2018)

sujud.jpg, 2025/01/29

Un duo d'avant-folk indonésienne largement indéfinissable, en tous cas les mots me manquent pour décrire une telle expérience. Un album d'ambiance, constitué d'incantations et de percussions essentiellement, une bizarrerie qui explore des territoires souvent angoissants, à forte consonance tribale,  […]

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mercredi 25 juin 2025

Tu sais qui (Trilogie du dark net, tome 1) de Jakub Szamalek (2022)

J'avais plein de bonnes raisons de snober ce polar : un titre qui sonne comme un mauvais thriller, le premier volet d'une "trilogie du dark net" qui sent la transpiration du geek-hacker, un avant-propos prévenant "Ceci n'est pas un roman de science-fiction" (véridique) auquel  […]

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lundi 23 juin 2025

Past Lives – Nos vies d'avant (Past Lives), de Celine Song (2023)

past_lives_nos_vies_davant.jpg, 2025/05/22

"The evil American husband standing in the way of destiny." Past Lives n'est certainement pas le premier film sur le thème des histoires d'amour contrariées, impossibles sous certains aspects, jouant la carte de la mélancolie existentielle avec force. Mais c'est un premier film étonnant  […]

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