jeudi 22 mai 2025

Prince of Broadway, de Sean Baker (2008)

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Fake American Dream

Nouvelle pierre d'un édifice consacré au quotidien de marginaux à mettre au crédit de la filmographie de Sean Baker, qui au fil des films vus ressemble de plus en plus à une sorte de Larry Clark un peu moins destroy et un peu plus adulte. Prince of Broadway est l'une de ses premières réalisations et les thématiques explorées pourraient paraître consensuelles, peu aventurières : sous le vernis d'un vendeur de contrefaçons errant dans les rues de New York, on retrouve un portrait kaléidoscopique de la paternité, de l'immigration, et surtout de la débrouille dans un environnement constellé de sollicitations diverses et souvent contradictoires.

On suit à ce titre les pérégrinations de Lucky, un Ghanéen néo-new-yorkais vendant des marchandises contrefaites en utilisant l'arrière-boutique de son patron et meilleur ami, multipliant les combines pour vivoter dans une zone de simili stabilité — qui se révèle être plutôt l'œil d'un cyclone. Un jour, une ancienne amie débarque et lui balance littéralement dans les bras un enfant en prétendant qu'il s'agit du sien : finies les improvisations quotidiennes, c'est dans la contrainte qu'il va devoir trouver un semblant d'organisation. Avec le gamin dans les bras, une seule question le taraude : pourquoi on ne le remarque plus dans la rue ?

Baker n'est pas du genre à faire la morale, et il n'y aura pas de discours lénifiant sur la paternité naturelle, spontanée, presque transcendante. En réalité, Lucky dans ce film correspond un peu à Halley de The Florida Project, un personnage interprété par un acteur non-professionnel s'illustrant dans une marginalité singulière — et on pourrait trouver des passerelles avec la tentative de normalisation chez Mikey dans Red Rocket ou encore avec les péripéties d'Ani dans Anora. Le plus délicat dans Prince of Broadway, c'est ce style de mise en scène, impossible à éviter (et auquel il faut s'adapter, s'habituer), tout en caméra à l'épaule, plans serrés autour des visages, et caméra tremblante. Un procédé extrêmement désagréable au début, mais qu'on peut finir par oublier dès qu'on s'immerge dans cet environnement réaliste captivant. Il y a bien des longueurs épisodiques, notamment en termes d'oscillations entre attraction et répulsion père / fils, mais le film n'est pas avares en moments surprenants, entre confusion et sidération, en utilisant le potentiel de contraste entre ce père toujours à l'arrache et ce pauvre môme perdu dans un univers inadapté aux enfants.

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lundi 19 mai 2025

...Tick... Tick... Tick... Et la violence explosa ! (...Tick... Tick... Tick...), de Ralph Nelson (1970)

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"I'm the sheriff. Not the white sheriff. Not the black sheriff. Not the soul sheriff. But, the sheriff!" Ralph Nelson est principalement connu pour son western critique Soldat bleu de 1970, dénonçant violemment le massacre historique de Sand Creek, mais finalement ce sera cette série B  […]

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jeudi 15 mai 2025

Grizzly Man, de Werner Herzog (2005)

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La passion, le ridicule, et le grizzly Grizzly Man n'est certainement pas le plus fin des films réalisés par Werner Herzog, avec son portrait de Timothy Treadwell aka un candidat sérieux aux Darwin Awards 2003 qui aimait passer ses vacances d'été en camping au milieu des grizzlis, sur la base de  […]

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mercredi 14 mai 2025

Hold-Up (Plunder Road), de Hubert Cornfield (1957)

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De l'or et de la route Bien qu'il apparaisse dans la période tardive du film noir, Plunder Road (en version originale) ressemble à une sorte de définition matricielle du genre. Tous les ingrédients sont là, dans un format essoré au maximum pour n'en laisser que le strict minimum nécessaire. Il n'y  […]

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mardi 13 mai 2025

Beaucoup trop pour un seul homme (L'immorale), de Pietro Germi (1967)

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lundi 12 mai 2025

Nuée d'oiseaux blancs (千羽鶴, Senbazuru), de Yasuzō Masumura (1969)

nuee_d-oiseaux_blancs.jpg, 2025/04/14

Fantômes de familles Yasuzō Masumura et Ayako Wakao, encore. Il faudra donc ajouter à la longue et passionnante liste de collaborations entre les deux artistes (Confessions d'une épouse, Passion, La Femme de Seisaku, Tatouage, et L'Ange rouge pour les plus réputées et/ou les plus marquantes) ce  […]

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jeudi 08 mai 2025

Les jaloux, de James Lee Burke (2023)

James Lee Burke à l’âge de 86 ans nous raconte avec fougue et ardeur, l’année tumultueuse d’un jeune garçon prénommé Aaron qui tombe amoureux d'une fille d'un quartier riche. On est à Houston, en 1952. Burke ménage des zones d’ombre pour entretenir le suspens dès les premiers chapitres. Je ne vais  […]

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Hill of Freedom (자유의 언덕, Jayuui eondeok), de Hong Sang-Soo (2014)

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Rencontre fragmentée et kaléidoscopique Le milieu des années 2010 est décidément ma période favorite chez Hong Sang-Soo, jusqu'à présent. Il a pris ses distances avec ses débuts à mon goût un peu artificiels, il n'a pas encore sombré dans le stakhanovisme industriel de ces dernières années qui se  […]

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