Jean Epstein à ses débuts, 26 ans à peine, explorait un cinéma beaucoup plus pragmatique et naturaliste dans La Belle Nivernaise (1924) que dans ses œuvres de la fin des années 20 (La Chute de la maison Usher, Finis Terrae), empreintes d'expérimentations formelles et de pulsions expressionnistes. On pourrait reconnaître quelques notes esthétiques annonciatrices de son style à venir, notamment à travers l'utilisation répétée de surimpressions mais aussi dans la mobilité de la caméra plutôt étonnante à cette époque du muet. Mais cette comédie dramatique fluviale reste relativement simple dans son exécution, en comparaison : l'histoire d'un enfant des rues recueilli par le patron d'une péniche, au gré de ses flirts avec la fille de son père adoptif, accommodée de péripéties ayant trait à une rivalité amoureuse et à l'émergence d'une paternité cachée.
L'occasion ceci dit de remarquer que les romances sur l'eau semblent constituer un genre à part entière, en seulement quelques films emblématiques des décennies à venir : 10 ans plus tard, Jean Vigo réalisera L'Atalante (1934), et Sous les ponts de Helmut Käutner arrivera dans la décade suivante (1946) — les propositions pour les années 50 et en suivant sont bienvenues. Assez étrangement, ces trois excursions nautiques partagent les mêmes élans poétiques d'une très grande douceur, même si l'expression de cette poésie diffère sensiblement d'une décennie à l'autre, d'un pays à l'autre.
La romance qui unit l'orphelin temporaire Victor à la fille Clara n'est cependant pas aussi "simple" qu'évoqué plus haut, puisque La Belle Nivernaise se termine sur le mariage de deux personnages que l'on a été amené à considérer comme frère et sœur pendant tout le film... Quelques passages sont aussi très particuliers, envoûtants, comme celui qui a recours à une surimpression pour fondre le visage d'un personnage dans le portrait de Sainte Anne, un tableau de Léonard de Vinci, ou encore la présentation de certains nouveaux univers (l'internat vécu comme un lieu très hostile par Victor, ou le réveil à l'infirmerie avec le visage de la sœur qui s'approche de lui cerné d'une guimpe blanche immense).
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Oui, agréable surprise dans la catégorie "drame" de chez Lumet !
02/12/2024, 18:28
Je prends bonne note du "dé-conseil" ! :) (je ne connaissais pas l'existence de…
02/12/2024, 18:24
un joli film poignant, émouvant du grand Sidney Lumet. Une belle surprise !…
02/12/2024, 18:15
Je prends bonne note. Je déconseillerais également le film d'Atom Egoyan sur…
02/12/2024, 17:01
Merci d'être passé par ici ! On m'a déconseillé la suite (je crois qu'il y en a…
30/11/2024, 18:41
Waow. Encore merci, incroyable. Le deuxième "épisode" vaut le coup aussi?
30/11/2024, 18:09