La gratuité et le manque de finesse de la chose en détourneront beaucoup, mais impossible pour moi de ne pas reconnaître que cette fois-ci, Jean-Christophe Meurisse m'a vraiment beaucoup fait marrer. Je pense qu'à la revoyure, Apnée me gonflerait, et Oranges sanguines m'avait paru un peu raté dans le même exercice de brutal gratuit à consonance politique, mais c'est en toute probabilité totalement subjectif et contextuel. Ici, ce film qui ressemble davantage à une compilation de petites séquences avec pour unique fil rouge une parodie d'enquête s'inspirant vaguement de l'affaire Xavier Dupont de Ligonnès a marché pour moi avant tout au travers de ses nombreux numéros d'acteurs. C'est souvent isolé, certains ne font qu'un petit coucou et puis s'en vont, mais je sais pas, l'ensemble coule tout seul.
Évidemment le fond est rempli de micro-commentaires balancés sur notre époque dans un registre éminemment satirique, mais ça n'a à aucun moment vocation à se faire très intelligent. C'est amer, c'est acide, c'est piquant. Et c'est souvent gratuit. Parmi les personnages gratuits : Anthony Paliotti dans le rôle du profiler qui s'est planté, Jonathan Cohen en médecin légiste discutant de l'impact du fait divers au-dessus d'un cadavre à la cage thoracique ouverte, Aymeric Lompret en flic nul en anglais incapable de dialoguer avec ses collègues danois, et surtout Anne-Lise Heimburger en commissaire particulièrement vénère...
Après le plus gros fil rouge tient à l'enquête menée par deux femmes qui se sentent pousser des ailes et se lancent en amatrices à la poursuite de l'homme recherché, et de la malchance absolue d'un homme qui est pris pour le meurtrier (danseur de country à ses heures perdues). Il y a sans doute un regard railleur sur les autoproclamés justiciers d'internet et sur le tort causé aux personnes présumées coupables qui se révèlent être innocentes. Sur la fascination pour les faits divers sordides, aussi. Il y a pas mal de séquences superflues, l'énucléation, la mise en scène de la tuerie familiale, mais le loufoque de l'ensemble et le malaise qu'il traîne avec le vrai coupable tranquille en Argentine en font un film biscornu, bizarre, et d'un genre mauvais qui m'a plu. Sensation du moment qui ne serait probablement pas reproduite.
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