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Une histoire d'abnégation

Un film à revoir lorsqu'on disposera d'une meilleure copie. Pour l'instant c'est un exercice en soi d'entraîner le regard à passer au-delà des stries noires et autres dégradations diverses de la pellicule... En l'état, on fait du traitement d'image et du dérayage en temps réel.

Un Mizoguchi des premiers temps qui avance sur des sujets bien quadrillés par le reste de ses films plus connus, à savoir la condition d'une jeune femme soumise aux diktats de la société japonaise. Le mélodrame travaille son équilibre et ne se laisse jamais vraiment aller à une quelconque forme de misérabilisme en dépit des nombreux obstacles qui ne manqueront pas d'assommer la protagoniste : issue de contrées pauvres et rurales, jamais vraiment acceptée par sa belle-famille, elle doit lutter pour que son amant daigne l'accepter près de lui lorsqu'il décide d'émigrer à Tokyo alors qu'elle vient de tomber enceinte, et elle devra s'acharner au turbin pour survivre dans ce nouvel environnement.

Chose étonnante, Mizoguchi laisse planer un certain doute au sujet de ses activités professionnelles, comme pour préserver son honneur — à moins que ce soit la qualité de la copie qui empêche d'y voir clair — en ne montrant jamais explicitement un acte de prostitution. Adaptée d'un roman de Léon Tolstoï (Résurrection), cette histoire s'intéresse plutôt aux capacités d'adaptation de cette femme, apparemment incroyables, puisqu'elle parvient malgré tout à conquérir son indépendance dans un monde particulièrement hostile. En marge des personnages proprement maléfiques (un proxénète qui cherche à la mettre au charbon, une nourrice qui confond service et extorsion), quelques figures positives se détachent malgré tout, un compagnon de route qui se bat (au sens propre) pour la protéger, une troupe de théâtre ambulant qui l'accueille en son sein. Autant d'ilots de bienveillance dans l'océan de corruption que représente Tokyo.

L'Impasse de l'amour et de la haine trace le sillon d'une émancipation durement acquise, sans cesse menacée, et suit le parcours d'une femme qui se métamorphosera pour survivre. Rien de follement nouveau de la part de Mizoguchi sur les thèmes de l'abandon et de la survie, il y a même une certaine répétitivité dans la partie médiane du film qui enchaîne des séquences similaires une fois la situation établie dans la capitale, mais le combat de cette protagoniste jouit quand même d'un certain panache.

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