Ce best-of constitué par Connie Willis elle-même rassemble des nouvelles relativement longues auréolées de nombreux prix - Locus, Nebula, Hugo et j'en passe - dont les fins portent souvent leur lot de révélation ou une forme de dénouement. Chaque fin est agrémentée de courtes notes de l'auteure dans lesquelles elle revient sur un contexte d'écriture et des réflexions formant toujours d'intéressantes mises en perspectives des nouvelles choisies.
Les veilleurs du feu fait référence aux défenseurs de la cathédrale Saint-Paul à Londres sous le Blitz. Le narrateur est un voyageur du temps qui fait ses classes. C'est une nouvelle qui cristallise les deux lubies de l'auteure, le Blitz et la science-fiction. C'est un chef-d’œuvre à part entière au milieu d'autres nouvelles qui témoignent d’une grande maîtrise de la forme courte. Cela peut sembler amusant et paradoxal pour une auteure qui n'écrit pas des romans ciselés hormis peut-être Remake (1994) :
- Le Grand livre (1994)
- Sans parler du chien (2000) sous-titré « ou Comment nous retrouvâmes enfin la potiche de l'évêque »
- Passage (2007)
- Black-out (2012)
- All Clear (2013)
Parfois les éléments SF sont secondaires privilégiant un background historique prisé par l'auteure comme à nouveau dans les Vents de Marble Arch. D'autres fois son accointance avec le genre SF est évidente : les extraterrestres avec la nouvelle satirique Tous assis par terre que je place dans mon palmarès des récits de premier contact au côté de la nouvelle Déchiffrer la trame de Jean Claude Dunyach, de la novela L'Histoire de ta vie de Ted Chiang ou encore du court roman Points chauds de Laurent Genefort, tous les quatre dans des registres différents ; les inoxydables récits de fin du monde avec Une lettre des Cleary qui concentre l'espoir d'un enfant ou avec Le Dernier des Winnebagos qui vaut des ennuis à un photo-journaliste lors de son reportage en pleine épizootie.
De l’intrusion dans le fantastique dans ce recueil, la nouvelle Morts sur le Nil est une exception où la mort est abordée sous une forme allégorique et dans une atmosphère empruntée à Agatha Christie. Même en prenant les histoires sous des angles humoristiques, Connie Willis ne ronge jamais les ressorts de ses intrigues. Elle aborde donc des sujets détonants avec un suspens entretenu. Je pense à ce vaudeville SF à Hollywood dans lequel une réceptionniste de l'hôtel Rialto crée un climat d'incertitude et d'indétermination dans un congrès annuel de scientifiques en physique quantique, ou encore à une leçon de zététique dans la nouvelle Infiltration avec son formidable binôme de journalistes qui traque les charlatans et se trouve dans une situation ubuesque où les shows d'une "canalisatrice" montante créent la confusion lorsqu’elle se met à proférer des insultes à son public et à débagouler des propos empruntés à un célèbre sceptique défunt, ou enfin à une dystopie sur le thème des menstruations (!) dans Même sa majesté.
Connie Willis a plusieurs cordes à son arc d’écrivaine, elle s’amuse autant qu’elle bûche ses sujets hétéroclites, elle fait preuve de sérendipité, c'est-à-dire l'art de découvrir ou d'inventer en prêtant attention à ce qui surprend et en imaginant une interprétation pertinente. Elle ficelle d’efficaces intrigues aux personnages fouillés. Elle touche donc les lecteurs de science-fiction qui sont davantage portés sur la prose et l’humain que sur un décorum futuriste avec des vaisseaux, des robots, des technos et d’autres trucs à gogos (même si ce n'est pas toujours antinomique).
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Merci d'être passé par ici ! On m'a déconseillé la suite (je crois qu'il y en a…
30/11/2024, 18:41
Waow. Encore merci, incroyable. Le deuxième "épisode" vaut le coup aussi?
30/11/2024, 18:09