master_gardener.jpg, août 2023
" Gardening is a belief in the future. A belief that things will happen according to plan. That change will come in its due time."

Il y avait Ethan Hawke en pasteur doutant de sa foi dans First Reformed (2017), il y avait Oscar Isaac en tortionnaire devenu joueur de poker dans The Card Counter (2021), et Master Gardener ajoute donc à cette série un nouvel élément, conforme aux thématiques, avec Joel Edgerton dans le rôle d'un ancien tueur facho et nouveau horticulteur pour le compte d'une riche employeuse interprétée par Sigourney Weaver.

S'il est assez clair que Paul Schrader semble commencer à se répéter dans les motifs et les thématiques sur ses derniers films (voire sur l'ensemble de sa filmographie, mais c'est quelque chose qu'on pourrait relier à ses lubies d'auteur), il est tout aussi clair que ce bégaiement sera toujours plus agréable que ce qu'il a pu produire juste avant, avec une série de films incroyablement indigents — les derniers mettaient en scène Nicolas Cage dans des purges comme Dying of the Light, qu'on ne saurait trop conseiller d'éviter.

Encore une fois donc, on brasse des sujets usés jusqu'à la corde comme la faute passée qui maintient une plaie ouverte, la culpabilité pesante, le rachat impossible... Tout ce qui tourne autour de la rédemption délicate et qui a toujours inondé le cinéma, pas uniquement celui des scénarios de Schrader qui laissent clairement apparaître cette obsession. Il y a très peu de place pour l'ambiguïté dans Master Gardener, le bien et le mal évoluent sur des territoires soigneusement délimités, et le tout est empaqueté dans une ambiance dont la constitution est simple et efficace — des analogies entre la vie du protagoniste et la conception d'un jardin, une alternance de séquences de jour et de nuit, des flashbacks épars pour évoquer un passé douloureux de manière très parcellaire (et inutile), et des relations sentimentales vécues comme des contraintes. À ce titre, le rapport entre Weaver et Edgerton aurait pu être grandement étoffé, dans la relation de domination et les rapports de force qui émergent, mais il est largement abandonné au profit de la relation entre le jardinier et une apprentie pour nourrir un autre motif, peu engageant car très évident, l'ancien suprémaciste blanc et la jeune afro-américaine toxico sur les bords et engagée dans une relation toxique dont elle ne parvient à s'extraire. On n'y croit jamais à cette romance, et on finit par ne voir que Schrader récitant ses gammes, perdus dans ses archétypes trop rarement fertiles.

Mais ne serait-ce que parce qu'il est parvenu à se sortir de l'ornière des navets avec Cage des années 2010, il m'est très difficile de ne pas être satisfait (voire même rassuré) par un tel visionnage.

img1.jpg, août 2023 img2.jpg, août 2023 img3.jpg, août 2023