Le début des années 60 sonne l'heure pour Don Siegel de reprendre ce que le cinéma américain à petit budget a pu produire dans les années 50 sur le terrain de la Seconde Guerre mondiale vue de la perspective états-unienne et de le faire légèrement évoluer, dans une direction un peu moins conventionnelle et patriotique. Le cadre précis de Hell is for Heroes, situé en 1944, avec un groupe de GIs dans les Ardennes sur la ligne Siegfried qui se heurte à la résistance d'un blockhaus allemand, évoque par capillarité un chapelet de films du même genre. J'ai vécu l'enfer de Corée (The Steel Helmet, 1951) de Samuel Fuller, Côte 465 (Men in War, 1957) de Anthony Mann, Attack! (1956) de Robert Aldrich figurent parmi ceux-ci, avec grosso modo les mêmes contraintes budgétaires et les mêmes qualités de série B.
On est donc très loin du grand spectacle et des batailles spectaculaires, ainsi que du défilé interminable de célébrités comme dans Le Jour le plus long sorti la même année. Ici c'est manifestement le quotidien d'un groupe de soldats — les officiers sont quasiment absents — qui occupe le cœur des enjeux, d'abord à l'arrière dans une zone d'attente entre deux affectations, puis au front, sur une position qui se révèlera très dangereuse. L'argument principal du film porte sur le comportement de Steve McQueen, barbu et assez réticent aux ordres de la hiérarchie, un ancien commandant déclassé suite à une faute alcoolisée qui se retrouve au rang le plus bas à patauger dans la boue aux côtés de ses camarades (parmi lesquels on reconnaît entre autres James Coburn).
McQueen est à la fois conforme à son image classique de discret et taiseux, avec son magnétisme habituel et sa désinvolture un peu convenue, et en même temps agrémenté d'une composante glaciale de machine à tuer qui n'attend qu'une chose, buter des méchants (nazis en l'occurrence). Don Siegel insiste un peu lourdement sur sa désobéissance, qui lui vaudra des menaces de cour martiale, mais qui sera également à l'origine d'un geste sacrificiel héroïque comme le genre nous en gratifie régulièrement. Malgré tous les défauts inhérents à la modestie du projet, avec les stéréotypes, le balisage de la narration et les oppositions attendues entre humour léger et horreur de guerre, il avance avec une concision et une sobriété souvent appréciables. Quelques séquences rehaussent l'ensemble, comme les trucs trouvés pour faire croire à l'ennemi que le petit groupe est plus conséquent (trafiquer une jeep pour en faire un tank, disposer des casiers à munitions et les remuer pour attirer l'attention des mitrailleuses) ou quelques moments de tension (la traversée d'un champ de mine de nuit).
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