Ça prend aux tripes. On sort de ce reportage de France 3 secoué comme rarement... À côté, le film de fiction qu'en a tiré Arnaud Desplechin dans Roubaix, une lumière est une promenade de santé tant le contenu et la crasse de la réalité avaient en réalité été édulcorés.
Déjà, je n'arrive pas à comprendre comment Mosco Lévi Boucault est parvenu a obtenir les autorisations nécessaires pour s'immiscer au cœur du fonctionnement de ce commissariat, en prise directe avec un pragmatisme que je n'avais littéralement jamais vu à un tel niveau. Ne serait-ce que pour ça, Roubaix, commissariat central, affaires courantes vaut parfaitement le détour. La position de la caméra, l'effet de celui qui filme sur le sujet, le comportement des personnes, n'a pas dû être évident à gérer. Le résultat est en tous cas renversant, et on a bien du mal à penser qu'un tel témoignage sur la pression exercée par les policiers (nécessaire ou excessive, la problématique est posée avec habileté et suscite une gêne toute particulière) sur les différentes parties, suspects comme victimes, ait pu filtrer.
Plongée franche, nette, sèche, dans la misère du Nord à travers quelques affaires traitées par deux commissaires, avec d'un côté ce qui a trait davantage à des urgences et de l'autre une enquête au plus long cours qui occupera l'essentiel de la seconde moitié. D'abord, donc, la réalité sordide des urgences : un différend familial qui vire au règlement de comptes à coups de couteau, une tentative de vol avec violence avec hésitations de la victime et esquisse de l'agresseur, un incendie criminel (qui prendra une place plus conséquente plus tard), une fugue d'une ado qui ne se sent pas bien chez elle, et un viol dans le métro. C'est déjà bien garni en matière de misère humaine, il faut avoir le cœur bien accroché.
Puis, une affaire d'homicide sur une personne âgée. Et là, on pénètre dans l'univers glauque et abominable de la misère à un ordre de grandeur supérieur. L'évolution de l'enquête, les révélations, les aveux, la reconstitution : le fil rouge de l'enquête est noyé dans la pauvreté d'une banlieue et nous avec. La mémé assassinée par ses voisines pour deux bouteilles de javel... Et bien sûr l'occasion de voir le portrait fait de ces deux jeunes femmes tellement paumées, l'une plutôt misérable et l'autre étonnamment belle. Toutes les deux recouvertes d'emmerdes.
C'est triste à pleurer.
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