De The Endless Summer, je retiendrai avant tout les plans à la GoPro 40 ans avant l'invention de la GoPro, la caméra collée à l'avant de la planche, ainsi que l'ambiance terriblement envoûtante du milieu des années 1960, en compagnie de deux jeunes surfeurs californiens qui sillonnent la planète à la recherche des meilleurs spots de surf, dans une sorte d'été permanent, en passant par le Sénégal, le Ghana, l'Afrique du Sud, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, Tahiti et Hawaï. Pendant deux années entières. Sans être surfeur aquatique, cette recherche de la vague parfaite me parle énormément, et la tonalité de roman-photo qu'impose la voix off omniprésente de Bruce Brown (on n'entendra à aucun moment le son de la voix des deux principaux intéressés, et le narrateur pourra en énerver plus d'un), avec ses blagues potaches et ses élucubrations anthropomorphiques, confère à ce témoignage une forme extrêmement mélancolique d'insouciance, à une époque où les tropiques étaient perçus comme des paradis sans commune mesure avec notre perception contemporaine.
Ce documentaire, avec sa verve puissamment candide, pourrait autant envoûter qu'agacer, c'est certain. Si l'on parvient à adhérer à la capsule temporelle, il en ressort un portrait vraiment intéressant, sans aller jusqu'à parler d'une éventuelle consonance sociologique, focalisé sur les deux surfeurs Mike Hynson et Robert August qui incarnent très bien un idéal de la jeunesse américaine (côte ouest) téméraire des années 60. Dans le cas contraire, on se heurtera à la lourdeur des séquences abordant la drague ou les animaux, voire même celle des séquences de surf à proprement parler qui finissent par se répéter (au propre comme au figuré). On l'aura compris, on n'est pas vraiment chez Flaherty, l'ethnographie s'arrête au parfum d'aventure et aux préjugés de la carte-postale, avec notamment quelques remarques racistes (typiquement, "being good Africans, they threw a few rocks") dont je n'ai pas su doser le degré entre premier et second.
Bruce Brown s'amuse beaucoup dans ce qui s'apparente à un carnet de voyage, un film emblématique de la culture surf mais aussi du frémissement de la contre-culture à venir. Le sérieux des documentaires traditionnels jusqu'alors vole en éclats, et le ton se fait éminemment personnel, humoristique (pour le meilleur comme pour le pire), sur fond de musique Surf — pas de Beach Boys toutefois, la bande originale est assurée par The Sandals. Un carnet de voyage avec ses élans lyriques, ses ventres mous, ses digressions. Au-delà des instants bouffons (avant de partir, les surfeurs lisent des ouvrages sur les requins, sur la malaria) et des instants gênants a posteriori (l'homme blanc à la rencontre de l'homme noir), il persiste l'excitation de ces jeunes à la découverte d'un inconnu. Et ces élans mélancoliques impromptus, face au soleil couchant.
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De rien. Mais il va falloir faire un choix ;-) (Ou encore ——->[])
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Ah ! Merci pour le rappel de la ref, j'avais bien aimé cette chronique ! :)
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